Mais comment conserver dans le temps ces calories pour les utiliser au moment où l’on en a besoin ? « J’ai développé une batterie thermique mobile, sans déperdition, qui permet un stockage de long terme et découple, spatialement et temporellement, la production et l’utilisation ». Sa solution n’est pas un stockage par chaleur sensible, c’est-à-dire en élevant la température de solides (sels fondus) ou de liquides (eau) conservés dans des enceintes isolées. Il ne s’agit pas non plus de matériau à changement de phase. L’inventeur se limite à parler d’une « réaction thermochimique réversible » qui absorbe ou fournit des calories à la demande, suivant la mise en présence d’un réactif. D’où la possibilité de conserver et de transporter la chaleur pour l’utiliser ailleurs, dans un procédé de séchage à basse température ou dans le chauffage de bâtiments.
Interrogé sur la densité de ce stockage, Jean-Emmanuel Faure précise : « Dans une remorque de semi, il est possible de stocker 8 MWh », ce qui est beaucoup plus dense que les stockages par chaleur latente ou sensible. A titre de comparaison, le réseau urbain de Brest s’est doté d’une citerne de stockage de 1.000 m3 d’eau chaude à 90 °C (qui n’est donc pas déplaçable) représentant une capacité de 17 MWh... Le fondateur de Water Horizon, qui planchait à l’origine sur la désalinisation d’eau de mer, estime que l’industrialisation de son procédé se fera prochainement, lui-même assurant les fonctions de bureau d’études et de fabricant, mais délégant l’exploitation des installations à l’opérateur Dalkia. Les aventures de la chaleur perdue ne font que commencer.
G.N.