Report en 2022 et nouveaux calculs : 6 syndicats appellent à modifier le projet RE2020

Marie Laure Barriera
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Dévoilée avant Noël, les pistes retenues pour établir la RE2020 continue à déchaîner les réactions. En ce début d’année, elles ont pris la forme de différents courriers adressés aux ministres Barbara Pompili et Emmanuelle Wargon : acteurs de la filière Gaz, branche chauffage électrique du Gifam, et le 12 janvier une lettre commune à 6 organisations représentantes des entreprises du Bâtiment et des acteurs du logement. Objectif de ce courrier : obtenir un report du calendrier d’application des textes et surtout de nouveaux seuils et modes de calcul.

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C’est peu de dire que sur l’analyse des textes de la RE2020, les avis divergent entre le gouvernement et une grande part des acteurs de la construction. Seul point d’accord : l’objectif de réduction des consommations énergétiques et des émissions carbone. Mais sur le "quand" et le "comment", le fossé se creuse. L'USH, la FPI, le Pôle Habitat FFB, la FFB, la Fédération SCOP BTP, la CAPEB, l’UNSFA et l’UNTEC, dans un courrier commun adressée au ministère le 12 janvier expliquent leurs inquiétudes et avancent les pistes de modifications, à leurs yeux nécessaires.

Et de dénoncer tout d'abord « des arbitrages techniques » qui traduisent une approche « trop technocratique d’une partie des mesures proposées ». Quelles seraient selon les organisations professionnelles les conséquences de l’application de ces textes en l’état ? Un surcoût des constructions, actuellement très sous-évaluée par le ministère, et de lourds impacts pour les filières constructives. « L’étude d’impact financier réalisée par l’administration (étude en coût global intégrant les économies réalisées par la non-production de tonne de CO2) montre ainsi l’absence d’équilibre à 50 ans, malgré une valorisation de la tonne de CO2 très éloignée de la valeur communément admise », soutient le courrier. Mais c’est surtout sur la nouvelle méthode de l’ACV (Analyse du cycle de vie) dite “dynamique que se concentre largement les critiques. Une méthode « en rupture avec les travaux d’E+C-» et qui « reste expérimentale et n’est conforme ni aux normes européennes, ni aux normes internationales de mesure des émissions de gaz à effet de serre des matériaux. »

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Des griefs et des propositions

Face à cette vision « théorique » du ministère, les professionnels opposent leur approche tirée de leurs expériences, de la réalité du terrain, et formulent pas moins de quinze ajustements « essentiels ». Le premier : un calendrier reporté à 12 mois après publication des textes pour le résidentiel soit potentiellement le 31 mars 2022. Une progressivité qui permettrait d’une part d’assurer la compétitivité des solutions disponibles, la « soutenabilité économique », et la liberté de choix des solutions et de l’architecture. Autant d’objectifs qui ne pourront être atteints sans changement de calendrier mais aussi sans une modification des seuils de besoins bioclimatique, d’énergie, de carbone et de confort d’été, voir même d’un changement de méthode de calcul pour revenir à l’ACV statique, afin de garantir un équilibre entre bois/biosourcés et les autres matériaux.

« Cette future réglementation ne peut se construire dans une logique d’opposition, mais doit clairement favoriser le développement d’un maximum de solutions mixtes, en saine concurrence, portées par l’émulation et l’intelligence des acteurs. Nul n’est besoin d’opposer des filières, des modes constructifs, des vecteurs énergétiques, il convient de permettre à tous de répondre aux objectifs poursuivis, à trouver leur place optimale, dans la diversité et l’ingéniosité. », clament les syndicats.
Pour l’heure, ces modifications, présentées à l’administration ont parallèlement été portées auprès du Conseil supérieur de la Construction et de l’Efficacité Energétique (CSCEE). Celui-ci doit se prononcer la semaine prochaine sur le projet de texte réglementaire (lire notre interview de Christophe Caresche, président du CSCEE ).

Alors quels seront les arbitrages ? En tous cas, préviennent ces acteurs du Bâtiment, seuls ces ajustements « garantiront toutes les chances de réussite et d’acceptation de la nouvelle règlementation proposée ».
(M-L.B)

Marie Laure Barriera
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