Coup de chaud ou de froid : bilan et perspectives du négoce en chauffage
Coédis a dévoilé le bilan 2022 des ventes du négoce sanitaire-chauffage : un chiffre d'affaires de 6,2 Md€, résultat d'une croissance en valeur plus qu'en volume, sauf sur certains marchés qui ont performé. Détails des marchés du génie climatique, désormais particulièrement hétérogènes...
Pour la première fois placée sous l’égide de Coédis, née du rapprochement entre la Fnas et la FDME, la présentation du bilan 2022 de l’activité du négoce sanitaire-chauffage dévoile des résultats plutôt positifs mais hétérogènes, notamment sous l’effet des impulsions ou des freins actionnés par les pouvoirs publics. Une première également : cette édition propose un panorama des ventes et non plus des achats des grossistes.
Au global en 2022, le CA des négoces en sanitaire-chauffage-plomberie atteint 6,2 Md€, soit une progression de 6,4% comparé à 2021. Toutefois, note Coédis, ce résultat traduit avant tout une croissance en valeur mais une stabilité en volume. La répartition entre segment de produit donne l’avantage au chauffage-génie climatique qui pèse 50% (3,12 Md€), puis le sanitaire pour 29% ( 1,84 Md€), enfin la plomberie représente 21 % avec 1,28 Md€.
Génie climatique, parmi les points marquants
Deux grandes tendances animent le marché du chauffage : d’un côté, une croissance continue sur la thermodynamique (PAC et Clim) et les EnR (Solaire, Biomasse), de l’autre, les familles traditionnelles du chauffage (chaudières et radiateurs) qui continuent à reculer.
Sur les PAC
Dans le détail, Coédis évoque une « dynamique de croissance historique » pour les systèmes Air/Eau (+40% de CA en valeur et +30% en volume) ; une belle progression de la PAC hybride à +30%, adaptée au remplacement des chaudières ; en revanche des résultats plus « modérés » pour les systèmes air/air, Mono/Multisplit, imputée à « l’envolée du coût des énergies dans un contexte général d’inflation ». Quant aux perspectives, la fédération mise sur une poursuite de la croissance, avec pour seul bémol, le manque de mains d’œuvre du côté des installateurs.
Les chaudières en chute
Si les PAC s’envolent, en revanche 2022 aura été une année de rupture pour les chaudières. La réduction des aides financières sur les chaudières gaz murales et sol a entrainé un recul des ventes en moyenne de 22%. Sur les chaudières fioul, la chute se poursuit (-39%) en lien avec l’interdiction des ventes depuis le 1er juillet. Logiquement, les brûleurs suivent cette baisse mais parviennent à atténuer les effets avec -18%. L’avenir des chaudières tient à la capacité de la filière à proposer des énergies vertes. Coédis croit aux chaudières gaz à haute performance grâce à des rendements élevés et à leur compatibilité aux solutions de gaz vert. Et parallèlement, elle explique que « la mise sur le marché du biofioul F30 intégrant 30% d’ester de colza et à terme du F55 pourrait se substituer au fioul 100% fossile et apporter de nouvelles solutions sur le marché du remplacement des équipements n’ayant pas d’autres alternatives locales ».
La biomasse toujours très active
Enfin, c’est une belle année 2022 qu’a connu la biomasse : +41.1 % pour les chaudières bûches et granulés et +16,5% pour les poêles et inserts. Pour Coédis, « ces matériels visent essentiellement la rénovation, les chaudières à chargement automatique de granulés de bois constituant l’essentiel des installations (90 %) ». Les perspectives sur ce marché semblent bonnes, la fédération incitant tout de même à « se montrer vigilant vis-à-vis du prix du granulé afin qu’il reste inférieur à celui du fioul domestique pour apparaitre incitatif. »
Le solaire photovoltaïque au plus haut
C’est sans aucun doute la plus forte progression de l’année 2022, avec un doublement du chiffre d’affaires des négoces à près de 2,5 M€. Le solaire thermique se porte bien également, avec +20 en valeur pour un CA ventes de 6,75 M€. Afin de favoriser le développement du marché, Enerplan auquel est associé Coédis propose quatre pistes d’actions : « simplifier les démarches de tous les foyers ; redonner de la compétitivité aux entreprises, avec une fourniture à prix maîtrisé à long terme ; stabiliser les budgets de fonctionnement des collectivités et faciliter l’autoconsommation collective au sein des territoires ; solariser les logements sociaux et l’habitat des précaires, pour redonner du pouvoir de vivre. »
Des souhaits pour la filière
Plus largement que sur le seul solaire photovoltaïque, Coédis formule plusieurs souhaits pour maintenir une dynamique du marché du génie climatique. Dans un contexte encore inflationniste qui peut freiner les projets des ménages, et d’un coup d’arrêt de la construction neuve, le négoce qui, à travers Coédis travaille avec l’ensemble de l’écosystème doit travailler sur tous les leviers à sa disposition : accompagnement sur les dossiers de demandes d’aides, un outil pour simplifier les petits dossiers CEE dans le cadre du programme Oscar est d'ailleurs, en préparation ; monter en compétence des professionnels ; ou encore discussion avec les pouvoirs publics sur les chaudières gaz pour obtenir une position pragmatique qui tienne compte des systèmes hautes performances et de la recherche sur les bioénergies.