« Nos clients ont peur qu’on travaille chez eux », Patrick Liébus (Capeb)

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Suite aux annonces gouvernementales de confinement de la population, Patrick Liébus exprime son inquiétude pour l’activité des entreprises du bâtiment. Pour Zepros, il évoque les mesures d’accompagnement, les problèmes potentiels et la préparation de l’après coronavirus.

Patrick Liébus, le président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), est sur le pont depuis les premières annonces présidentielles, pour tenter d’aider toutes les sociétés à passer cette crise sanitaire sans précédent. Il nous raconte : « Ce weekend, les annonces ont été faites au pire moment possible. Car il était problématique de discuter avec les entreprises. Nous avons toutefois obtenu que les négoces de matériaux restent ouverts. Mais tout se fait au compte-goutte, de façon très encadrée ». Mais l’approvisionnement de ces plateformes pourrait s’avérer problématique sur certains produits puisque les usines, italiennes notamment, sont susceptibles d'être à l’arrêt.

Pour le responsable de la confédération, le confinement total, décrété à partir de ce mardi 17 mars à midi, « sera très problématique, pour tout le monde ». Celui qui est également chef d’une entreprise poursuit : « Nos clients ont peur qu’on travaille chez eux ! Les peintres, les plombiers doivent pourtant rentrer chez les gens avec toutes les mesures de protection possibles, pour eux et pour les occupants. C’est un peu compliqué… ». Le président de la Capeb s’interroge également sur les interventions d’urgence, pour réparer des fuites d’eau, de gaz ou des problèmes électriques : « Nous avons une réunion avec les ministres Emmanuelle Wargon, Julien Denormandie et Agnès Pannier-Runacher pour élaborer des fiches d’intervention urgente. Ce seront des documents dématérialisés, remplis par l’entreprise et certifiés sur l’honneur, qui pourront être présentés aux forces de l’ordre lors des contrôles. De la même façon, il peut encore y avoir des tempêtes hivernales comme il y en a déjà eu. Et dans le cas d’intempéries, il faudra que les couvreurs puissent intervenir eux-aussi et donc, justifier leur déplacement ».

Sur les mesures d’accompagnement, Patrick Liébus égrène : « Il faut prévoir toutes les situations par rapport aux reports de charges et aux impôts. Pour les indépendants, cela sera pris en charge. Mais nous devons pouvoir informer nos adhérents sur les mesures à appliquer avec des écrits précis et pas de simples paroles ». Il évoque également les problèmes des congés payés pour les salariés, à solder avant le 1er mai 2020 : « Nous avons fait une proposition aux caisses pour débloquer la 5e semaine de l’année à venir si les entreprises se trouvaient coincées entre les arrêts maladie et le chômage technique, de façon à amortir un peu ». Sur les salaires, la compensation sera assurée à 100 % jusqu’au niveau du SMIC et même au-delà. « Mais il va falloir puiser dans les caisses », avertit le responsable. Se projetant plus loin dans l’année, le président de la confédération souhaite qu’un plan de redémarrage soit déjà mis sur pied, « pour relancer l’activité sans temps de latence. Il faut tout programmer ». « Dans ce malheur, il faut réfléchir à être plus innovants et préparer le futur pour ne pas se retrouver coincés », conclut-il.

G.N.

Grégoire Noble
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