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Quels seront les produits phare de demain en rénovation ?

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Isolants sous-vide, vitrages chauffants ou photovoltaïques, enduits aux aérogels... L’avenir de la rénovation énergétique des bâtiments est plein de produits miracles. L’Ademe a identifié les grandes tendances de l’isolation et des menuiseries dans sa dernière étude. Tour d’horizon de ces solutions émergentes.
L’enjeu des économies d’énergie se trouve dans la rénovation et non dans la construction neuve, où les performances sont déjà au rendez-vous. Tout reste à faire sur le parc existant, afin de le rendre beaucoup plus sobre. L’Agence de la maîtrise de l’énergie (Ademe) qui s’est lancée dans une étude prospective sur la réhabilitation des logements, s’est notamment intéressée aux grandes tendances des innovations du secteur. Elle a identifié plusieurs axes majeurs dont la recherche de performances thermiques toujours plus élevées, celle du confort d’été, l’amélioration de la qualité de l’air intérieur ou la réduction de l’empreinte environnementale. Cette dernière s’obtient soit en utilisant des matériaux biosourcés, soit en accroissant la part de recyclage. L’industrialisation de la rénovation est un autre grand axe, tout comme l’intégration de systèmes énergétiques.

Les matériaux de l’espace descendent sur Terre

Les isolants sous vide par exemple, qui présentent des performances de premier ordre, pourraient prendre une importance dans les chantiers d’isolation par l’intérieur (ITI) pour les biens immobiliers où l’isolation par l’extérieur (ITE) est impossible ou trop complexe et où la perte de surface habitable doit être minimale. Ces produits, encore chers, sont aujourd’hui disponibles chez Actis, Isover ou Siniat. Mais ils restent encore confidentiels en raison d’un déficit d’image chez les applicateurs et prescripteurs. Encore plus avant-gardistes, les aérogels de silice sont également prometteurs, puisqu’ils pourraient être intégrés à différents produits de la construction (peintures, enduits, poudres de remplissage des espaces vides...). L’Ademe évoque les projets Homeskin, Aerocoins, Hipin, Wall-ace, Foam-Build... L’entreprise française Enersens par exemple est impliquée dans plusieurs d’entre eux pour parvenir à mettre au point des panneaux et matelas d’isolation et des granulés translucides qui pourraient être insérés dans des vitrages. De son côté, Fixit propose un enduit qui intègre ces aérogels, tout comme Parex qui travaille également sur un mortier composite.
Le biosourcé aura la cote et le monde du bâtiment se tournera vers les végétaux (paille de riz, tige de tournesol, mycélium) pour obtenir des isolants écoresponsables. L’Ademe note que Soprema et le FCBA participent au projet Wotim qui vise à développer un panneau à base de cellulose issue de bois ainsi qu’une mousse pulvérisable sur site, tandis que Les Mines Paritech et le Cemef collaborent à Aerowood, reposant également sur un aérogel issu de composants du bois. Le recyclage permettra aux isolants traditionnels de perdurer tout en réduisant leur impact environnemental. Ils incorporeront davantage de matières premières recyclées (textile comme Le Relais Metisse, ou bouteilles en PET comme la société PEG). D’autres industriels se penchent sur la baisse de la conductivité thermique, comme ceux qui participent au projet Foam Build, qui vise à mettre au point un nouveau type de polystyrène expansé dont les cellules seraient de taille nanométrique. Quant au projet Adaptiwall, il doit permettre de rénover les bâtiments au moyen d’un béton léger à nano-additifs, doté de « capacités structurelles (et) d’un nouveau polymère à résistance thermique variable ».

Les matériaux à changement de phase auront également un rôle à jouer dans le confort thermique d’été. Le projet E2vent s’intéresse aux barres HLM pour les équiper de dispositifs de stockage de chaleur couplés à la ventilation double-flux. Des nano-mousses pourraient ainsi capter et conserver des calories grâce à des sels hydratés. Côté qualité de l’air intérieur, certains scientifiques pensent à la photocatalyse des polluants, tandis que d’autres travaillent à des formulations de bétons exotiques, renforcés de textile, moussés, autoclavés ou cellulaires à ultra-hautes performances. Chez Syrthéa, ce sont les relevés 3D de l’existant puis le process logistique, qui permettront d’industrialiser des panneaux intégrant l’isolation, le parement et les menuiseries.

La question de la lumière naturelle et des apports solaires

Sur les ouvertures justement, la tendance va à l’allègement des cadres (voire même à leur suppression) et au développement des composites intégrant des aspects d’isolation acoustique et thermique. La filière mettra en place un circuit de récupération pour mieux recycler les produits en fin de vie, à l’image de ce que font Millet et Deceuninck pour le PVC. Pour les vitrages, la R&D cherche à contrôler la transmission lumineuse au moyen de mécanismes électrochromes d’opacification ou à capter l’énergie solaire grâce à des capteurs translucides comme la fenêtre Horizon de Vinci. Pour Riou Glass, la fenêtre se fait chauffante par le biais d’une couche conductrice, ce qui évite la sensation de paroi froide. La basse émissivité réfléchissant les infrarouges et limitant les déperditions de chaleur vers l’extérieur (ou l’entrée de l’air caniculaire) se fera au moyen d’une micro-couche de métaux nobles pulvérisés sous vide. Tandis que chez Pilkington, c’est le vide qu’on trouvera entre les deux vitrages, induisant l’usage de renforts translucides qui évitent que les éléments ne se déforment sous la pression atmosphérique.

Enfin, dans le domaine des protections solaires, l’amélioration de la performance thermique sera au cœur des innovations. Les lames de volets roulants intégreront des isolants et des revêtements basse émissivité, tout comme leurs coffres. L’autonomie des systèmes motorisés sera assurée par des capteurs solaires, y compris sur les stores eux-mêmes comme avec la technologie Armor Asca de panneaux photovoltaïques organiques souples. Cette indépendance énergétique permettra d’automatiser la gestion des fermetures, accroissant là encore les performances thermiques de l’habitation en l’absence de ses propriétaires. L’Ademe évoque l’apparition de nouveaux matériaux comme le bois tissé afin de répondre au besoin de qualité environnementale.

G.N.
Grégoire Noble
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