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Elections des CMA 2021 : match au sommet entre l’U2P et la CPME

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Du 1er au 14 octobre, tous les artisans de France seront appelés à participer à l’élection de leurs conseillers consulaires chargés de les représenter au sein des Chambres des métiers et de l’artisanat pour une durée de 5 ans. Depuis le 1er janvier 2021, l’échelon départemental a disparu au profit du réseau régional. Ces élections seront les premières avec cette spécificité. L’occasion pour Zepros de faire le point avec des responsables de l’U2P et de la CPME, qui présentent des listes adverses et qui rejouent à l’envi le match Capeb contre FFB.

Dominique Métayer (président de l’Union des entreprises de proximité)

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Zepros Bâti : Comment s’annoncent ces élections aux Chambres des métiers et de l’artisanat ?
Dominique Métayer :
Pour cette échéance électorale, l’U2P communique et met en place des outils pour être en contact avec l’ensemble des électeurs, de tous les métiers de l’artisanat, qu’ils soient de l’alimentation, du bâtiment, des services, de la fabrication ou des travaux publics et du paysage. Nous y allons groupés. La constitution des listes régionales avec des représentants de chaque département est en cours. L’équilibre est recherché pour représenter les artisans des différentes familles professionnelles. Des femmes et des hommes se mobilisent pour 5 ans. Tous artisans ; ils se mettront au service exclusif des artisans.

Zepros Bâti : Comment différencier les projets des différentes listes ?
D. M. :
Ce qui nous distingue, c’est que l’U2P représente tous les métiers de l’artisanat et défend spécifiquement les petites entreprises alors que les organisations concurrentes défendent aussi des entreprises de plus grande taille qui ont parfois des intérêts contraires à ceux des artisans. Pour nous, défendre les artisans c’est être au plus près du terrain, être présent au niveau des communes, des intercommunalités. C’est renforcer l’identité artisanale : par exemple en rétablissant le fonds de promotion de l’Artisanat que la CPME a préféré laisser disparaître alors qu’il était extrêmement utile. Il faut remettre en place des moyens de communiquer. La modernisation, la transition numérique, est à accompagner. Et il y a des efforts à faire sur la formation et l’apprentissage qui doivent être encouragés, y compris en maintenant les aides aux entreprises.

Zepros Bâti : Le ministre délégué aux PME, Alain Griset, est l’ancien président de l’U2P. Est-ce un avantage au moment de discuter avec le gouvernement ?
D. M. :
C’est un ministère d’importance, dédié aux TPE et PME, et c’est évidemment un atout, même si nous gardons notre indépendance. Alain Griset connaît nos problématiques. Nous avons la reconnaissance de l’ensemble de nos métiers avec un ministre dédié. Nous pouvons ainsi faire passer des messages pour qu’il prenne les décisions qui s’imposent. Nous avons un contact plus direct et plus simple. Le dialogue régulier avec le gouvernement pendant la crise sanitaire a été particulièrement bénéfique pour trouver des solutions et apporter de l’aide aux entreprises.

Zepros Bâti : Le ministre délégué aux PME, Alain Griset, est l’ancien président de l’U2P. Est-ce un avantage au moment de discuter avec le gouvernement ?
D. M. :
C’est un ministère d’importance, dédié aux TPE et PME, et c’est évidemment un atout, même si nous gardons notre indépendance. Alain Griset connaît nos problématiques. Nous avons la reconnaissance de l’ensemble de nos métiers avec un ministre dédié. Nous pouvons ainsi faire passer des messages pour qu’il prenne les décisions qui s’imposent. Nous avons un contact plus direct et plus simple. Le dialogue régulier avec le gouvernement pendant la crise sanitaire a été particulièrement bénéfique pour trouver des solutions et apporter de l’aide aux entreprises.

Zepros Bâti : Vous avez mis en ligne une plateforme participative « La Voix des artisans », pouvez-vous nous en parler ?
D. M.
: Il s’agit d’un outil performant pour échanger avec l’ensemble de nos collègues, pour collecter leurs avis, leurs sentiments et leurs propositions en vue des élections aux CMA. Ces remontées de terrain permettent de trouver des solutions appropriées aux femmes et aux hommes qui travaillent dans nos métiers. Et les premiers retours sont positifs, notre premier débat a porté sur la formation professionnelle et l’apprentissage. L’U2P s’est battu pour prolonger les aides majorées jusqu’à la fin 2021. L’année 2020 a été exceptionnelle avec plus de 500 000 apprentis et il ne faut pas casser ce rythme. Nous ne faisons pas que donner un métier aux jeunes, ils sont pour la plupart les futurs chefs d’entreprise. Rappelons que les entreprises représentées par l’U2P forment la moitié des apprentis du territoire ! La transmission/reprise a été le sujet suivant de débat sur notre plateforme. Nous communiquerons ensuite les éléments remontés par les artisans, à l’ensemble des politiques, au-delà des élections CMA 2021, et y compris en vue de la présidentielle de l’an prochain. L’U2P sera la courroie de transmission des idées.

L’U2P en bref :

• 3 millions d’entreprises (soit les 2/3 des entreprises françaises)

• 6 millions d’actifs

• Organisations adhérentes : Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), Confédération nationale de l’artisanat des Travaux publics et du paysage (CNATP), Professionnels de la Maîtrise d’œuvre, de conception et de réalisation de l’acte de bâtir, Union nationale des économistes de la construction, Union nationale des syndicats français d’architectes, Union nationale des géomètres experts

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Bernard Hibert (vice-président de la Confédération des PME)

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Zepros Bâti : Comment s’annoncent ces élections aux Chambres des métiers et de l’artisanat ?
Bernard Hibert :
L’année est électorale à tous les points de vue. La participation risque d’être faible, comme aux régionales, aux CMA mais également aux Chambres de commerce et de l’industrie. Il faut réhabiliter ces structures représentatives des artisans. Nous avons la responsabilité des services que nous sommes en capacité de leur apporter. Renforcer les partenariats, communiquer sur l’esprit d’entreprendre, mettre l’accent sur les « parcours d’excellence », tout cela est au cœur des propos de la CPME. Nous sommes partis de rien, en 2005, avec une liste concurrente à l’UPA à l’époque. L’histoire est assez récente finalement. Aujourd’hui, avec 28 départements présidés par des élus sous notre étiquette, nous avons pour objectif de doubler ce chiffre, avec une volonté politique forte. Il faut replacer le territoire au cœur du développement économique, car il y a des spécificités. Les CMA sont un acteur majeur, et pas un sous-réseau, qui doivent être renforcées. Or la régionalisation est un échec, les artisans s’en plaignent : cet échelon administratif est nécessaire mais pas assez local.

Zepros Bâti : Comment différencier les projets des différentes listes justement ?
B. H. :
Nous agrégeons des adhérents directs et beaucoup de branches, des interprofessions en grand nombre, dont la Fédération française du bâtiment, représentative du secteur depuis 1959. Nous avons une histoire partagée et une large majorité de nos entreprises sont artisanales. Selon la définition européenne d’ailleurs, en droit communautaire, les PME vont de 1 à 250 salariés. Les seuils artificiels « moins de 10 » ou « plus de 20 », sont une vue de l’esprit. Pour réarmer la France de capacités industrielles il faut que les entreprises soient capables de co-traiter des marchés importants, à l’image du modèle allemand avec des regroupements encadrés sans souci de concurrence, ou du modèle italien très performant grâce au droit de protection de la co-traitance pour décrocher des marchés à l’export. Parler de « petites » entreprises c’est un prisme déformant. Les TPE doivent être défendues et nous n’avons pas vocation à représenter les grands groupes, mais nous allons des entités unipersonnelles aux plus grandes, qui ont toutes un objectif de croissance. Nous portons des valeurs dans lesquelles les artisans se reconnaissent : qualité de service, esprit d’entreprise, création d’emploi, innovation et intelligence…

Zepros Bâti : Le ministre délégué aux PME, Alain Griset, est l’ancien président de l’U2P. Est-ce un inconvénient au moment de discuter avec le gouvernement pour la CPME ?
B. H. :
Je rencontre Alain Griset dans quelques jours. Avoir un ministre délégué aux petites et moyennes entreprises c’est positif. Nous avons de relations avec un ministre dans son rôle et nous dialoguons. Il faut être au rendez-vous de l’Histoire et il a d’ailleurs réuni le Medef, la CPME et l’U2P pour faire évoluer le code de l’Artisanat. Nous voulons, pour notre part, renforcer et promouvoir l’identité artisanale. L’image est aujourd’hui un peu floue entre artisan et auto-entrepreneur bricoleur. Il est compliqué de s’y retrouver et il y a trop de labels. Il faut un soutien aux valeurs des entreprises artisanales, et une clarification de l’identité d’un individu et de son entreprise.

Zepros Bâti : En cette période de pandémie mondiale, quelle est la situation pour les professionnels ?
B. H. :
Des difficultés actuelles, il y en a beaucoup. Le coût des matières premières par exemple, qui impactent les industriels, les marchands. Il faut que nous ayons la capacité de disposer d’une vision stratégique pour défendre les filières comme le bois. Quand on voit qu’un chêne sur trois part en Chine se faire transformer et que nos concitoyens souhaitent, eux, consommer en circuit court, il faut mettre en parallèle les deux. Il ne faut pas compromettre le développement à long terme du secteur marchand de proximité qu’est le bâtiment. Nous devrions anticiper et protéger notre bien national. Le marché de la rénovation est en forte dynamique, accompagné par le plan de Relance et son volet énergétique. Il y a une meilleure approche des consommations du bâtiment et cela va dans le bon sens. Les inconnues sur les coûts des matériaux sont la temporalité et la régulation. Quelle sera la sortie de crise ? Pour l’emploi, nous sommes sur une tendance de créations de postes. La question de l’orientation a été prise à bras le corps par l’ensemble des acteurs et nous sommes au milieu du gué. Le problème n’est pas réglé mais l’approche nouvelle de prise en compte de l’alternance est intéressante. Nous organisons toutefois des « speed dating » entre alternants et entreprises pour combler les trous dans le dispositif qui existent encore.

Zepros Bâti : Vous avez mis en ligne la plateforme « Fiers d’être artisans », pouvez-vous nous en parler ?
B. H. :
Elle installe les conditions de confiance pour faire admettre, objectivement, que les entreprises créent des richesses et transmettent des savoirs. Il faut l’exprimer et le dire de façon directe. La proximité est à mettre au plus près de la famille, cette cellule qui décide de tout, notamment de l’orientation des jeunes. Il y a un écart de perception à résorber par la communication sur l’avenir économique de nos professions et de nos secteurs. Les mesures incitatives sont à saluer et ont été efficaces pour briser le plafond de verre des 500 000 apprentis en France, ce qui a été rendu possible par les entreprises qui les accompagnent. L’artisanat ne peut pas être perçu comme une survivance. Nous, les TPE/PME, nous faisons tourner l’entreprise France. Les métiers sont en mutation, certains disparaîtront, mais l’intégration du numérique est une évolution à engager.

Propos recueillis par Grégoire Noble

La CPME en bref :

• 150 000 entreprises

• 3 millions de salariés

• Organisations adhérentes : Fédération Française du Bâtiment (FFB), Fédération nationale des Travaux publics (FNTP), Syndicat national des Entreprises du froid et du conditionnement de l’air (SNEFCCA), Fédération des entreprises du recyclage (Federec), Fédération des industries électriques électroniques (FIEEC), Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem)

Grégoire Noble
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