[Covid-19 & Masques] Le toulousain ITE-Shop en guerre contre... « les profiteurs » du marché

Stéphane Vigliandi
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[Zepros Bâti] Depuis le 23 avril, le PDG de la PME occitane Géo Technic approvisionne 70 entreprises de la filière du BTP en masques de protection de type 1. À un prix jusqu’à 4 fois inférieur à certains produits vendus sur le marché.

Bas les masques... au prix fort ? Depuis mi-mars, Franck Porcel se dit « scandalisé » parr certains tarifs affichés sur Internet notamment. À la tête d’une entreprise spécialisée dans l’ITE à Toulouse, ce "quinqua" est monté au front contre « l’actuelle spéculation sur le marché des masques de protection respiratoire ». Dans un récent courrier mis en ligne sur son site d’e-commerce ITE-Shop, mais aussi routé par mails à sa base clients (environ 20 000 contacts), cet ancien cémiste courroucé pointe du doigt « les appétits de certains profiteurs » aiguisés par la crise sanitaire.

« Sur Internet, le nom du virus fait "vendre" les EPI, des gants, des masques, des lotions », écrit-il. « C’est presqu’un outrage envers tous les chefs d’entreprise et leurs compagnons qui veulent – ou ont déjà commencé – à reprendre le travail dans le respect des protocoles établis par l’OPPBTP ! En temps de crise, il y a toujours des pratiques commerciales abusives qui sont parfois le fait de sociétés écrans ou fantômes », peste-t-il. Des pratiques d’autant plus « inacceptables » que le marché des masques de protection reste encore très tendu. Auprès des fournisseurs qu’il a démarchés, Franck Porcel avait constaté mi-mars des tarifs allant de 1,30 € à 3 € HT pour des masques de type FFP1 (efficacité de filtration bactérienne > 95 %). Pas question, pour autant, de céder à la pression pour équiper la trentaine de compagnons chez Géo Technic… Sa société mise à l’arrêt durant trois semaines dès le 17 mars, le dirigeant s’est engagé dans une quête de solutions alternatives.

EN PHOTO • Patron de l’entreprise toulousaine Géo Technic, Franck Porcel a reçu le 23 avril un premier lot de 14 000 masques à usage unique de type 1 qu’il commercialise sur son site ITE-Shop « jusqu’à ce que le marché se régule ».

Contact local en Chine et esprit solidaire

Son choix se porte rapidement sur l’un de ses fournisseurs en Chine : un ex-cadre français issu de la filière des profilés aluminium et qui a prospecté pour le compte du patron toulousain. Ses ateliers ont réalisé les audits et contrôles de conformité, assuré les colisages des lots expédiés par avion malgré des coûts de fret aérien qui ont bondi « de plus de 50 % parfois ». Dans « un esprit solidaire », Franck Porcel décide alors de référencer aussi “son” masque à usage unique (1 seul article à la vente) sur ITE-Shop. « Un coup de pouce à tous les collègues qui souhaitent une reprise partielle ou une poursuite d’activité, confie-t-il. Mais aussi un pied de nez à cette folie inflationniste ! » Sur son site marchand lancé voilà tout juste un an, lui en propose à des prix dégressifs selon les quantitatifs : de 80 cts€ HT l’unité pour des lots de 1 000 masques à 65 cts€ HT l’unité*. « Il s’agit d’équipements de protection répondant tous à la norme EN149** et donc conformes aux préconisations de l’OPPBTP », précise-t-il.

* En comparaison, les prix des FFP2 peuvent monter jusqu’à 20 € HT/unité et plusieurs dizaines d’euros pour les modèles FFP3

** Depuis le début de la crise sanitaire, les "affaires" de faux certificats se multiplient. Ce 23 avril, l'OPPBTP a alerté les professionnels du BTP sur des risques d'arnaques relatives à la vente d'EPI "anti-Covid-19" et communique une fiche d'aide au choix de masques de qualité.

Référencement one-shot

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Dès le 15 avril, le dirigeant lance une première prévente auprès des professionnels. Ce vendredi 24 avril, « à 16h30, nous en sommes à 130 000 unités commandées. Hier, j’ai réceptionné les tout premiers lots (14 000 masques) ; 11 000 unités supplémentaires doivent arriver lundi avant une nouvelle commandes de 200 000 unités », indique Franck Porcel qui va pouvoir apporter "sa" réponse complémentaire à la demande de clients implantés « un peu partout en France » : de la TPE artisanale jusqu’aux bureaux d’études et architectes, mais surtout « beaucoup de spécialistes de l’isolation et du bardage ».

Se défendant de “profiter” de la situation, le Toulousain parle simplement d'un geste commercial « en toute transparence sur les prix » auprès de la communauté du BTP. Dans le Sud-Est, une antenne départementale de la Capeb lui aurait même passé commande. Avec des délais de livraison estimés entre deux et trois semaines. « Actuellement, le dédouanement des colis prend plusieurs jours contre une journée en temps normal », explique le PDG. S’il admet dégager une marge de 15 k€ sur un volume de commandes d’environ 100 k€ HT, le seul coût du transport aérien, lui, pèse environ 20 % de la facture totale. Mais pas question pour autant d’envisager se diversifier aussi dans ce type d’EPI : « Il s’agit d’une activité passagère ; le temps que le marché du masque trouve son point d’équilibre », assure Franck Porcel. Revers de la médaille en attendant ? Son site ITE-Shop a gagné « une bonne année d’activité en termes de référencement naturel sur internet », constate-t-il. Et autant de visibilité pour ce patron qui aime à se définir comme le « “Géo-Trouvetou” de l’ITE ». Et désormais aussi des… EPI ? Stéphane Vigliandi

EN PHOTO • Entre 10 à 20 % des entreprises commandent des lots de 2 000 à 3 000 masques de protection respiratoire sur ITE-Shop. La majorité des achats porte sur des colis de 1 000 unités – à raison de 2 masques/jour et compagnon.

Stéphane Vigliandi
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