RE2020 : de l'électricité dans l'air

Marie Laure Barriera
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Ce qui était pressenti depuis plusieurs moins vient d'être confirmé par les ministères de la Transition Écologique et celui de la Ville et du Logement : la RE2020, c'est à dire la prochaine réglementation environnementale qui encadrera la construction des Bâtiments et entrera en application en 2021, devrait favoriser l'électricité.
En effet, dès son premier chapitre, le communiqué du ministère explique comment il entend réduire l'impact sur le climat des émissions des bâtiments : d'une part grâce à des modes constructifs peu émetteurs de gaz à effet de serre, mais surtout par le recours à des "sources d'énergies décarbonées", notamment la chaleur renouvelable. Et c'est bien ce point qui fait renaître les débats.
Nouveau calcul du facteur CO2 En dévoilant le lancement de la prochaine phase de travaux, celle d'effectuer une série de simulations pour choisir les indicateurs et les nouveaux niveaux de performance à atteindre, le ministère précise qu'il va être davantage tenu compte des émissions de CO2 pendant la vie du Bâtiment. Conséquence directe : le facteur d'émission de l'électricité voit sa valeur actualisée à 79g/kWh "afin d'être plus conforme à la réalité constatée" et le facteur de conversion entre énergie primaire et énergie finale est établi à 2,3 pour "prendre en compte l'évolution prévisionnelle du mix électrique au cours des 50 prochaines années". Pour Bernard Aulagne, président de Coenove, partir sur 50 ans de durée de vie et « prendre cette hypothèse et une valeur du PEF à 2,3 sous-tend au final un faible développement dans les années à venir des énergies renouvelables électriques dont le PEF est de 1". Le représentant de la filière gaz estime qu'il s'agit d'assurer " sans le dire clairement, le maintien d'un parc nucléaire plus conséquent que ce qui est officiellement annoncé à date, en lien avec, l'hypothèse de travail du développement de 6 EPR demandés à EDF ».
Bbio et confort d'étéAu-delà de ce débat entre énergie, la RE2020 prendra en compte de nouveaux critères ou viendra en renforcer d'autres. Elle insistera notamment, précise le ministère sur la performance d'isolation à travers l'indicateur Bbio (besoin bioclimatique), fait son grand retour sur le devant de la scène. Pour rappel, cet indicateur présent dans la RT2012 repose sur trois grandes propriétés du bâtiment : l'isolation en elle-même et la conductivité thermique de toutes les parois déperditives (plancher bas, murs donnant sur l’extérieur ou des locaux non chauffés, plancher haut, baies et portes) ainsi que la valeur des ponts thermiques linéiques sont prises en compte ; la perméabilité à l’air du bâtiment via le système de ventilation installé (imposé pour assurer le débit d’hygiène) et également par les fuites d’air ; enfin, les apports solaires qui permettent de capter l’énergie du soleil par les baies et l’éclairement naturel. Dans la RT2012 les moyens et solutions pour remplir cette condition Bbio ne sont pas fléchés, seul le résultat final compte, la faible performance d'un équipement, pouvant être compensé par celle plus forte d'un autre. Alors de quelle façon ce Bbio sera-t-il renforcé ? Aucune information précise n'est avancée pour le moment. Même absence concernant la troisième grande orientation, celle concernant le confort d'été. Seule précision : la réglementation doit accompagner les changements climatiques et la recrudescence prévue des périodes de canicules. S'il reste donc encore plusieurs inconnus, trois informations sont à retenir de cette communication gouvernementale : après la série de simulations viendra au printemps le temps de l'analyse, puis à l'automne, celui de la publication des textes ; la RE2020 entrera en vigueur au 1er janvier 2021 et elle signera donc le retour de l'électricité pour le chauffage.
Marie Laure Barriera
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