Naissance d’un nouveau métier pour lutter contre la précarité énergétique
Ensemblier solidaire ! Voilà le nom du nouveau métier imaginé entre autres par “Stop à l’exclusion énergétique” et Leroy Merlin − l’un des principaux mécènes de cette association. Lors du premier forum RénoDays qui s’est tenu à Paris les 12 et 13 septembre, les deux acteurs ont présenter ce métier à la rédaction de Zepros. Avec, dans un monde idéal, une dizaine de milliers de postes à pourvoir.
Nicolas Cordier, le social business intrapreneur de l’enseigne phare d’Adeo, est intarissable sur le sujet de la lutte contre la précarité énergétique. Tout comme Gilles Berhault, le secrétaire général de l’association “Stop à l’exclusion énergétique”. Tout est parti d’un constat. Il existe des dizaines de milliers de ménages logés dans des passoires thermiques qui « ne se plaignent pas , certains ont honte, d’autres craignent qu’on leur enlève leurs enfants ou ignorent qu’ils peuvent bénéficier d’aides ».
Sans oublier que le reste à charge − en moyenne de l’ordre de 5 000 € selon la nature des travaux − est toujours bloquant pour des familles à la trésorerie quasi négative. Et on ne s’attardera pas sur les méandres juridico-financiers pour tenter de remplir un dossier. Bref, rénover un logement lorsque l’on est “fauché” devient quasiment… insurmontable.
Environ 11 000 postes à pourvoir
Très pragmatiques, les acteurs associatifs se sont réunis sous la bannière “Stop à l’exclusion énergétique” pour que l’État n’ait plus qu’un seul interlocuteur. Ensembles ils ont décrit les cinq étapes pour passer à l’action : identifier, organiser, financer, réaliser et suivre.
Et c’est là qu’ils ont défini les contours d’un nouveau métier qui permet de gérer ces étapes. Un métier qui met de l’huile dans tout le processus : celui d’ensemblier solidaire, celui ou celle qui prend le dossier en charge. Bien sûr, ces coachs existent déjà dans les associations.
Mais l’idée est de leur donner une formation plus étoffée sur les plans technique, financier et pédagogique. « Nous devons, même si le mot n’est pas joli, rendre scalable cette profession, l’industrialiser », expliquent en chœur Gilles Berhault et Nicolas Cordier. « Avec 500 000 logements insalubres, il faudrait dans l’idéal créer 11 000 postes d’ensemblier solidaires », calculent-ils.
Reste que, pour l’instant, les premières promotions n’en ont formé qu’une… dizaine. C’est dire l’ambition du programme. Sans oublier qu’il faudra y ajouter 100 000 bénévoles.
Quant à Leroy Merlin, il intervient dans cette chaîne de cinq étapes au niveau de la détection et, bien sûr, du financement du reste à charge. L’enseigne d’Adeo annonce par la voix de Nicolas Cordier que « depuis 2021, plus de 2 M€ ont été collectés et sont venus aider près de quatre cents familles à sortir de la précarité énergétique ».