Prioriser l'isolation : le FILMM monte au front

Marc Wast
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Filmm Elisabeth Bardet

Le syndicat souhaite intensifier sa communication, en faveur de l'isolation mais aussi prêcher davantage la bonne parole au nom des isolants minéraux de verre et de roche et contrer ce qu'il estime parfois être un  “favoritisme” envers les produits biosourcés dans le bâtiment.

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Avec la récente arrivée d'Élisabeth Bardet à la présidence du Filmm*, le syndicat souhaite dépasser la notion d’union de fabricants et intensifier sa communication afin de prêcher davantage la bonne parole au nom des isolants minéraux de verre et de roche. Car c’est un constat partagé par les industriels du secteur, le “refléchage” des aides financières vers la pompe à chaleur au détriment de l’isolation n’est pas sans conséquences. « Trois données chiffrées le démontrent de façon incontestable, explique Élisabeth Bardet : au titre des CEE, l’arrêt du « coup de pouce isolation » a occasionné une baisse des volumes de ventes de 83 % chez les industriels. Il a également été à l’origine de 13 000 pertes d’emplois. Au global, depuis 2020, la baisse des aides à l’isolation octroyées aux ménages se chiffre à -56 %. De quoi sonner l’alarme alors que le gouvernement souhaite que 700 000 logements soient rénovés cette année ».

Biosourcé : sortir d'une position dogmatique

Enfonçons une nouvelle fois les portes ouvertes, une rénovation énergétique performante doit respecter un cheminement logique de travaux pour être à la hauteur des objectifs fixés par nos instances dirigeantes, après un diagnostic réalisé sérieusement. « D’abord, isoler le bâti (toiture, murs et sols), puis les menuiseries. Ensuite, ventiler un logement maintenant très étanche. Enfin, choisir les équipements techniques les plus adaptés pour produire le chauffage et l’eau chaude sanitaire en réduisant au maximum la consommation d’énergie, décrit la présidente du Filmm. Plus que jamais, les enjeux de la décarbonation nous obligent à replacer l’isolation au cœur de la décision de rénovation des bâtiments et d’intensifier la réalisation de bouquets de travaux sachant qu’en 2022, moins de 10 % des chantiers concernaient des rénovations globales. Pour cela, tous les acteurs de la filière ont besoin de plus de stabilité dans les aides financières, plus de lisibilité et de simplicité dans les procédures administratives ». (voir les propositions du Syndicat dans l'encadré en fin d'article)

Autre sujet de tension au sein de fédération, un engouement parfois injustifié envers les matériaux biosourcés. « La structure du bâtiment représente 75 % du poids carbone ; l’isolation environ 2 %. Le tout biosourcé n’est pas la panacée, martèle Élisabeth Bardet. Chaque matériau, de par ses qualités intrinsèques, a sa place au sein d’un bâtiment. Nous nous étonnons que les représentants de l’État fassent une promotion parfois appuyée des biosourcés et de leur présence dans le guide de la commande publique. Rappelons que les produits isolants minéraux sont issus de composants très majoritairement voire totalement naturels et sont, le plus souvent, plus performants que leurs homologues biosourcés sur bien des aspects. Nous sommes persuadés que les discussions actuelles et à venir porteront leurs fruits et qu’un rééquilibrage en faveur des isolants dits “traditionnels” pourrait se concrétiser à court terme », conclut la présidente du Filmm.

* Adhérents du FILMM : Eurocoustic, Isover, Knauf Insulation, Rockwool, Ursa

Les principales propositions du Filmm

• CEE :
- Augmenter l’enveloppe (de + 1 000 TWhc) et la valeur des CEE isolation précarité (déciles 1 à 4) ;
- Supprimer le coup de pouce pompes à chaleur pour rééquilibrer le marché en faveur des gestes d’isolation ;
- Établir un corridor de prix pour stabiliser durablement le dispositif afin d'éviter les effondrements tarifaires ;
- Faire porter une augmentation de l’obligation de CEE sur les fournisseurs d’énergie carbonée, fléchée en priorité sur les ménages précaires.

• MaPrimeRénov’ :
- Rétablir les aides pour l’isolation des combles perdus et des planchers, par un forfait MaPrimeRénov’ de 5 € du m² (plafonné à 500 €/logement), dans tous les cas de gestes simples de travaux ;
- Réintégrer les gestes simples d’isolation thermique des murs (par l’intérieur et par l’extérieur), des combles aménagés et des toitures-terrasses au forfait MaPrimeRénov’ pour les ménages les plus aisés, en particulier car ils constituent des étapes clés des futurs parcours de rénovation performante.

• Dès 2024 :
- Refondre globalement les aides pour les orienter vers les travaux les plus pertinents pour un parcours de rénovation performante ;
- Privilégier les gestes d'isolation comme point de départ du parcours ;
- Augmenter l'enveloppe budgétaire allouée aux aides à la rénovation énergétique.

Marc Wast
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