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Avec 42 millions de tonnes, le bâtiment est le 1er pourvoyeur de déchets

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Les déchets issus des déconstructions, rénovations et chantiers du neuf, représentent une immense quantité de matériaux à collecter, trier et valoriser. Federec publie des chiffres en hausse en 2018 mais reste troublé à l’évocation de mise en place d’une filière à responsabilité élargie des producteurs (REP).
L’année 2018 a finalement été plutôt bonne pour le monde du recyclage, y compris dans le BTP. Sur 107 millions de tonnes (Mt) collectées en France l’an passé, 41,6 Mt provenaient de ce secteur (+3 %). Dans le détail, 25 Mt étaient issues des démolitions et déconstructions, 11,6 Mt des opérations de réhabilitation et de rénovation et 5 Mt des chantiers de construction neuve. Des quantités énormes où les déchets inertes comme la pierre, le béton, la tuile, la brique ou le verre, prédominent (73 %). Les déchets non dangereux arrivent en second (22 %) en incorporant les isolants, le plâtre et les métaux, tandis que les déchets dangereux représentent la portion la plus faible (5 %) en amalgamant des produits comme l’amiante, les peintures et solvants ou les bois traités. En tout, les activités de traitement de ces déchets représentent un chiffre d’affaires considérable, de 1,83 Mrd € (+3 %), « en vraie progression, avec une hausse des volumes mais aussi une augmentation des prix », note Erwan Le Meur, président de Federec BTP. « Nous espérons que la rénovation prendra le relai de la construction neuve qui est en baisse en 2019 ».

Selon les matériaux, la situation est variable. Pour le verre plat, par exemple, qui est issu du bâtiment, Jacques Rolland, le président de Federec Verre, déclare : « Il s’agit d’un gisement nouveau, d’environ 200 000 tonnes/an ». Sur ce nombre, seules 6 400 tonnes ont effectivement été collectées en 2018, avec un objectif à peine supérieur (10 000 tonnes) pour 2019. Face à cet énorme potentiel de progrès, les professionnels commencent à mailler le territoire d’installations de collecte de verre plat issu des déconstructions. Une soixantaine seraient aujourd’hui en activité en France, référencés sur le site Internet http://recyclageverreplat.com. « Il s’agit d’un exemple d’économie circulaire complète, puisque le verre est 100 % recyclable », ajoute Jacques Rolland. Pour le bois, Lise Lambert (présidente de Federec Palettes & Bois, résume : « L’année 2018 a été une année de déstockage vers le bois matière, à destination de l’industrie des panneaux, et le bois énergie ». La filière, qui représente 6,83 Mt de déchets (+8,3 %) reste toutefois moins lucrative avec un chiffre d’affaires de 186 M€ (+10 %), d’autant que les prix sont restés globalement stables. « Il y a encore trop peu d’exutoires, avec une production de panneaux en baisse et des projets de chaufferies bois qui restent dans les cartons en raison du coup d’arrêt porté à la Contribution Climat Energie », analyse-t-elle.

Une 3e voie pour éviter l'éco-organisme


Jean-Philippe Carpentier, le président de Federec, rappelle l’importance du secteur du recyclage en France : « Ce sont 2 000 établissements qui appartiennent à 1 000 entreprises. Le marché est encore en concentration car il nécessite des industries toujours plus grandes, plus capitalistiques, capables d’investir dans de gros équipements ». Avec un chiffre d’affaires de plus de 9 Mrds € (-0,8 %), marqué par une baisse du cours des matières, les filières ont cependant continué à investir dans leur outil de production. Ce sont 568 M€ qui ont été dépensés (soit 6 % du CA), des montants qui sont même en hausse (+9 %) par rapport à 2017, pourtant année faste. Les industriels ont acheté des machines de collecte ou de tri, ont fait construire des bâtiments et ont informatisé leurs procédés. Federec fait valoir que la valorisation des déchets à un réel impact environnemental et économique pour la France : 21 Mt d’émissions de CO2 ont été évitées en 2018 tout comme la consommation de 113 TWh (soit 10 Mtep). Les cimentiers notamment ont utilisé 274 000 tonnes de combustibles solides de récupération ainsi que de déchets non dangereux, pour alimenter leurs fours. Dès lors, tout ralentissement dans les activités de construction ou de rénovation, se traduisent directement par un besoin moindre en matériaux et donc, en besoin de chaleur. La consommation des cimentiers a de ce fait diminué en 2018 (-6 %), illustrant l’interdépendance de toutes les industries liées à la construction en France. Quant à l’emploi, Federec estime que 29 000 salariés (dont 20 % de femmes) sont actuellement employés dans le milieu du déchet, presque tous en CDI (87 %). Des effectifs en hausse (+1,6 %) qui peinent cependant à faire face aux besoins des entreprises qui font état d’une pénurie de chauffeurs, caristes et agents de maintenance.
Face à la mise en place de filières REP, notamment pour le bâtiment, Jean-Philippe Carpentier répond : « Elle viendrait sur un marché déjà efficace en B2B. Il serait bête de mettre en place un éco-organisme par-dessus, qui serait expert mais pas indépendant, puisque n’impliquant que les metteurs sur le marché, qui seraient à la fois juges et parties ». Federec plaide pour l’adoption d’une autre solution, une 3e voie entre l’existant et la REP, où c’est l’Ademe qui serait chargée de centraliser les données de recyclage afin de prouver que les objectifs sont bien atteints, et remplirait une partie du rôle d’un éco-organisme.

G.N.
Grégoire Noble
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