Abus France : la biométrie dans son viseur

Stéphane Vigliandi
Image
Partager sur
[Zepros Bati] Sous les effets conjugués de la mécatronique et des systèmes sans fil (NFC, bluetooth, bracelet RFID, Li-Fi), les serrureries et solutions de contrôle d’accès deviennent de plus en plus autonomes. Une rupture technologique qui va aussi chambouler le marché résidentiel ? Dans l’Hexagone, la marque Abus ambitionne de se renforcer sur ce segment.
Sur les pas d’Amazon, du géant nord-américain Wallmart ou encore du berlinois Zalando qui se voit déjà en « Netflix de la mode » avec son concept Smart Door (“porte intelligente”), le français Cdiscount (filiale du Groupe Casino) mène une expérimentation dans le Sud-Ouest avec Somfy et Chronopost. Lancé fin 2018, ce projet pilote propose un service de livraison à domicile en l’absence du client… grâce à un dispositif de serrure connectée. Au-delà de la rupture technologique, la “smart lock” (ou “serrure 2.0”) touche néanmoins à un aspect sociologique sensible : la sécurité des données.De son côté, le groupe allemand Abus garantit que, pour l’ensemble de ses systèmes connectés (contrôle d’accès, vidéo-surveillance, alarmes, protection incendie…), toutes les datas sont hébergées sur une plateforme propriétaire sécurisée – et non sur le cloud public. D'ailleurs, une V3 de cette plateforme a récemment été mise en service. « Depuis trois ans et demi, une cellule d’une vingtaine d’experts ad hoc est active au niveau de la maison-mère à Wetter, en Allemagne. C’est un investissement de l’ordre de 8 à 9 M€. D’ici quatre à cinq ans, le groupe entend se déployer dans le domaine des prestations de services liées à la sécurisation des données sur tous nos produits interconnectables. À l’image, par exemple, du système de fermeture wAppLoxx », confie André Winterhoff, le président d’Abus France depuis avril 2019.
Image

Rôle de prescription

Comme d’autres acteurs du marché, la marque se dit “smart friendly”. Et a fait un pas de plus à l’automne dernier. Avec le cadenas Abus Touch, l’industriel entre de plain-pied dans l’univers de la biométrie grand public. Déjà en vogue dans les bâtiments tertiaires et industriels, cette technologie s’invite désormais de plus en plus en diffus. Vendu en négoce, mais aussi en grandes surfaces de bricolage, Abus Touch se définit comme un cadenas à empreinte digitale. En acier cémenté, le capteur mémorise jusqu’à dix empreintes d’utilisateurs différents. « En interne, des tests sont en cours pour déployer la technologie biométrique sur les poignées de portes et fenêtres, confie André Winterhoff. Mais si notre R&D se focalise bien sûr sur les systèmes électroniques et connectés, le cylindre mécanique contribue encore fortement à la croissance du groupe au niveau mondial. »En termes d'activité consolidée, l'industriel réalise environ 70 % de son chiffre d'affaires avec le segment – plutôt bien margé – de la Sécurité Bâtiment ; le solde avec le département Sécurité Mobilité (casques connectés, antivols…) dont pas moins de... 350 nouveautés sont annoncées pour 2020. « En France, nos chiffres se situent plutôt à 50/50. Nous disposons donc encore de marges de manœuvre pour nous développer en quincaillerie Bâtiment », admet pourtant le patron d'Abus France. Objectif affiché ? Réaliser d’ici à cinq ans « une croissance de l’ordre de +20 à +25 % en valeur sur l’activité Bâtiment ». En 2020, la marque va continuer à travailler avec le négoce entre autres. Mais en parallèle, elle entend renforcer sa mission de prescripteur auprès des collectivités territoriales. Ses huit commerciaux dédiés aux marchés du Bâtiment vont, entre autres, visiter les serruriers pour les « accompagner dans les appels d’offres ». Et « les aider à monter encore en compétence », précise le n°1 d’Abus France. Une façon de répondre, en partie, au vœu pieux de l’UNA-Capeb Serrurerie & Métallerie ? Régulièrement, son président, Gilbert Olivet, appelle la filière à « intégrer la transversalité des métiers entre serruriers, électriciens et domoticiens pour une expertise partagée »… Une recommandation bien avisée alors qu’un récent sondage Ifop réalisé pour la société Hop Dépannage souligne que les Français ne feraient toujours pas confiance aux serruriers ? Stéphane Vigliandi
Stéphane Vigliandi
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire