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Les Français plus que jamais tentés par les renouvelables

Grégoire Noble
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solaire photovoltaïque en surimposition

Alors que les cours du gaz sont au plus haut et que l’électricité nucléaire se fait rare, les renouvelables prennent tout leur sens pour l’indépendance énergétique française et la sécurité d’approvisionnement des consommateurs. Qualit’EnR, qui qualifie les professionnels de la filière, voit les premiers effets de cette tendance avec un nombre record de demandes depuis le début de 2022. Zoom.

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André Joffre, le président de Qualit’EnR, est satisfait : jamais les demandes de qualification pour les professionnels des renouvelables n’ont été si nombreuses. « 2021 a été une année record. Et nous continuons à enregistrer une hausse des demandes, avec un niveau qui est passé de 600 par semaines à 900 ! », confirme Teddy Puaud, le délégué général de l’organisme. Il poursuit : « Nous sommes passés de 3 500 audits par an à 7 000. La montée en puissance se fait, en corrélation avec les attentes des Français ». Chez Qualit’EnR, 1/3 des qualifications concerne les PAC, 1/3 le chauffage bois et le dernier tiers les autres qualifications, notamment sur le photovoltaïque ou sur la ventilation. Pour faire face à l’augmentation du marché des renouvelables, l’organisme de qualification a ainsi multiplié par deux ses effectifs (aujourd’hui 50 collaborateurs) et s’est restructuré pour industrialiser ses process. Une demande est aujourd’hui instruite en moins de 2 mois. Et chaque qualification reste extrêmement abordable à 138 € HT.

Et c’est un fait, les Français s’inquiètent de plus en plus de leur facture énergétique, qu’il s’agisse de gaz ou d’électricité. Ce qui pousse toujours plus de consommateurs à se tourner vers des sources alternatives, renouvelables et locales, comme le solaire ou la biomasse, afin de produire leur courant électrique ou de chauffer leur logement. « Ils s’y intéressent même si le prix de l’électricité n’a pas encore évolué. Il augmentera de +7 ou +10 % en février 2023 », assure André Joffre. Comme le révèle la 11e édition de l’enquête annuelle OpinionWay sur les EnR, les préoccupations des Français vont effectivement en priorité à leur pouvoir d’achat (62 %) et, dans une moindre mesure, aux questions environnementales (30 %). Ils souhaitent une politique volontariste sur la transition énergétique et la rénovation des logements (77 %) et des simplifications sur les dispositifs d’aide et d’incitation existants (47 %). Les sondés suggèrent également une hausse des montants alloués (39 %) surtout pour les foyers modestes, et réclament plus de pédagogie autour des solutions disponibles (31 %).

16 500 installateurs qualifiés (avril 2022)
32 400 demandes enregistrées en 2021 (+19 %)
+62 % pour QualiPAC
+42 % pour QualiBois

Selon OpinionWay, les Français se montrent convaincus que les renouvelables constituent une solution pertinente pour le chauffage, l’eau chaude sanitaire et l’électricité domestiques, capables de diminuer les factures. La perception de ces énergies demeure excellente avec plus de 80 % d’opinions positives liées au respect de l’environnement et au bien-être chez soi. Il y a même 75 % des répondants qui estiment que les EnR augmentent la valeur d’un bien immobilier et qu’elles sont incontournables en rénovation. Cependant, l’investissement reste perçu comme élevé (87 %), et les consommateurs s’inquiètent de difficultés d’installation (65 %) et s’interrogent sur l’intermittence (60 %).

Mais André Joffre avertit : « Le pire est à venir pour le pouvoir d’achat… Si l’électricité augmente cela grèvera le budget des ménages. C’est un problème majeur que l’État ne pourra pas toujours compenser avec des chèques énergie. Il faut mettre en place un grand plan de déploiement des EnR (PAC, chauffages bois, PV) avec des aides au financement de type crédit-bail via un fonds dédié, sur des durées de prêt de 10-15 ans, inférieures à la durée de vie des équipements. Cela réduira la pression sur les réseaux de gaz et d’électricité ». La France serait en capacité, d'après lui, de pouvoir déployer annuellement l'équivalent de production d'un réacteur EPR, rien qu'en solaire photovoltaïque (soit 5 GW compte tenu de l'intermittence). C'est à dire le double de ce qui a été installé en 2021.

Globalement, les Français soutiennent le développement des renouvelables qu’il s’agisse de solaire thermique (85 %), de pompes à chaleur (83 %) ou de photovoltaïque (80 %). Les filières comme le biogaz (67 %) ou l’éolien offshore (66 %), souffrent d’une image légèrement moins positive. Lorsqu’il s’agit de sauter le pas et de s’équiper, les ménages se montrent de plus en plus intéressés : 37 % envisagent d’adopter une EnR. Et toutes les filières progressent en parallèle, chauffage bois (+15 %), chauffe-eau thermodynamique (+13 %) ou pompe à chaleur (+11 %). Le président de Qualit’EnR conclut : « Nous sommes prêts à accélérer davantage pour qualifier toujours plus de professionnels ». Un point important lorsque l’on sait que les Français sont sensibles à la présentation de labels et qualifications (79 %) de la part des artisans. « Le seul problème sera de trouver des bras et des cerveaux pour alimenter nos filières. Quoi qu’il en soit, il y a urgence à développer les EnR car c’est rentable pour les particuliers et pour l’État. Il y a convergence des intérêts ».
 

Grégoire Noble
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