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« L’exploitation de la data est l’une de nos priorités »

Patrick Schæffer
Directeur général
CMEM/Ligne et Lumière
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Patrick Shæffer

Flambée des prix, passage au digital, télétravail... Rencontre avec Patrick Shæffer 

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Que reste-t-il de la crise Covid pour une centrale telle que la vôtre ?

Patrick Schaeffer : Lors du premier confinement, nous avons connu -15 % sur les achats mais avons terminé l’année 2020 à + 3 %. A la fin du mois de mai dernier, nous étions à + 35 %, mais on ne peut pas comparer les deux exercices… Au final, nous avons des résultats meilleurs comme dans la plupart des groupements ? Nous avons été des privilégiés, il faut le reconnaître.

 

Le télétravail peut-il s’imposer dans la distribution ?

P. S. : Le télétravail était déjà pratiqué dans notre petite équipe d’une douzaine de personnes. Il nous a été facile de basculer sans aucun jour d’arrêt lors du premier confinement. Cependant et de façon plus générale, il est vrai qu’on ne travaillera plus comme par le passé, le télétravail va perdurer selon la demande et les nécessités du service.

 

Comment avez-vous entretenu le lien avec vos adhérents ?

P. S. : Nous sommes restés en contact permanent avec eux, en particulier durant la période des remises de fin d’année et des discussions avec les fournisseurs, le tout en visioconférences. Là aussi, je pense que l’avenir sera un mix entre présentiel et visio : on ne fera probablement plus de déplacements pour discuter deux heures ! Mais il faut maintenir le présentiel, ce n’est pas le même relationnel qu’avec le digital.

 

Précisément, la digitalisation représente un axe important pour votre centrale…

P. S. : En effet, nous allons développer encore plus, avec tous les partenaires, les outils digitaux, avec les points de vente adhérents et leurs clients, avec les fournisseurs. Le clic & collect s’est développé mais cependant, le magasin physique a encore de beaux jours devant lui, le digital étant un complément.

 

Pour certains, il est le principal canal de communication...

P. S. : Tout à fait, les artisans nouvelle génération sont beaucoup plus connectés et il faut donc s’adapter à leurs pratiques. Surtout, la mutation digitale permet d’amplifier les liens entre les groupements et la centrale. Au total, on était prêt, on va aller plus loin, en particulier avec des outils d’analyses.

 

Le retour à la préférence nationale, souhaité au début de la crise sanitaire, est-il finalement une réalité ou un vœu pieux ?

P. S. : Il me semble que le made in France revient en force sur tous les marchés, l’outillage, les bois panneaux, la plupart des matières, etc. Les adhérents demandent de l’afficher clairement, de ne pas dépendre de l’extérieur et de décisions sur la fermeture des frontières. C’est un mouvement de fond, certes, écologique notamment, mais la crise a été un formidable booster aussi, ça nous a fait avancer plus vite !

 

Quelle analyse portez-vous sur la pénurie de matériaux et la flambée des prix ?

P. S. : Ce qui se passe au Canada et aux USA, pour le bois par exemple, mais pas seulement, a déréglé les marchés. Le bricolage des particuliers a provoqué une forte demande : on n’a jamais vu ça. Cette crise internationale, due notamment à la crise sanitaire, a changé les habitudes de vie.

 

Et comment y faire face ?

P. S. : Les questions de pénuries et de quotas se discutent… avec les fournisseurs. Ils doivent tendre vers une répartition intelligente des stocks pour éviter les paniques et les à-coups. Je pense que ça se réglera en 2022. Nous voyons déjà des signes d’améliorations aux Etats-Unis sur les panneaux bois, ça va se réguler. Côté prix, je constate que plus de 50 % des fournisseurs ont fait de la hausse, de la spéculation, du commerce à court terme. Certains ont abusé, rajouté de la marge à la marge de manière excessive ; nous ferons attention à l’avenir.

 

Au total, vous êtes plutôt optimiste ?

P. S. : Nous ne sommes pas alarmistes parce que le réseau est très diversifié et que, contre toute attente, l’année 2020 a été très positive. Nous sommes passés de 7 points de vente en 2014 à 788 actuellement : nous allons donc continuer à investir. En revanche, je souligne que ces deux années ont effacé les indicateurs habituels qui étaient linéaires. Cela nous interroge et rassure effectivement moins, mais nous avons la chance de communiquer entre nous, d’être réactifs et le fait que nos adhérents soient plus ruraux qu’urbains est aussi un atout, les freins sont moins importants que dans les grandes agglomérations.

Quel est votre regard sur la gestion des déchets, la RE 2020, des sujets autant sociétaux qu’économiques ?

P. S. : Nous sommes surtout en attente d’éclaircissements sur tous ces thèmes, par exemple quid du ciment dans la nouvelle réglementation environnementale et technique ? Idem pour la collecte des déchets dans les points de vente. La centrale réfléchit surtout au niveau du référencement des fournisseurs, c’est notre rôle, le reste se passe en aval dans les groupements et les points de vente.

 

Donc laisser aux adhérents ce qui leur revient et vous concentrer sur l’essentiel ?

P. S. : En effet, la CMEM évolue autour de quatre métiers : une centrale de référencement, mais aussi une centrale de services, des services liés à la maîtrise des charges du négoce et du fonctionnement de celui-ci : les télécoms, la logistique, la manutention, les outils de stockage. Notre mission est de faire faire des économies avec des contrats cadres pour les adhérents, pour les aider à s’équiper et à maîtriser leurs coûts.

 

Avec peut-être de nouvelles missions ?

P. S. : La distribution génère de fait des millions de datas vendues aux fournisseurs et aux adhérents pour leurs outils d’analyse et de positionnement sur les marchés. C’est un thème très important pour nous, un thème sur lequel nous portons toute notre attention.

(Recueilli par Christophe Nagyos)

CMEM en chiffres

  • 13 groupements adhérents ; 700 sociétés ; 1 700 points de vente
  • CA : plus de 5 Md€ (achats à plus de 2 Md€)
  • La Centrale compte 12 salariés + 3 alternants
  • Filiale Ligne et lumière, enseigne aux adhérents CMEM : 188 points de vente ; 100 M€ d’achats en menuiserie classique.
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