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Les renouvelables veulent s’assurer d’être les actrices du monde d’après

Grégoire Noble
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[Zepros Energie] La consommation énergétique a chuté en France pendant la crise du coronavirus, mettant en avant les capacités de production des renouvelables. Les principales filières - éolien, solaire et biogaz - souhaitent que le retour à la normale ne signifie pas retour en arrière. Leurs organisations professionnelles formulent donc des propositions pour que ce « monde d’après », évoqué par beaucoup, permettent de bénéficier des atouts naturels du territoire français.

La crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus va se prolonger dans une crise économique avec un redémarrage difficile des activités stoppées brutalement à la mi-mars. La consommation électrique française a chuté, en raison de l’arrêt des usines, et la filière nucléaire a levé le pied pour économiser son précieux carburant, laissant le champ libre aux renouvelables pour assurer la fourniture de courant aux Français confinés. Ayant répondu présentes, les deux filières majeures que sont l’éolien et le solaire photovoltaïque, souhaitent désormais participer à la relance pour être réellement incontournables dans le mix-énergétique de demain. France Energie Eolienne (FEE) déclare : « Au-delà des mesures d’urgence qui ont été prises en lien avec les différents ministères et administrations, il sera fondamental que la filière (éolienne) fasse partie du plan de relance économique durable envisagé par le Gouvernement, en proposant un ‘Wind Deal’ dans la perspective plus large d’un ‘Green Deal’ français et européen ». Le syndicat des professionnels de l’énergie solaire Enerplan est sur la même ligne : « Il convient de faire de la relance des énergies renouvelables, favorables à la fois à une reprise économique pérenne mais aussi à nos engagements climatiques, l’une des pierres angulaires de la sortie de crise ».

Le vent et le soleil plutôt que le charbon et l’uranium

Pour les spécialistes du photovoltaïque, l’important sera que la France raccorde annuellement 3 GW de nouvelles capacités contre moins de 1 GW les années antérieures. Concrètement, ils souhaitent que le segment des petites centrales soit élargi à tous les segments (toitures, ombrières, centrales au sol) et porté à 1 MW de puissance. Une mesure « permis par les textes européens » qui donnerait « une impulsion forte sur les petites installations, qui sont les plus pourvoyeuses d’emplois localement et constituent le cœur d’activité de nombreuses TPE/PME dans les territoires ». Enerplan estime que la valorisation de petits terrains délaissés (d’une superficie inférieure à 1 hectare) pourrait débloquer 200 MW/an de capacités nouvelles. Sur les bâtiments et parkings, le volume pourrait même atteindre 1 GW/an. Le syndicat demande en contrepartie un allègement des procédures administratives d’urbanisme notamment une simple déclaration préalable de travaux pour les surfaces déjà artificialisées ou pour les terrains dégradés. Autre proposition, « élargir les critères d’éligibilité des terrains aujourd’hui trop restrictifs », par exemple aux terrains non agricoles et non boisés des communes en Règlement national d’urbanisme (c’est-à-dire qui ne disposent pas de plan local). Enerplan fait valoir : « Près de 50 % du territoire français est ainsi exclu de toutes centrales au sol, sauf sur terrains dégradés ». Enfin, les professionnels du photovoltaïque veulent accélérer le cycle de développement des projets, afin de ramener le délai d’instruction des permis de construire à moins de 10 mois et en simplifiant les installations d’autoconsommation.

De son côté, le monde de l’éolien formule des demandes assez similaires d’accélération des procédures ou de levée de certaines contraintes. FEE évoque notamment le renouvellement facilité des parcs éoliens dans le cadre d’opérations de « repowering », c’est-à-dire de remplacement de turbines anciennes par de nouvelles, plus puissantes ou capables de se mettre en mouvement avec des vents moindres. Sur les notions de délais de recours et de consultation, l’association note : « Ne pas retarder et pénaliser encore plus les projets suspendus en pleine instruction. Ainsi, pour les délais applicables aux recours et aux consultations non expirés avant le 12 mars 2020, permettre la reprise des délais à compter de la cessation de l’état d’urgence initial (24 mai) pour la durée qui restait à courir au 12 mars, sans que cette durée puisse être inférieure à 7 jours ». Les professionnels espèrent également une stabilité du cadre réglementaire, avec la déclinaison régionale des objectifs de la PPE, ou l’entrée en vigueur du guichet ouvert pour les petits parcs à la mi-2021. FEE recommande à l’Etat de renforcer les ressources des services de la Direction générale de l’énergie et du climat et attend qu’il soutienne l’innovation dans le domaine des smartgrids et de l’IA pour faciliter l’intégration des sources intermittentes.

Quid de la chaleur renouvelable ?

Enfin, pour les gaziers, le biométhane aura, lui aussi, son rôle à jouer dans le monde d’après, en soutenant l’activité des TP et du monde rural. Les acteurs du gaz renouvelables (GRDF, GRTgaz, SPEGNN, SER et Teréga) soulignent le besoin de mesures d’accompagnement ponctuelles : « Tout d’abord, le cadre de soutien actuel dont bénéficient les projets biométhane matures doit être conforté et les objectifs fixés dans la PPE réhaussés en conséquence à 12 TWh/an (soit la consommation de 960 000 foyers). L’adaptation des réseaux de gaz pour accueillir les quantités de biométhane doit être anticipé pour accueillir les quantités de biométhane doit être anticipée (…) par l’investissement dans les renforcements de réseaux ». A plus long terme, pour mobiliser des financeurs, il apparaît souhaitable qu’une « garantie d’origine » soit mise en place de même que des appels d’offres à tarifs d’achat révisés pour les différentes composantes (pyrogazéification, méthanisation-méthanation…).

Toutes les EnR insistent sur les différents avantages qu’elles procurent en termes d’emploi local, d’économie des ressources, d’indépendance énergétique ou de compétitivité économique. Des arguments qui devront encore faire mouche auprès des pouvoirs publics en période de vaches maigres. Une ambition d’autant moins facile à atteindre lorsque le prix du pétrole est au plus bas…

G.N.

Grégoire Noble
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