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Au 21e siècle, le renouveau du bois ?

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Dans la course à la neutralité carbone, la construction bois (ou mixte) s’impose comme la solution privilégiée pour bâtir en minimisant les émissions de CO2, puisque le matériau en stocke naturellement 850 kg/m3. Les Français semblent plébisciter ce mode constructif qu’ils trouvent encore trop rare dans le panorama, alors qu’il a des bénéfices renouvelables, tant écologiques qu’économiques.

Si le 19e siècle a été celui de l’avènement de la construction métallique (merci Gustave !) et le 20e celui de la globalisation du béton (bravo Louis…), le 21e siècle pourrait-il être celui du comeback du bois, ce matériau qui avec la pierre a régné pendant des millénaires ? La prise en compte du stockage carbone par ce matériau dans la prochaine RE2020 semble en être le signe annonciateur, tout comme l’engouement – ou en tout cas l’appétence – annoncé par les Français. Car, selon l’enquête menée par CSA pour la filière bois française, les citoyens sont conscients de l’importante empreinte environnementale de la construction contemporaine et de l’avantage écologique du vivant. Ainsi, les deux-tiers des répondants placent le bois en tête des écomatériaux, loin devant la terre cuite (16 %) et le verre (8 %). Les qualités qui lui sont attribuées sont multiples : naturel (94 %), confortable (91 %), isolant (87 %), esthétique (86 %)…

D’où le sentiment que le bois est trop peu présent dans les constructions actuelles avec seulement 8 à 10 % de part de marché selon les segments. Les Français souhaitent qu’il devienne plus largement employé dans le bâtiment, quel que soit son usage : maison individuelle ou bâtiments publics (90 %), immeubles de bureaux ou habitat social (87 %), logement collectif privé (85 %)… D’autant que pour près de 9 personnes sur 10, cette filière d’amont en aval, avec la sylviculture et les transformateurs, représente un atout économique pour la France… si la ressource nationale est mobilisée (rappelons que la forêt représente 16,8 millions d'hectares, en croissance constante). Car, pour l’heure, force est de constater que le bois d’origine française ne représente qu’une fraction de l’ensemble, avec la moitié du bois utilisé en rénovation, et un tiers environ dans le neuf. Pour l’immense majorité des sondés (entre 92 et 96 %), « une politique de long terme est nécessaire pour des plantations d’arbres, ainsi qu’une politique en faveur des industriels de la transformation pour relocaliser certaines productions ». Ce qui permettra de créer des emplois en France, tout en participant à l’aménagement du territoire (87 %) et en contribuant à l’entretien des forêts et des paysages (83 %).

Une filière mobilisée pour répondre... en 2030

Forts de ces constats, les professionnels ont élaboré le « Plan Ambition Bois Construction 2030 » qui doit renforcer l’usage du bois et des matériaux biosourcés dans les bâtiments en mettant l’accent sur la formation, l’emploi, l’investissement dans la R&D et l’outil de production, la gestion durable de la ressource, la réduction des coûts et la fin de vie. « La neutralité carbone suppose un usage majoritaire du bois dans la construction », résume Frédéric Carteret, le président de l’Union des industriels et constructeurs bois. « C’est le sens de l’Histoire », renchérit Luc Charmasson, son homologue du Comité stratégique de la filière, qu’il annonce comme « mobilisée pour passer à la vitesse supérieure ». Mais c’est la démultipliée qu’il faudra passer pour répondre à la demande, puisque depuis la fin de 2020, le bois d’œuvre français est hyper demandé, notamment pour répondre au marché américain. Les scieries de l’Hexagone tourneraient aujourd’hui au maximum de leurs capacités avec un même un pic attendu à l’été…

Le vœu des Français de voir la construction et la rénovation faire davantage appel au bois risque de se heurter à des réalités économiques. Plus cher et moins disponible que le béton, il risque également de subir diverses attaques sur sa durabilité et son entretien, sa tenue au feu ou sa sensibilité à l’eau, son esthétique changeante au fil du temps… Les répondants à l’enquête CSA sont tout de même 57 % à se déclarer prêts à consacrer un budget plus important pour l’acquisition d’un bien immobilier comportant du bois. Mais combien de plus ? Et quelle part de bois ? La bonne volonté affichée pourrait être du même ordre que celle apportée – de principe – aux énergies renouvelables : la conscience qu’une transition est nécessaire pour se passer de produits polluants, mais la réticence au moment de passer à l’acte, qu’il s’agisse de voir des éoliennes implantées dans sa commune ou… une tour mixte bois-béton de 50 mètres pousser à Bordeaux, où les défenseurs de l’environnement se retrouvent finalement hostiles aux projets. Une chose est sûre : le bois ne laissera pas de marbre.

G.N.

Bois français : Bouygues Bâtiment lance un programme "grandeur nature"

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Par un accord inédit, la Fédération nationale du bois (FNB) et Bouygues Bâtiment France Europe ont annoncé que la filiale du groupe de BTP s’engageait à utiliser 30 % de bois de structure d’origine française dès cette année, avant de porter cette part à 50 % en 2025. Nicolas Douzain-Didier, le délégué général de la FNB, explique : « (…) le bois viendra de France, en circuit direct sans intermédiaires, à coût maîtrisé, ce qui permettra une parfaite traçabilité des matériaux et la garantie d’une gestion forestière durable de très haut niveau. Le bilan carbone sera optimisé avec des gains de 10 à 15 % ». Pour concrétiser cet engagement, Bouygues Bâtiment France Europe a signé un contrat cadre de 2,5 années avec Piveteaubois, qui devient son fournisseur privilégié en lamellé-croisé (CLT). Le contrat porte sur 25 000 m3 de CLT, avec des délais et des conditions logistiques préférentielles, et une utilisation minimale de 80 % de ressource labellisée Bois de France. L’industriel précise avoir « investi massivement (…) dans l’optimisation de la matière première grâce aux rayons X, une scierie très performante ainsi qu’une usine de CLT unique en France » qui lui permet de « répondre dès aujourd’hui aux besoins d’ingénierie bois dans la construction ».

Grégoire Noble
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