L’homme qui a sauvé l’XPS ! Interview de Christian Bastié (Exiba)
Dans cette interview, je vous invite à découvrir une personne profondément humaine : Christian Bastié. Rarement, quelqu’un s’était confié à moi avec une telle sincérité et intensité. Il met son histoire au service de son métier et l’XPS trouve-là un formidable ambassadeur. Je dirais même un super-héros de l’XPS.
Christian, le scientifique
Bonjour Christian, tu es le seul parmi les 4 membres de l’Exiba Team que je n’ai jamais rencontré. On se connaît grâce à nos réunions mensuelles. Voilà ce que je sais de toi avant cette interview. Tu aimes le bon vin et comme une bonne bouteille il faut du temps pour bien l’apprécier. J’ajoute que tu es précis, rigoureux et que tu aimes les chiffres. Pour moi, comme je l’ai exprimé à travers nos premiers articles mettant en scène les "X-men de l’XPS", je te vois comme "le scientifique". Est-ce que tu te sens bien dans la peau de ce personnage ?
« Oui, j’aime bien cette vision que tu as donnée de nous avec les 4 fantastiques et les X-Men. Quand j’étais jeune, je lisais les histoires de ces super-héros dans “Strange” (ndlr : la revue principale de Marvel en France).
Je trouve que ça permet de parler du bâtiment sous un angle différent, moins ennuyeux et moins triste que ce que l’on peut lire trop souvent. Vraiment, ça m’a beaucoup plu. »
Merci Christian, est-ce que tu es aussi rigoureux qu’un scientifique ?
« Pour répondre sincèrement, j’ai besoin de te raconter d’où je viens. À 16 ans, je travaillais déjà, car mes parents étaient ouvriers et n’avaient pas les moyens pour payer mes études. Eux, ils avaient arrêté l’école à 13 ans et c’était important pour eux que je puisse étudier.
Je vivais à Graulhet (Tarn) dans une cité comme on en voit à la télé avec des jeunes qui cassent et qui brûlent des voitures, qui dealent et consomment de la drogue. Moi, je viens de là. Mais on ne devient pas tous des voleurs, des bandits et des fumeurs de joints.
Quand j’ai eu mon bac, j’étais l’un des premiers dans ma cité. Ce n’était pas habituel dans ce contexte. D’ailleurs, quand je me présentais pour un boulot à 18 ans, les premières questions des recruteurs c’étaient : “Est-ce que tu sais lire ? Est-ce que tu sais compter ?”.
J’ai d’abord bossé dans l’une des mégisseries de Graulhet, la capitale du cuir. »
La mégisserie ? Peux-tu m’expliquer ?
« C’est le traitement des peaux de vaches, de veaux ou de moutons. Je nettoyais des peaux qui venaient des abattoirs et qui deviennent ensuite des sacs, des manteaux, etc. C’était sacrément dur. Ensuite, j’ai été surveillant dans des dortoirs. Je bossais donc la nuit et j’étudiais le jour.
Enfin, j’ai eu la chance de trouver un job chez Motorola d’abord comme opérateur, puis technicien et ingénieur , tout en continuant à étudier. J’ai évolué jusque’à arriver au département R&D (recherche et développement) . En relation avec la Chine, les États-Unis et d’autres pays, j’ai développé les derniers modèles de Motorola. J’y suis resté 14 ans. Si comme tu le dis, je suis rigoureux au niveau de la qualité et de la sécurité, c’est grâce à cette expérience.
Même si c’était un immense groupe international, cela restait une boîte familiale. Les dirigeants venaient te parler comme si tu étais un membre de leur famille.
Quand j’ai terminé mes études, j’étais le plus heureux des hommes, car j’avais enfin mes week-ends libres. »
Même si je gagnais le combat, j’avais perdu !
Quel est ton rapport avec les réseaux sociaux ?
« J’aime bien les réseaux sociaux. C’est un bel outil, mais il faut savoir l’utiliser à bon escient.
D’un point de vue professionnel, je m’en sers beaucoup. J’écris peu, mais je vais suivre assidûment l’activité de mes confrères et de mes clients, l’actualité dans mon domaine et de mes passions comme le sport (ndlr : Christian a fait du karaté dans sa jeunesse), la musculation, les balades en montagne. C’est une mine d’informations utiles. »
Sur les réseaux sociaux, il y a le syndrome du « tout le monde il est beau » comme dirait Jean Yanne. On donne trop souvent une image trop parfaite et lisse de nous-mêmes. J’aimerais éviter cet écueil dans nos publications. Peux-tu me parler de tes points faibles ?
« J’ai un tempérament sanguin, je suis quelqu’un soupe au lait. Avec l’âge, ça s’arrange un peu. Quand j’étais jeune, j’allais jusqu’à la bagarre.
Je n’avais pas encore compris une chose fondamentale : quand je me bagarrais, même si je gagnais le combat, j’avais perdu ! Quand tu sors de tes gonds, c’est parce que tu as perdu ton calme. C’est exactement ce que cherche celui qui t’a provoqué. Ton adversaire a obtenu ce qu’il voulait.
J’ai mis énormément de temps à le comprendre. J’essaie d’inculquer cet état d’esprit à mon fils (Christian a 5 enfants). Mais ce n’est pas évident de le comprendre quand on a vingt ans.
Sur le fait que certains se vantent trop sur les réseaux sociaux, ça reflète un manque criant d’humilité. On ne peut pas parler tout le temps de soi, parlons aussi et surtout de nos clients. »
Pour poursuivre sur ce thème, quel est l’obstacle (ou la difficulté) que tu n’as pas encore réussi ou que tu as eu du mal à surmonter ?
« J’ai du mal à rester calme dans l’agressivité ambiante et le manque de respect qu’il y a en ce moment. Par exemple, j’essaie de recruter des jeunes. Certains au bout de deux ou trois jours, ne reviennent même pas. Ils se barrent sans rien te dire. Nous, à leur âge, on ne l’aurait jamais fait.
Je leur propose un CDI, ils n’en veulent pas ! Ils me demandent un intérim en me disant : “après, si ça me plaît, on verra…”. Je suis désarmé face à leurs réponses. J’ai beaucoup de mal à les comprendre et à trouver les bons arguments. Comme je te l’ai dit, j’ai été surveillant et j’ai vu des choses dramatiques. Aujourd’hui, c’est pire que ce que j’ai connu. La vie, ce n’est pas comme dans un jeu vidéo, on n’en a qu’une.
Ce qui me fait mal au cœur, c’est l’image que l’on a de la France à l’international. Je voyage beaucoup à l’étranger pour mon travail et ils ne voient que les mauvais côtés de ce qui se passe chez nous. »
L'homme qui a sauvé l'XPS
Est-ce que tu pourrais nous raconter un moment déterminant dans ton passé qui fait que tu es là aujourd’hui ?
Image« En janvier 2015, je travaillais chez Knauf Insulation, on me convoque pour me dire qu’ils allaient vendre l’activité XPS. J’ai failli partir aux États-Unis avec un contrat mirobolant. Mais j’ai préféré rester pour aider mon entreprise à sauver ce savoir-faire et ces emplois en France. C’est pour ça que je suis passé à Ravago et que j’y suis encore aujourd’hui. »
Christian me cite les 6 groupes qui voulaient racheter l’XPS de Knauf Insulation. Je comprends, que sans lui, cette activité aurait pu finir loin de chez nous dans les mains des Américains ou des Russes.
Quand j’ai eu l’idée de présenter Christian et ses compères d’Exiba France comme des super-héros de l’XPS, je ne savais pas que j’étais si près de la réalité. C’est pour cela que ces interviews pour mieux les connaître sont indispensables. Ces histoires d'hommes et de femmes du bâtiment méritent d’être connues, sinon on passe à côté de l’essentiel.
Quelle est la personne que tu aimerais ou que tu aurais aimé rencontrer ? Quelle question voudrais-tu lui poser ?
« Robert Badinter pour discuter avec lui de l’abolition de la peine de mort en France. Je lui demanderais : “Comment avez-vous réussi à faire ce grand pas en avant ?” J’ajoute aussi , pour des raisons similaires, Simone Veil, une femme incroyable. »
Le facteur humain
Je m’aperçois qu’on arrive à la fin de cette interview et que je ne t’ai pas encore posé de questions sur l’XPS ! Quelle est ta réaction en tant que scientifique ?
Image« La science est un outil qu’on utilise pour comprendre les choses, avoir un bon produit et orienter nos stratégies. Mais ce n’est pas ça qui fait les affaires. Les affaires, ce sont les hommes et les femmes qui les font. Il faut donc mettre plus d’humanité dans ce que l’on fait. Cette interview va dans ce sens.
Qu’est-ce qui est important quand on parle d’isolation ?
Une bonne isolation, ce sont des économies d’énergie pour tous, des gens qui n’auront pas froid, des gens qui pourront allumer leur chauffage même s’ils ont un petit budget, des gens qui ne vivront plus dans un appartement plein de moisissures.
C’est ce facteur humain qui manque souvent au business. C’est ce facteur humain qu’on doit choisir pour parler d’XPS. »
De l'XPS pour cultiver les pommes de terre !
Je vais essayer de me rattraper. Je pense que le rôle d’une entreprise comme la tienne est de proposer aux entreprises et aux artisans du bâtiment les meilleurs produits pour rénover et construire des infrastructures et des lieux de vie idéaux pour leurs clients. Peux-tu me citer un seul exemple qui démontre que l’XPS réussit parfaitement cette mission ?
« Un gros cultivateur de pommes de terre a pris contact avec moi pour protéger des grands bains thermostatés avec de l’XPS ! En surface, il veut créer des rideaux d’XPS pour avoir le moins de pertes énergétiques possible, des consommations électriques plus basses et des températures constantes. L’isolation est parfaite.
Pourquoi ce choix de l’XPS ? Parce que l’XPS accepte l’eau et est résistante même plongée dans l’eau.
L’XPS, on peut en mettre partout, c’est même compatible avec l’alimentaire !
On peut faire une maison entière avec l’XPS, comme ça se fait beaucoup en Suisse.
Prenons un cas concret dans le bâtiment avec le radier. Tu supprimes les fondations et tu montes tout sur de l’XPS 700. Tu peux même le coffrer avec de l’XPS. Avec ce type de produit, tu peux respecter la régulation thermique et l’environnement en mettant du végétal, comme sur une toiture-terrasse. En soubassement, ça ne craint pas l’eau et ça absorbe les charges.
Tu peux donc choisir de l’XPS des fondations à la toiture. Tu fais un cube d’XPS, un mono produit avec des compressions différentes.
On va de plus en plus l’utiliser aussi pour l’isolation par l’extérieur. Car on veut isoler les habitations, notamment dans les grandes villes, sans perdre des mètres carrés habitables. »
Si tu avais un seul mot pour qualifier l’XPS ?
« Résistance ! »
C’est difficile, mais extrêmement intrigant de faire l’interview d’une personne qu’on connaît peu. Pour moi, tu recelais de mystères. Alors, je voulais de te dire merci Christian, car tu t’es livré comme rarement les personnes se livrent dans une interview.
« Pratiquement personne dans mon milieu professionnel ne connaît ce que je t’ai raconté. Si j’ai accepté de le faire, c’est parce que je me sens en confiance avec toi et que j’aime ta démarche. »
L’histoire de Christian pourrait inspirer le scénario d’un film qui se déroulerait dans le bâtiment. Ce serait même une excellente idée pour parler positivement de ce secteur et susciter des vocations.
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