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La menuisière du village ! Une interview rare de Mariette Copeaux and Co

Denis Gentile
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La menuisière du village ! Une interview rare de Mariette Copeaux and Co

Il y a encore 5 ans, elle n’était qu’une simple bricoleuse qui aimait partager sa passion pour le bois sur YouTube. Aujourd’hui, c’est devenu son métier : menuisière et agenceuse. Et le moins que l’on puisse dire, dans son atelier à La Chapelle-Moulière près de Poitiers, elle envoie du bois. Autrement dit, la menuisière du village est bigrement efficace !

Tokster vous raconte l’histoire d’une reconversion qui doit tout, ou presque, aux réseaux sociaux.

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Artisane grâce aux réseaux sociaux !

Bonjour Mariette, c’est Hugues Lecomte de VIPros qui m’a parlé de toi la première fois lors du salon Batimat. Finalement, presque deux ans plus tard, je suis ravi de faire ton interview. Je vais commencer avec la question que je lui avais posée, et qui fait écho aussi à ton passé et à ta reconversion : « Est-ce que c’était mieux avant ? »

« Pour moi, ce n’était pas du tout mieux avant.  Quand tu as posé cette question à Hugues, je travaillais encore dans un service juridique d'une grande collectivité territoriale. J’étais assise toute la journée à traiter des dossiers juridiques. Je n’étais qu'un rouage dans un grand mécanisme. Ce n’était pas très amusant. Je suis à mon compte depuis un an et demi en tant que "menuisier agenceur et fabricant meuble". Ma vie a complètement changé. »

Sans les réseaux sociaux, est-ce que tu serais devenue la menuisière du village ?

« J'ai commencé en faisant les travaux de rénovation dans notre grande maison grâce à… YouTube

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Mariette Copeaux and Co dans son atelier
Mariette Copeaux and Co dans son atelier

C’est devenu notre tutoriel au quotidien pour savoir comment faire des murs en plâtre, comment faire l’électricité, etc.  Bien sûr, on recoupait les informations avec des documents techniques qu’on trouvait sur le web. J'ai acheté mes premières machines à bois et j’ai publié mes premières vidéos en parlant de mon ressenti et en montrant mon savoir-faire. C’est comme ça que l’aventure YouTube a débuté il y a 5 ans. J’ai attiré l’attention de certaines marques. Grâce à ces collaborations, j'ai pu avoir du matériel de qualité professionnelle avec lequel je fais mes chantiers aujourd’hui.

Je n’aurais jamais pu m’offrir ce matériel. En quittant mon emploi de fonctionnaire, je n’ai bénéficié d’aucune subvention ou aide,  et je ne touchais aucune allocation chômage. C’était donc impossible pour moi investir dans ma nouvelle activité.

Si je n’étais pas passée par les réseaux sociaux, je ne serais jamais devenue artisane pour des raisons purement financières. »

Taka Yaka, Eric le Carreleur et les autres

Quels sont les artisans qui t’ont aidée sur YouTube ?

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Mariette Copeaux and Co et les copains, Eric le Carreleur, Ladies at work, Julien Bonnet, Romain le plombier, Cédric Caudal
Mariette Copeaux and Co, et les copains : Ladies at work, Eric le carreleur, Julien Bonnet, Romain le plombier, Cédric Caudal

« Il y en a beaucoup, je vais en citer deux. Taka Yaka, grâce à ses vidéos, on a été capable de faire du placo, et Éric le Carreleur.  Tiens, j’en profite pour leur dire bonjour. Ensuite, j’ai eu la chance de les rencontrer sur des événements, notamment grâce au programme VIPros de Hugues Lecomte

Alors que le bâtiment a un mal fou à recruter, je m’aperçois dans le même temps qu’il y a beaucoup de personnes qui se reconvertissent dans ce secteur. Je pense notamment à Romain Dondelinger qui était community manager avant de devenir plombier. Qu’est-ce qu’il y a de magique dans le bâtiment ?

« Moi, ce que j’aime avant tout, c’est le côté créatif. Ensuite, c’est d’apporter une solution à ceux qui en ont besoin.

C’est l’histoire d’une dame qui m’appelle en catastrophe pour me dire qu’elle était passée à travers une marche de son escalier ! J’y suis allée immédiatement.

Je me rends chez une autre dame et en montant l’escalier, encore lui, je m’aperçois que la rambarde bougeait dangereusement. Je suis allée dans mon camion, j’ai pris deux vis et j’ai sécurisé son escalier.

Elle est devenue une de mes clientes et j’ai fait de nombreux travaux chez elle comme de belles jardinières et des coffrages électriques.  Quand je retourne chez elle, elle me dit qu’elle pense à moi à chaque fois qu’elle monte cet escalier !

Elle avait du mal à fermer ses fenêtres à l’étage et elle me dit qu’elle allait les changer. Je regarde, je m’aperçois que c’est juste un problème avec la butée. Je prends mon tournevis qui était dans ma poche et c’était réglé. Elle était émerveillée.

Ce sont des trucs simples pour moi, ça paraît absolument ordinaire. Pas besoin de faire un devis pour ce genre de choses et ça leur fait plaisir.  »

Mon père m'a appris à pêcher

Mariette, ton histoire m’intrigue. Il y a deux ans tu étais assise sur une chaise toute la journée, aujourd’hui, c’est toi qui fabriques cette chaise pour tes clients et bien d’autres meubles. Mais, on ne passe pas par miracle du statut de fonctionnaire à celui de menuisière. Tu avais forcément ça dans le sang, non ? (rires)

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Mariette Copeaux and Co
Mariette Copeaux and Co, la menuisière du village en plein travail

« Ma force, c’est de trouver des solutions créatives et techniques à beaucoup de problèmes. Je suis curieuse. J’ai envie de savoir comment les choses fonctionnent. Je tiens ça de mon père. Il ne m’a pas donné des poissons, mais il m’a appris à pêcher. Par exemple, il m’a montré comment changer les roues d’une voiture. »

C’est amusant, car Lucie Amand que tu connais bien, m’a raconté la même anecdote sur la pêche avec son père. Quel était le métier de ton père ?

« J’embrasse Lucie et les Filles du BTP. Elles font un travail formidable. Elles prennent le temps de partager sur les réseaux sociaux des tutoriels très instructifs.

Mon père  était formateur en mécanique. Il enseignait donc à des adultes mettre les mains dans le cambouis. La mécanique, c’est vraiment sa passion. Aujourd’hui, il est à la retraite, mais il a encore une belle collection de mobylettes et il aime redonner vie à de vieux moteurs.

Tiens, j’en profite pour l’embrasser.

À mon tour, j’essaie de faire pareil avec mes enfants. Pas plus tard qu’hier, on a fait un chantier familial. J’ai fabriqué avec mes deux enfants une barrière en bois. Ils étaient les premiers à dire : « maman, on va planter les clous ! » J’ai pris un marteau et je leur ai montré comment faire.

S’ils viennent me voir avec un jouet cassé, je vais le réparer avec eux pour qu’ils apprennent. »

Etre une femme dans la bâtiment, c'est un avantage

On va changer de sujet. Question bateau (Mariette rigole, car elle me voit venir avec mes gros sabots), mais malheureusement nécessaire, est-ce que c’est difficile pour une femme de travailler dans le monde du bâtiment ?

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Mariette Copeaux and Co, une femme dans le bâtiment
Mariette Copeaux and Co, une femme dans le bâtiment

« J’avais effectivement peur qu’être une femme dans le bâtiment soit un frein pour moi. Mais, pas du tout. C’est même le contraire. C’est mon meilleur argument commercial. Je l’affiche clairement avec le nom de mon entreprise "la menuisière du village". Je l’ai choisi délibérément. D’ailleurs, ce sont le plus souvent des femmes qui font appel à mes services. »

D’autres artisanes l’affichent clairement, comme Marie, le couvreur est une gonzesse. On peut lire son histoire dans cet article : Qui a volé l’échelle de mon couvreur est une gonzesse ?

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La menuisière du village
La menuisière du village

«  D’ailleurs, elle a le meilleur nom sur les réseaux sociaux. J’adore ce nom. Je la félicite. C’est important d’affirmer notre personnalité sans aucune crainte.

Ce matin, je discutais avec un paysan de la barrière que j’ai construite avec mes enfants. Il était impressionné et il m’a remerciée. Des cyclistes qui passaient par là s’arrêtent un instant et se tournent vers le paysan pour lui dire : « Quelle belle barrière, vous avez bien travaillé, bravo ! »

Je leur ai bien dit que c’était moi, la menuisière du village, qu’il fallait féliciter.

Mais ce n’est pas grave. Si tu vois un beau tricot, n’importe qui aurait tendance à féliciter la grand-mère plutôt que son petit-fils. C’est notre société qui nous a habitués à certaines choses, on ne doit pas s’en offusquer. Et puis,  ça fait de bonnes anecdotes à raconter. »

L'origine de Copeaux and Co

Sur les réseaux sociaux, on te connaît sous le nom de Copeaux and Co. Quelle est l’origine de ce nom ? Et est-ce que tu as voulu lui donner une connotation écolo ? On ne jette rien, même pas les copeaux de bois ! (rires)

« À l’origine,  je partageais sur ma chaîne YouTube mes petits travaux et mes chantiers personnels. Le déclic a été la réalisation d’une tête de lit avec des tasseaux, un duvet et un tissu d’ameublement. J’ai fait une belle photo et un tuto, en me disant que ça pourrait intéresser quelques personnes en dehors de mon entourage. C’est comme ça que l’idée de Copeaux and Co est née.  J’ai mis "Copeaux" pour le travail du bois et "and Co" pour tout le reste. 

D’ailleurs la vidéo la plus vue sur ma chaîne, c’est celle sur les pierres apparentes de la façade de ma maison, ça n’a rien à voir avec le bois. J’avais envie de travailler aussi le métal, faire des soudures et plein d’autres choses.

Mur en pierres apparentes - Joints à la chaux - Mes conseils après 170m² réalisés [Copeaux&Co]

Tu as raison, on ne doit pas tout jeter sous le prétexte que c’est vieux. J’aime bien recycler les matériaux en les réutilisant pour faire d’autres meubles.

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Les copeaux de Copeaux and Co
Les copeaux de Copeaux and Co

J’ai deux exemples en tête, un dressing et des rangements dans une entrée. Ils ont fait venir des artisans pour tout changer. J’ai vu ça et je leur ai fait une autre proposition. D’abord il s'agissait de remettre d’aplomb et de consolider l’existant, puis de moderniser le tout avec de belles façades faites sur mesure. Le bois, ça coûte cher et on a tout intérêt à réutiliser les matériaux quand c’est possible.

C’est comme ça que j’ai signé mon premier chantier pro. Lors d’une fête du village, une voisine m’a présenté une dame qui n’arrivait pas à trouver quelqu’un pour faire un meuble sur un grand palier. Certains artisans ne se déplaçaient pas, d’autres n’envoyaient pas de devis ou c’était des devis qui ne correspondaient pas à ce qu’elle leur avait demandé. J’ai été la seule à venir au rendez-vous à l’heure, à lui envoyer un devis et lui faire une proposition qui lui convenait !

J’ai pris une assurance et j’ai créé mon entreprise pour faire ce chantier. Ensuite, j’ai passé mon CAP de menuiserie. »

241 vidéos et 47 000 abonnés sur YouTube

Tu as publié 241 vidéos sur YouTube et tu as plus de 47 000 abonnés. Quelle vidéo aimerais-tu mettre en avant aujourd’hui et pourquoi ?

« Je choisis la vidéo de la visite de mon atelier. Je leur montre mon univers, j’ai créé un lieu à mon image. Je dévoile un peu de moi.

 J’ai reçu beaucoup de commentaires suite à sa diffusion. D’ailleurs, j’en profite pour remercier tous ceux qui prennent le temps de commenter, d’interagir et de s’abonner. Vraiment, un immense merci. »

J’aime beaucoup ta réponse, car c’est l’essence même du storytelling de nous prendre par la main pour nous amener sur scène, en l’occurrence, ton atelier, le lieu où tu exerces ta créativité.

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Candidate aux Ze Awards du bâtiment 2024

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Mariette Copeaux and Co, meuble
Un meuble patchwork

Quel est le meuble dont tu es la plus fière ?

« C’est un meuble que j'ai fait pour ma fille l'été dernier. J’avais accumulé pas mal de chutes de panneaux. C’est dans la logique de ce que j’expliquais avant : récupérer et valoriser les matériaux. On a fait un meuble patchwork. »

En t’écoutant, je me dis que tu serais une candidate formidable pour les Ze Awards du bâtiment 2024, est-ce que ça te dit de présenter ta candidature ?

« Pourquoi pas ? Je vais envoyer ma candidature dès la fin de cette interview. »

Interview île déserte

Mais avant Mariette, j’ai envie d'en apprendre encore plus sur toi. Je te propose une petite interview « île déserte ». Car en tant que magicienne du bois, je me dis que tu es la personne idéale pour survivre et passer du bon temps au milieu de la nature.

Vivre sur une île déserte, est-ce que ça correspond à ta personnalité ?

« Oui, car j’ai un tempérament assez solitaire. Non, car il me faut quand même quelques interactions de temps en temps ! »

Quel outil prendrais-tu avec toi ?

« Mon couteau Suisse, je l’ai toujours dans ma poche (elle me le montre). À part le tire-bouchon, j’utilise souvent la lame et le tournevis. »

Tu peux aussi ajouter un livre dans ton sac à dos. Lequel choisirais-tu ?

« Un manuel de survie !  »

Qu’est-ce qui va te manquer ?

« Un bon matelas ! » (rires)

Et comment est-ce que tu occuperais ton temps ?

« Je vais me construire un abri évidemment. Mais avant, je vais cartographier l’île pour savoir où je peux manger, boire et dormir. Enfin, j’irai récupérer de gros galets noirs pour écrire un  S.O.S. sur la plage. » (rires)

Tu envoies une bouteille à la mer. Quel message écris-tu ?

« Polluer les océans, ce n’est pas bien, je le sais,  mais s’il vous plaît,  venez me chercher ! »

Et qui pourrait répondre en premier à tes S.O.S.  ?

« J'aimerais bien que ce soit Yann Petitcopeau et Xavier, le bois d’ARTEGUS. On se fera un petit gueuleton autour d'un feu de bois. 

Yann s’est lancé dans la rénovation totale d’une maison dans la Nièvre et ils sont près de 100 000 à suivre ses aventures sur YouTube.

Xavier est très créatif. Vous pouvez visiter son site pour trouver de beaux objets à offrir. »

Justement, quel cadeau aimerais-tu qu’ils te portent ?

« Un truc utile comme une bonne hache ou de la paracorde  »

Une île déserte est l’endroit idéal pour se déconnecter. Est-ce que tu arriverais à faire le vide dans ton esprit ?

« Je ne crois pas. Je penserai forcément aux chantiers que j’ai laissés derrière moi. Mon planning était plein et j’avais promis à mes clients de m’en occuper à des dates précises. J'aime bien tenir ma parole

Il faudrait que je les prévienne, mais ce n’est pas possible. Même si j’avais mon téléphone, ici il n’y a pas réseau. »

Je ne veux pas t’angoisser plus longtemps. Alors, on va revenir immédiatement dans ton village, à La Chapelle-Moulière.

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Mariette Copeaux and Co back home
Mariette Copeaux and Co back home

« Merci Denis. Tu sais le nom de ce village vient des pierres meulières que l’on trouve juste à côté dans la forêt de Moulières. On s’en sert pour faire les façades des maisons, mais aussi dans les moulins pour moudre les grains de blé. »

Merci Mariette pour ce moment passé ensemble. Du début à la fin, j’avais vraiment l’impression d’être dans ton village. Une dernière chose, vous l’aurez sûrement devinée, elle donne le bonjour à toutes les personnes qui ont pris le temps de lire de cet article.

Vous pouvez suivre Mariette Copeaux and Co sur Youtube, Instagram, TikTok & Facebook

Denis Gentile
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