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La consommation électrique a baissé… mais celle des Français confinés a augmenté

Grégoire Noble
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[Zepros Energie] Avec des usines à l’arrêt, la consommation électrique française a baissé de -15 à -20 % selon EDF et RTE. Mais, confinement oblige, les Français utilisent davantage l’électricité chez eux, pour télétravailler, se divertir et… cuisiner. Ce qui fait craindre une augmentation sensible de la facture associée.

Le coronavirus a tout changé. Y compris le profil de consommation électrique national. Depuis la mi-mars, EDF et le gestionnaire du réseau RTE, ont noté un changement des rythmes et une diminution drastique de la demande de la part de certaines industries électro-intensives, obligeant à réduire la production notamment nucléaire. Elle ne sera ainsi plus que de 300 TWh en 2020 contre 375 à 390 prévus en début d’année. « Le ralentissement de l’économie se traduit par une baisse de la consommation d’électricité pouvant aller jusque 20 % des niveaux habituels (…) Pour contribuer à la sécurisation et l’approvisionnement en électricité pendant l’hiver 2020-2021, la production de plusieurs réacteurs pourrait être suspendue cet été et cet automne, afin d’économiser le combustible de ces unités », précise EDF. Le programme d’arrêt pourrait être mis à profit pour des maintenances, laissant une part toujours plus grande aux renouvelables, dont certaines sont parfaitement pilotables.

Mais la généralisation du « home office » a également un impact sur la consommation individuelle des Français. Selon une enquête Kantar TNS commanditée par Iberdrola, près de sept personnes sur dix anticipent une hausse de leur facture liée au confinement. Un sentiment plus marqué chez les 25-45 ans et celles qui habitent en appartement. Ces répondants utilisent d’avantage leurs ordinateurs et autres appareils électroniques, que ce soit pour leur activité professionnelle ou pour se changer les idées. Autre grande tendance : sans restaurants ni cantines, le temps passé dans la cuisine est bien supérieur. Près de 55 % des sondés sont plus aux fourneaux qu’à l’accoutumée. Les trois-quarts des Français ne s’inquiètent pas outre mesure sur leur capacité à régler leur prochaine facture, ce qui laisse tout de même 25 % de personnes en possible précarité énergétique. Principale raison invoquée : la baisse ou la perte de revenus du ménage, toujours en lien avec la crise sanitaire. Mais les Français s’inquiètent surtout d’une potentielle hausse du prix de l’énergie (80,5 %), voire de possibles coupures intempestives de courant (21,5 %) ou de délais d’intervention rallongés (21 %).

EDF et les autres fournisseurs d’électricité comme Iberdrola ont anticipé ces angoisses. L’électricien national par exemple continuera à livrer ses clients débiteurs, sans pénalités pour retard de paiement, jusqu’en septembre : « Fidèle à ses valeurs de responsabilité et de solidarité, EDF met en œuvre des mesures inédites pour aider tous ses clients dans les circonstances difficiles qu’ils peuvent rencontrer avec la crise sanitaire du Covid-19 ». Les modalités de paiement seront également assouplies. Pour les professionnels, EDF accordera un report de paiement de factures aux clients éligibles au Fonds de Solidarité qui le demanderont. Les PME pourront ainsi demander ce report jusqu’à la fin de l’état d’urgence sanitaire, puis bénéficier d’un échelonnement sur 6 mois à compter du dernier jour du mois suivant la date de fin de cette situation. De son côté, Iberdrola explique : « Nous avons mis en place un plan d’échelonnage pour faciliter le quotidien de clients en leur donnant la possibilité de payer leurs factures d’énergie en plusieurs versements sans frais supplémentaires ».

G.N.

Les fournisseurs d’énergie alternatifs dans la tourmente

Face à la chute de la demande et du prix de gros de l’électricité, les fournisseurs alternatifs comme ekWateur se trouvent aujourd’hui dans une situation compliquée : « Nous subissons aujourd’hui des conséquences extérieures, irrésistibles et imprévisibles de cette crise exceptionnelle. Nous disposons désormais d’un surplus d’électricité qui doit être revendu à un prix inférieur de plus de 60 % ». Pourtant EDF se montre inflexible et refuse d’appliquer la clause de force majeure, qui permettrait de suspendre l’application de l’accord de fourniture d’électricité dans le cadre du dispositif de l’Arenh. Julien Tchernia, le président d’ekWateur, lance « un cri d’alerte pour garantir la pérennité d’un secteur stratégique pour la transition énergétique de nos territoires, la liberté de choix des consommateurs français et l’accessibilité de la transition pour tous ». Il appelle à une discussion avec l’ensemble des parties pour que soit mise en œuvre une clause spécifique à la pandémie de coronavirus.

Grégoire Noble
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