Image
pavé tok

[Tribune] « Ne plus négliger les genoux dans la prévention des risques professionnels ! »

Stéphane Vigliandi
Image
Stéphane Kenzoua, DG de ToughBuilt France.

Dans une tribune libre, Stéphane Kenzoua, le directeur général France de ToughBuilt, met en garde contre les troubles musculo-squelettiques (TMS) dans le BTP : la maladie professionnelle la plus répandue dans cette filière. Le dirigeant insiste sur les équipements destinés plus particulièrement à la protection des genoux. La rédaction de Zepros Bâti reproduit ici l’intégralité de sa déclaration.

Partager sur

« Préserver la santé de ses collaborateurs s’avère aujourd’hui une obligation légale pour les employeurs. Si aucun secteur n’est épargné, les métiers du BTP et du second œuvre sont particulièrement sujets aux troubles musculo-squelettiques (TMS) ; notamment du genou qui représente à lui seul plus de 16 % des TMS. C’est pourquoi la prévention et la formation des employeurs, comme des salariés, sont essentielles. Outre les recommandations, des solutions existent pour les protéger !

Bénéfices liés à la prévention des TMS

La sécurité au travail dépend de la prévention des risques professionnels appliquée par les employeurs. Selon le code du travail (articles L.4121-1 et L.4121-2), il incombe aux employeurs d’évaluer les dangers et de trouver des solutions pour minimiser au maximum ces risques.

Dans le domaine du BTP, les troubles TMS représentent la première cause de maladies professionnelles indemnisées avec 88 % des maladies professionnels reconnues par le régime général avec 44 492 cas recensés en 2019. L’organisme Santé Publique France estime par ailleurs que le taux de sous-déclaration des TMS s’échelonnerait de 53 % à 73 %.

Si on imagine bien que la prévention a un impact direct sur la santé des salariés et la diminution des TMS, d’autres bénéfices ne sont pas à négliger. La prévention peut en effet être une source d’attractivité et de fidélisation : de meilleures conditions de travail permettent de disposer d’arguments supplémentaires lors du recrutement et d’éviter un turn-over trop important de ses équipes. Mais aussi de performance : la prévention des pathologies professionnelles entraîne une meilleure productivité des salariés et une diminution de l’absentéisme.

Les pathologies les plus fréquentes sont les gonalgies simples (42,3%), les lésions méniscales (29,6%), l’hygroma (23,3%) et les arthroses (4,8%).

BTP : les douleurs aux membres inférieurs parmi les TMS les plus répandus

De manière générale, les blessures aux genoux qui peuvent être subies au travail se divisent en deux catégories. Les blessures par impact – telles que celles causées par le fait de s’agenouiller sur un objet tranchant ou de heurter les genoux contre un objet dur – et les blessures d’usage à plus long terme.

Compte tenu des contraintes biomécaniques auxquelles ils sont soumis, les travailleurs du Bâtiment sont particulièrement touchés par ces TMS. Parmi ces troubles, ceux des membres inférieurs constituent une problématique majeure en matière de maintien dans l’emploi car ils entrainent souvent des maladies professionnelles dues à une pathologie d’hypersollicitation.

Selon la dernière étude en date menée par dix-sept médecins du travail de l’APST-BTP – à partir du réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P) – sur les pathologies affectant les travailleurs du Bâtiment en Île-de-France, 331 des 3 223 nouvelles pathologies signalées par les médecins du travail concernaient le genou – 10,3 % du total, et 16,1 % des 2 062 TMS. Les pathologies les plus fréquentes sont les gonalgies simples (42,3 %), les lésions méniscales (29,6 %), l’hygroma* (23,3 %) et les arthroses (4,8 %).
* L’hygroma ou bursite est l’inflammation d’une bourse séreuse ou de plusieurs bourses séreuses). Il s’agit du gonflement des structures extra-articulaires.

L’hygroma du genou entraîne a minima une gêne, mais bien souvent des douleurs chroniques et parfois une surinfection nécessitant une opération.

Si nous nous attardons sur ces deux dernières, l’hygroma du genou consiste en une augmentation progressive et lente de volume d’une bourse due à des microtraumatismes répétés du fait des postures prolongées sur le genou lors de la pose de carrelage, de tapis ou de planchers.

Cette pathologie entraîne a minima une gêne mais bien souvent des douleurs chroniques et parfois une surinfection nécessitant une opération. L’ostéoarthrite, plus fréquemment appelée arthrose, se caractérise quant à elle par l’usure du cartilage qui sert d’amortisseur à l’articulation du genou. 

Dans ces deux cas, le port de protège-genoux permettrait assurément de minimiser les risques de développer ces pathologies. Mais les mesures de prévention demeurent majoritairement individuelles (40,9%) ou relèvent d’une surveillance médicale simple (35,2 %) et encore trop peu souvent organisationnelles (16,9 %).

Considérer les protège-genoux comme des EPI obligatoires

Partant du constat que la protection des genoux est un sujet négligé dans le monde du BTP, il est aujourd’hui primordial de sensibiliser les professionnels du gros œuvre, du second œuvre et tous ceux contraints de travailler à genoux au port de protège-genoux.

D’un point de vue purement matériel, il existe dorénavant des genouillères, homologués CE, conçues pour allier confort et haut niveau de protection tout au long de la journée. Leur conception ergonomique en gel et mousse leur permet d’épouser parfaitement la forme du genou pendant le port et de retrouver sa forme initiale une fois enlevée. Ces dernières peuvent en outre disposer de sangles souples et d’une paroi latérale haute pour réduire la torsion, donnant une répartition optimisée de la pression pour un confort durable.

Pour les employeurs, la nécessité d’une protection adéquate des genoux n’est pas motivée par un gain commercial, mais par un devoir de diligence. Et si les genouillères se portent généralement en phase de réadaptation ou en reprise d’activité, les porter en phase de prévention s’avère la meilleure solution pour éviter les blessures.

Il semble ainsi nécessaire que ce type de protection soit considéré comme obligatoire sur les chantiers, au même titre que d’autres EPI comme les lunettes de protection, les casques, les chaussures de sécurité, les gants, etc. »

Stéphane Vigliandi
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire