Valdelia, Valobat, filière inerte… où en est la REP Produits et matériaux de construction ?

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Les annonces se succèdent dans le secteur des matériaux de construction avec la prochaine entrée en vigueur du régime de la « responsabilité élargie du producteur » (REP) aux produits du bâtiment à partir du 1er janvier 2022. Cette nouvelle filière sera chargée de collecter, recycler ou valoriser les déchets de chantier. Peu à peu, tous les acteurs se mobilisent pour annoncer le lancement ou l’adhésion à des éco-organismes. Et les initiatives sont multiples et disparates.

Les industriels de la filière ciment et béton (Unicem, SNBPE, UNPG, SFIC, FIB…) ont annoncé, dès la mi-mai, la création d’un éco-organisme « pour les produits de construction minéraux générant des déchets inertes ». Une vingtaine d’entreprises se sont concertées pour financer le traitement des matériaux issus des déconstructions afin d’améliorer les performances du recyclage. Elles évaluent à 33 millions de tonnes la quantité de déchets inertes, pour l’instant traités à hauteur de 76 %. L’ambition de leur éco-organisme – qui n’a toujours pas reçu de nom de baptême – sera de porter ce taux à 90 % d’ici à 2028. Pour y parvenir, les partenaires s’appuieront sur les 1 500 sites existants déjà implantés sur tout le territoire (déchèteries privées, plateformes de tri, centres de recyclage) auxquels viendront s’ajouter 500 usines d’enrobés qui traiteront les matériaux récupérés sur des voiries ou chantiers routiers. Ce réseau privé sera complété par 4 000 déchèteries publiques susceptibles de réceptionner les déchets inertes des particuliers. L'éco-organisme de la filière minérale souhaite parvenir à distinguer les matériaux destinés au secteur du bâtiment (soumis à la REP) de ceux destinés aux travaux publics (non soumis) "pour éviter toute mutualisation des coûts de fonctionnement avec les activités de TP explicitement hors du champ d'application de la REP".

Valobat créé ex-nihilo, Valdelia candidat naturel…


Au mois de juillet, ce sont 26 fabricants qui se sont engagés pour fonder Valobat, autre éco-organisme, qualifié de « multimatériaux », représentant la pluralité des matériaux du bâtiment. Seront concernés les revêtements, bardages et charpentes, canalisations, éléments de quincaillerie, câblages, menuiseries, parois vitrées, plâtres et mortiers, plastiques rigides (PVC, PSE, XPS, polypropylène), isolants minéraux et… matériaux inertes (terre cuite, terre crue, ciment, céramique, ardoise, pierre, granulats et béton). Parmi les nombreux fondateurs (Knauf, Legrand, Schneider Electric, Isover-Placo, Gerflor, Siniat, Tarkett, Rockwool, BMI Monier, Etex, Rexel…), se trouve par exemple l’Union des fabricants de menuiseries (UFME). Bruno Caudal, son président, explique : « Nous mettrons à profit notre expérience et les compétences de nos adhérents et collaborateurs permanents pour réussir la mise en place d’une filière opérationnelle vertueuse de valorisation des déchets du bâtiment, au-delà de l’obligation réglementaire de collecte. Nous nous engageons notamment à participer activement aux travaux préparatifs de la constitution de ce futur éco-organisme et de sa demande d’agrément. Cela passera par la contribution de personnes qualifiées aux groupes de travail ou encore par la mise à disposition d’un système de traçabilité reporting que nous sommes en train d’élaborer ». Valobat explique reposer sur une gouvernance ouverte avec différents comités de secteur (« construction métallique », « laines minérales »…). Côté pratique, l’éco-organisme souhaite se positionner comme « facilitateur pour les artisans qui bénéficieront d’une reprise gratuite de leurs déchets collectés séparément » et comme « partenaire de proximité apporteur de solutions auprès des pouvoirs publics ».

Dernièrement, c’est l’éco-organisme Valdelia, lui déjà agréé depuis 2013 pour la collecte et le recyclage des déchets d’éléments d’ameublement, qui s’est déclaré candidat pour élargir ses compétences aux déchets de chantiers, « dans le prolongement naturel de ses activités ». Arnaud Humbert-Droz, le président exécutif, insiste sur la liberté de choix devant être laissée aux producteurs afin de remplir leurs obligations en toute responsabilité : « Le principe directeur de notre action auprès des metteurs sur le marché est de proposer une démarche avant tout coopérative, car Valdelia a toujours été dans la co-construction avec ses partenaires. Chez Valdelia nous sommes des spécialistes du déchet et nous mettons notre expertise reconnue au service des professionnels du bâtiment pour faire de la REP PMCB une opportunité de business et non une contrainte réglementaire ». L’éco-organisme a donc lancé sa campagne d’adhésion pour les entreprises de matériaux et produits de construction en vue de son agrément pour la future REP. Lui aussi entend être multimatériaux et traiter le bois, le béton et les revêtements de sol notamment.

Le décret sur les modalités d’attribution est en consultation depuis l’été et devrait être publié à l’automne. Un ou plusieurs éco-organismes seront désignés avant le 1er janvier 2022. Le but est de lutter contre les dépôts sauvages de déchets et assurer une plus grande économie des ressources et une meilleure circularité.

G.N.

Grégoire Noble
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