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Séisme du Teil : les experts refusent d’écarter l’hypothèse industrielle

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] A la recherche des origines du tremblement de terre meurtrier survenu en Ardèche le 11 novembre 2019, le CNRS a constitué un comité d’experts qui ont publié leurs premières conclusions à la fin du mois de décembre. Et les spécialistes ne tranchent pas entre causes naturelles et causes industrielles...
Le 11 novembre 2019, aux environs du Teil, se produisait un séisme de magnitude 5, se manifestant en surface par une rupture de faille sur environ 4 km de long avec des décalages pouvant atteindre 30 cm. La secousse, vivement ressentie en surface, avait fait de gros dégâts dans la région de Montélimar et présentait des caractéristiques atypiques, notamment une très faible profondeur associée à cette relativement forte intensité. Un expert du BRGM avait répondu aux questions de Zepros sur l’origine potentielle de cette activité tellurique, dans une zone où se trouve la carrière historique de Lafarge.
Le groupe de travail réuni par le CNRS et d’autres organismes et universités partenaires s’est penché pendant un mois sur l’événement avant de rendre un rapport d’évaluation qui rassemble les éléments accréditant deux hypothèses différentes : celle d’une cause naturelle et celle d’une cause industrielle (et donc humaine). Dans la première catégorie, les experts (géophysiciens, sismologues, géologues, modélisateurs) notent : « Certaines données indiquent un démarrage du séisme loin de la zone d’influence de la carrière. Le sens de mouvement de la faille est compatible avec la déformation naturelle de la région (...) Le fait que le séisme soit très superficiel n’est pas exceptionnel dans la région, où un essaim de micro-séismes très superficiels a déjà été documenté en 2002-2003. Les forces relâchées sont bien plus grandes que celles induites par la carrière. La zone principale du mouvement sur la faille est en dehors de la zone d’influence de la carrière ». Toutefois, ils soulignent également que la sismicité dans un rayon de 30 km du Teil est normalement faible à modérée, présentant des événements destructeurs dans les derniers siècles, sans plus de précision.

Les tirs de carrière en cause ?

Concernant l’hypothèse d’une cause industrielle, liée aux activités humaines d’extraction de roche, les spécialistes déclarent : « Certaines données placent le point de démarrage du séisme très proche, voire 1 km au-dessous de la carrière du Teil. La faille s’est activée essentiellement à moins de 1 000 mètres de profondeur, alors que le plus souvent les séismes naturels se produisent à plusieurs kilomètres de profondeur. L’extraction de roche de la carrière du Teil déforme la croûte et produit des forces dont les caractéristiques sont favorables à l’activation de la faille de La Rouvière, située à environ 1 km plus bas. Au vu de ces éléments, l’hypothèse que l’activité de la carrière (extraction de roches) ait contribué à déclencher le séisme ne peut pas être écartée ». Ils concluent : « Ce sont certainement des forces naturelles qui ont déterminé [la] magnitude et [l’]impact. Les effets des tirs de carrière et des infiltrations souterraines d’eau semblent peu probables au regard d’analyses préliminaires mais restent à quantifier par des recherches plus approfondies ». Le comité se dit incapable d’évaluer la probabilité d’une nouvelle secousse et remarque un autre caractère singulier de l’événement du 11 novembre : « (...) le séisme du Teil a pour le moment déclenché beaucoup moins d’activité sismique (répliques) qu’attendu ». Une énième bizarrerie de ce tremblement de terre...

G.N.
Grégoire Noble
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