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Les candidats à la présidentielle passent leur oral devant la FFB

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] « Quand le bâtiment va, tout va ! » est probablement la phrase la plus entendue lors du grand oral des candidats (investis ou déclarés) à la campagne présidentielle 2022 devant les représentants de la Fédération française du bâtiment. Le secteur, grand pourvoyeur d’emplois et d’activité, entend peser sur les débats et faire connaître ses attentes par rapport aux programmes des différents partis.

Tous n’ont pas répondu présent à la salle Wagram ce 21 octobre, mais cinq candidats à la prochaine élection présidentielle ont bien fait le déplacement pour venir présenter, devant la FFB, leurs idées sur ce que devrait être la construction et plus particulièrement le logement, en France lors du prochain quinquennat. Se sont ainsi succédé Anne Hidalgo (Parti socialiste), Arnaud Montebourg (L’Engagement), Fabien Roussel (Parti communiste français), Yannick Jadot (Europe Écologie-Les Verts) et Valérie Pécresse (primaire Les Républicains), interrogés sur les mesures qu’ils prendraient s’ils étaient portés au pouvoir en mai 2022.

En préambule, Olivier Salleron, déjà président lui, avait scandé les idées fortes que sa fédération souhaitait voir développées : « Nous sommes aujourd’hui à moins de 6 mois du 1er tour de l’élection présidentielle. Par sa force de frappe économique, par son poids inégalé en nombre d’emplois, par sa capacité d’innovation, le bâtiment entend s’investir pleinement dans les débats (…) La question du logement mérite d’être au cœur de cette présidentielle. Quatre millions de Français sont aujourd’hui mal logés. C’est inacceptable dans un grand pays comme la France. C’est une question de justice, c’est une question de cohésion sociale ». La FFB entend donc que la ou le prochain président(e) fasse du logement une grande cause nationale. Elle souhaite également que la transition écologique soit « assumée » – notamment par rapport aux surcoûts de construction attendus avec l’entrée en vigueur de la RE 2020 l’an prochain – et que l’innovation soit valorisée, avec une relocalisation attendue de la fabrication de certains matériaux et équipements sur le territoire national. Olivier Salleron déplore « une trop grande dépendance de notre continent aux autres, à la Chine ou aux Etats-Unis, qui bride notre potentiel économique ». La fédération espère que la vie des entrepreneurs sera simplifiée avec un principe de… Zéro normalisation nette, sous-entendant qu’à chaque nouvelle contrainte, une autre soit supprimée. Les professionnels attendent par exemple l’expérimentation d’un « permis déclaratif », dispositif allégé pour les zones où existent des opérations d’aménagement. Enfin, la FFB attend que l’emploi soit soutenu, notamment au travers d’une plus grande adéquation entre les formations proposées et les besoins des entreprises. Les acteurs du bâtiment appellent enfin de leurs vœux la limitation de la sous-traitance en cascade, l’intensification de la lutte contre la fraude et la mise en place d’un dispositif de départ anticipé en retraite personnalisé pour certains métiers plus éprouvants physiquement.

Anne Hidalgo (PS)

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Anne Hidalgo, qui a rappelé ses précédents rôles d’inspectrice du travail et de déléguée à la formation professionnelle avant de devenir maire de Paris, s’est positionnée comme une bâtisseuse, notamment de logements sociaux. Elle a notamment déclaré : « Il faut construire plus et de façon décentralisée, avec une politique locale adaptée pour accompagner la demande en logements abordables dans les zones en tension ». En accord avec l’auditoire, elle a expliqué souhaiter « des allègements de normes et miser sur l’investissement public des collectivités locales », estimant que le Plan de relance actuel risquait de passer à côté. La candidate du PS ne souhaite pas arrêter la construction de maisons individuelles mais rappelle l’attention qui doit être portée à l’artificialisation des sols. « Nous avons besoin de maîtrise publique du foncier, d’un pilotage à l’échelle de la région, par les collectivités », explique-t-elle également. Interrogée sur la formation, elle souhaite « généraliser l’alternance post-Bac pour apprendre au contact des professionnels, ce qui est aussi important que la théorie », en arrêtant de hiérarchiser les cursus et en adoptant des pédagogies ouvertes.

Arnaud Montebourg (L'Engagement)

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Autre candidat déclaré à gauche, Arnaud Montebourg, s’est lui aussi prononcé pour une reprise de l’effort budgétaire sur le logement social. L’ancien ministre du Redressement productif prévoit d’utiliser « la commande publique, les aides de l’Etat et des ententes entre entreprises », pour soutenir l’activité des sociétés françaises. Il soutient l’idée d’alliance public-privé – pour l’heure interdite par l’Union européenne – afin de procéder à des investissements ciblés et de relocaliser des productions sur le territoire national, par exemple dans les matériaux de construction biosourcés. Sur les prix du foncier, Arnaud Montebourg déclare : « Il y a un problème sur la rente foncière, qu’il faut décourager, tout en encourageant le travail ». Il prévoit donc de bloquer les prix de vente des terrains et d’aller plus loin en créant une agence d’état chargée d’acquérir des biens dégradés et de les confier à des particuliers s’engageant à les rénover. Le candidat souhaite inverser l’exode rural et repeupler ainsi des petites villes. Mais sa proposition la plus applaudie a été celle de « plan social au sommet de l’Etat » où les technocrates de la haute-administration seraient remplacés par des membres de la société civile.

Fabien Roussel (PCF)

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Pour le Parti communiste, Fabien Roussel explique : « Il doit y avoir un droit de se loger pour toutes et tous, un droit à l’habitat digne de son choix », y compris en maison individuelle neuve. Il s’est notamment déclaré agacé par les donneurs de leçons et par le mépris de classe et de la ruralité affiché par des membres du gouvernement actuel. Fabien Roussel s’est prononcé à la fois pour la construction de logements sociaux en donnant des moyens aux bailleurs, et pour un effort de rénovation « sans précédent » : il promet de mobiliser 10 Mrds € sur cinq ans. Le candidat communiste déclare également soutenir l’idée d’un PTZ élargi et dézoné, afin qu’il soit accessible partout et pour tous, y compris en zone détendue. « Toute la France est en zone tendue ! », s’exclame-t-il, rappelant que 4 millions de Français souffrant de mal-logement sont dans l’attente d’une solution. « Les aides ne sont pas suffisantes pour les travaux de rénovation. Les salaires et les retraites n’augmentent pas. Il faut donc augmenter les aides pour lancer les chantiers ». Interpellé sur le rôle des plateformes numériques, il répond : « L’ubérisation est une concurrence déloyale, gérée par des actionnaires étrangers. Elle pénalise les entreprises et pénalise l’Etat ». Il préconise donc plus de contrôles, un meilleur encadrement du statu d’auto-entrepreneur avec une limitation dans le temps de 2 ou 3 ans, et une responsabilisation des majors du bâtiment sur la sous-traitance en cascade « qui incite au travail illégal ». Fabien Roussel propose de réformer les règles des appels d’offres pour que des entreprises locales de plus petite taille puissent y répondre, et développer ainsi des circuits courts « pour que l’argent public bénéficie à des entreprises françaises ». Lui aussi dans l’idée de souveraineté nationale entend relocaliser des filières de matériaux de construction « pour éviter le phénomène de pénurie qu’on connaît aujourd’hui ».

Yannick Jadot (EELV)

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Candidat désigné d’Europe Écologie-Les Verts, Yannick Jadot a joué la surenchère en proposant pas moins de 10 Mrds € par an pour la rénovation énergétique des logements. Il déclare : « Le logement est au cœur de la grande transformation actuelle, avec la crise énergétique, la rénovation, les aspirations de nos concitoyens sur leur habitat… ». Conscient de l’exigence de résultat des opérations de réhabilitation thermique, il poursuit : « Elles ne sont pas assez performantes, il y a pourtant un besoin très social de lutte contre la précarité et de prise en charge globale de passoires thermiques ». Pour y répondre, le candidat écologiste souhaite la mise en place tant attendue d’un véritable service public de la rénovation qui dirigerait les particuliers vers les professionnels locaux. Sur la construction neuve, Yannick Jadot veut mettre en place une logique de densification des espaces, en « remettant des gens dans les centres-villes et pas que dans les métropoles », tout en soutenant la production de logements sociaux à hauteur de 150 000 unités par an. Pour les matériaux de construction, il souhaite que l’Union européenne mette en place un embargo sur les exportations notamment de bois à destination de la Chine ou des Etats-Unis, y voyant lui aussi un enjeu de souveraineté. Identifiant l’absence de « politique industrielle commune » de l’UE (à l’instar de sa politique agricole), Yannick Jadot entrevoit la possibilité de développer les éco-matériaux alternatifs au béton, comme une intéressante piste pour l’Europe.

Valérie Pécresse (LR)

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Dernière à s’exprimer, Valérie Pécresse actuelle présidente de la région Île-de-France, entend, elle aussi, « construire plus, construire mieux et surtout construire plus vite », de quoi ravir l’auditoire. L’élue trouve qu’il faut trop de temps pour obtenir des autorisations, permis et purger les recours des dossiers. Elle propose donc de « lutter contre l’enfer bureaucratique » en divisant par deux les codes de l’urbanisme et de la construction, en dématérialisant les procédures, et en travaillant sur une « enquête unique » regroupant les différentes demandes en une seule. Contre les recours abusifs, la (peut-être) candidate LR demande de rendre abordable les mécanismes assuranciels. Concernant l’accession à la propriété, qu’elle juge légitime à tous les âges de la vie et quel que soit l’état de santé, elle souhaite que le Prêt à taux zéro soit central et attractif. Mais elle veut également que la politique des aides et des formations soit régionalisée afin de mieux coller aux territoires. Sur sa politique de la ville, elle explique : « Il faut détruire les ghettos urbains dans les 10 ans et limiter la part de logements sociaux à 30 % pour avoir un équilibre résidentiel ». Valérie Pécresse prévoit de travailler sur un droit au logement prioritaire des travailleurs de première ligne dans l’incapacité de faire du télétravail (soignants, forces de l’ordre, voirie…). « Il faut rénover les cœurs de ville et densifier les cœurs de villages », précise-t-elle, proposant également de fusionner le Livret A et le Livret Développement durable pour améliorer la transition énergétique et disposer de moyens supplémentaires pour les rénovations. La candidate souhaite que des clauses de RSE soient introduites dans les appels d’offres afin que la commande publique puisse être confiée à des entreprises locales. Enfin, sur la fin de carrière, elle soutient l’idée d’un statut spécial pour transmettre les savoirs à partir de 50 ou 55 ans dans les métiers les plus exigeants physiquement.

G.N.

Grégoire Noble
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