Les artisans du bâtiment font Dooitch ! L’App qui accélère leurs chantiers
Dooitch ! Késako ? Julien et Adrien, les fondateurs, n’ont qu’un tweet pour répondre : « C’est une application mobile pour acheter et se faire livrer tous les matériaux et consommables du bâtiment. On livre en une heure sur chantier et uniquement à vélo. » Mission accomplie pour Dooitch en moins de 240 caractères.
L’équipe Tokster vient de rencontrer Julien Visonneau et Adrien Devenyns aux Ze Awards du bâtiment. Ce n’est pas forcément le meilleur moment pour faire une longue interview, alors on se donne rendez-vous quelques jours plus tard.
Voici l’histoire d’une idée aussi simple que formidable.
Les fondateurs de Dooitch
Commençons par les acteurs principaux. Julien peux-tu nous présenter Adrien ?
« Adrien est développeur depuis 7 ans, mais avec une carrière hybride. Il a fait 15 ans de commerce, il s’est expatrié 2 ans à Shanghai avec toute sa famille. À son retour, comme il s’ennuyait seul sur les routes de France, il a décidé de se reconvertir dans l’informatique. Il est capable de tout programmer.»
Adrien peux-tu nous présenter Julien ?
« Julien est un millésime 82 comme moi. Il est artisan du bâtiment depuis plus de 20 ans. Il y a une douzaine d’années, il décide de monter son entreprise tous corps d’état. Sa spécialité, les salles de bains et les cuisines clés en main. Il est capable de tout rénover dans une maison. »
La genèse de Dooitch
Continuons en racontant l’élément déclencheur de l’idée. Julien, comment est née l’idée de DOOITCH ?
« C’est en septembre 2021, j’étais relax, car je revenais de vacances. Mais ce moment de bien-être ne va pas durer longtemps. Le téléphone sonne, il y a un problème sur un de nos chantiers.
Premier stress : “Julien, on doit décaler l’intervention du carreleur prévue demain, car on ne peut pas finir d’installer la douche, il nous manque une cartouche de silicone.”
Je leur réponds : “On ne va pas bloquer un chantier pour 8 euros. Ne bougez pas, j’arrive tout de suite.”
Deuxième stress, je passe deux heures dans les embouteillages. Je suis à bout de nerfs. Pendant le trajet, j’appelle Adrien pour lui expliquer la situation et je lui pose cette question :
“Quand il y a une urgence ou un aléa sur un chantier, il n’existe aucune solution pour les artisans. Ce n’est pas normal. Est-ce qu’on ne pourrait pas trouver quelque chose ?”
Après une nuit blanche, Adrien me dit banco, on va associer nos compétences, moi le professionnel du bâtiment sur le terrain avec nos outils et lui le développeur avec son clavier pour construire une solution technique. Un binôme parfait ! ».
Avant d’aller plus loin, levons le mystère sur ce nom. Dooitch, ça veut dire quoi ?
« Doo-it-ch signifie “Fais ton chantier !” Do it, fais-le et le ch de chantier. On cherchait une marque forte et qui interroge immédiatement. »
Dooitch et les artisans : sur la même longueur d'onde
Parlons maintenant des autres acteurs de l’histoire de Dooitch : les artisans, vos clients. D’ailleurs pendant la soirée des Ze Awards du bâtiment, vous avez pu discuter avec des artisans de renom comme Stéphane Aria, Cindy Plumbs, Hilanie Rousseau, Lucie Amand, Romain Dondelinger et Dylan Touzé.
« Cela a été une bonne surprise pour nous, on ne savait pas du tout qui viendrait à la soirée. Stéphane est venu directement nous voir en nous disant “bonjour les gars, vous faites quoi ?“ Moi (Julien), je l’ai immédiatement reconnu. On a sympathisé et il nous a présentés aux autres artisans. »
Qu’est-ce que ces rencontres vous ont apporté ?
« C’est vraiment intéressant pour nous de travailler avec des créateurs de contenu, car ce sont des gens qui ont besoin d’être valorisés explique Adrien. On était heureux de les rencontrer lors des Ze Awards, mais on est sur le terrain tous les jours avec eux, car notre raison d’être est de faciliter la vie de l’artisan. »
« Je suis fils d’artisan, mon père était plombier-couvreur, raconte Julien. On a tellement été dénigrés pendant des dizaines d’années, qu’aujourd’hui, on vit notre revanche. On était les mal-aimés, la dernière roue du carrosse. SI tu ne savais pas quoi faire dans la vie, on te répondait avec condescendance que tu devrais essayer de faire de la plomberie. Quand à 14 ans je travaillais avec mon père, on me jetait un regard qui signifiait ‘pousse-toi de là, gamin !’.
L’image des métiers des bâtiments est en train de complètement changer. Quand je voyais tous ces gens qui avaient envie d’échanger avec Stéphane ou Hilanie pendant la soirée, je me dis que notre savoir-faire fascine et que c’est vraiment une belle revanche. Et c’est grâce à ces créateurs de contenu. J’aurais aimé avoir les réseaux sociaux quand j’ai commencé. »
Chez Tokster, on aime nous aussi mettre en valeur la personnalité, le parcours et le savoir-faire des artisans du bâtiment.
C’est aussi pour ça que Zepros est heureux de les inviter à ces soirées et de leur permettre de monter sur scène avec les autres professionnels du bâtiment.
C’est pour ça que Stéphane Aria a reçu un Ze Awards. Ils sont énormément sollicités. Justement, je vais me faire l’avocat du diable.
C’est une énième start-up et une énième une application, ils peuvent donc se lasser et c’est moins facile d’attirer leur attention. Ont-ils été plutôt dubitatifs ou ont-ils immédiatement accroché ?
« C’était facile, car on parle le même langage qu’eux. On est parti d’une problématique réelle sur les chantiers pour y apporter une vraie solution. »
À vélo pour décarboner les centres-villes
Vous avez rencontré Romain , le petit plombier à vélo, et vous avez justement au moins un point commun, le vélo. Expliquez-nous.
« On a un partenariat avec Les boîtes à vélo France. On travaille avec des coursiers salariés à vélo et vélo cargo. »
Romain arrive à transporter un chauffe-eau sur son vélo. Est-ce que vous avez des limites de livraison ?
« On peut livrer du matériel jusqu’à 350 kg et d’une longueur de 2 m 80 maxi. Par exemple, 10 plaques de placo et des parpaings ! La plaque de placo est le produit le plus vendu sur Dooitch, devant les rails et le silicone. »
Au cœur de votre solution, on trouve le respect de l’environnement. Pourriez-vous nous donner un chiffre marquant ?
« On a deux raisons d’être : faciliter la vie de l’artisan et participer à la décarbonation des centres-villes. Avec seulement 20 courses par jour, on économise 4 tonnes de CO2 par an.
Notre objectif est d’atteindre d’ici 5 ans les 600 tonnes de CO2. Il suffirait d’une centaine de livraisons par jour et par ville. »
Le temps, c'est de l'argent !
Imaginez que je suis un artisan du bâtiment, dans une autre vie j’aimerais bien être un menuisier. Démarchez-moi.
« “Est-ce que tu bricoles ?” C’est notre phrase d’accroche.
Tu le sais bien, il y a toujours des imprévus et des galères sur un chantier. Pour toi, un menuisier, il te manque parfois des vis, du mastic, du silicone, ou même le seuil ou le bout de plinthe qui te manque alors que tu as terminé de poser ton parquet. Qu’est-ce que tu vas faire dans ce cas-là ? Tu fais un aller-retour chez ton fournisseur. Tu perds du temps et de l’argent, tu perds ta place de parking. Si tu travailles avec d’autres corps de métier sur le chantier, tu vas aussi ranger tes outils.
Tu finis par t’agacer. Pour éviter tout ça, la solution, c’est Dooitch. »
Est-ce que c’est moins cher sur Dooitch ?
« Le calcul est simple. Le taux horaire d’un artisan est environ 60 euros de l’heure. Si tu y vas avec ton collègue et que le déplacement dure 2 heures, ça te fait 240 euros pour un joint ou une boîte de vis qui va te coûter 8 euros.
Il vaut mieux aller sur Dooitch. La livraison te sera facturée 10 euros en province et 25 euros à Paris. En plus de ça, sur Dooitch, on a des tarifs pros pour tous les matériaux et consommables. »
En résumé, l’adage « le temps, c’est de l’argent », n’a jamais été aussi vrai.
Est-ce que tu bricoles ?
Aujourd’hui, avoir une bonne idée ne suffit plus. Il faut savoir communiquer. Et vous n’avez rien laissé au hasard, car vous avez suivi une formation sur la prise de parole avec mon grand ami Fred Levert. Quels sont les 3 points que vous avez immédiatement appliqués dans votre communication ?
« Face à lui, on a fait exactement ce pitch en commençant par la question “Est-ce que tu bricoles ?” se souvient Adrien. Ensuite, sur scène, on a voulu changer notre discours en fonction de l’auditoire. Il est venu vers nous et il nous a dit texto : “Les gars, pourquoi avez-vous fait un pitch aussi pourri ? (rires)“ C’était sa première leçon. Même s’il n’y avait aucun artisan dans la salle, notre accroche devait seulement légèrement variée et devenir : “est-ce qu’il y a des gens qui bricolent dans la salle ?“ Immédiatement, on peut enchaîner en interagirssant avec le public.
Le deuxième point, c’est la respiration. Il faut marquer des pauses au bon moment dans son discours. Toi, ça te permet de respirer et les personnes qui t’écoutent de réfléchir.
Le troisième point, c’est le placement. Selon la façon dont on se place sur scène ou lors une conversation, on n’aura pas le même impact. C’est l’importance de la communication non verbale.
Adrien a plus d’impact que moi sur scène, ajoute Julien. On doit jouer aussi sur notre complémentarité sur le terrain comme on l'a fait pour la création de Dooitch. Moi, j’interviens sur les questions plus techniques. »
On vous voit partout sur les réseaux sociaux et dans la presse.
« On veut créer notre ADN sur les réseaux sociaux en communiquant avec humour et de façon décalée. Je m’éclate à faire ça, se réjouit Julien.
Comme le micro-trottoir qu’on vient de faire avec Mathis l’électricien. On a envie de mettre aussi en avant des petits artisans.
D’un autre côté, on se rend compte que la communication de la plupart des boîtes du bâtiment sur les réseaux sociaux est ennuyeuse à mourir ! Ce n’est pas du tout notre truc. »
Les JO de Paris, une rampe de lancement pour Dooitch
Je viens justement de lire un article paru sur Presse-Océan. Car vous avez lancé votre start-up à Nantes et vous venez d’arriver à Paris.
« Oui, on vient d’arriver dans 4 arrondissements à Paris : 13e, 14e, 5e et 6e. Grâce à notre partenariat avec La Plateforme du Bâtiment, on peut livrer en une heure tous nos clients. Le but est d’ouvrir dans toute la capitale avant le JO 2024. C’est un objectif primordial pour nous.
Pendant les Jeux, Paris sera complètement congestionné. Les VTC seront interdits, des ponts seront fermés à la circulation, des axes routiers qui seront réservés exclusivement aux JO et la première couronne qui servira d’immense parking, seuls les vélos seront vraiment libres de circuler ! »
Finalement, l’organisation des JO sera un joyeux trouble-fête et une belle rampe de lancement pour Dooitch.
Dooitch ? L'accomplissement d'une vie !
On a commencé l’interview en vous présentant brièvement. J’aimerais aller un peu plus loin. Est-ce que vous pourriez nous raconter un moment déterminant de votre passé qui fait que vous êtes là aujourd’hui ?
« J’ai tout vendu dans ma carrière, raconte Adrien. J’ai vendu de l’enrobé pour les routes, des photocopieurs, des pièces détachées vélo et auto, du vin, des logiciels, pourtant je n’ai jamais eu le bonheur d’être heureux dans mon travail. Mais ce ne sont pas des échecs. Chacune de ces expériences m’a donné les compétences indispensables pour la création de Dooitch.
Ce n’est donc pas un moment, mais des moments qui ont été déterminants. Sans ma femme rien n’aurait été possible, car elle m’a toujours apporté son soutien moralement et parfois financièrement, comme cela arrive souvent quand on se lance dans l'aventure de la création d'une start-up. »
« Après mes premières expériences très jeunes dans le bâtiment aux côtés de mon père, se remémore Julien, j’avais une conviction : je ne voulais pas passer toute ma vie sur les chantiers ! Je suis tourneur-fraiseur de formation et je me suis orienté dans l’aéronautique. J’ai été compagnon chez Airbus pendant 9 ans. Mais moi aussi, j’étais malheureux. J’avais l’impression d’être un lion en cage.
Il y a un moment que je n’oublierai jamais. J’avais 26 ans et je prenais un café avec un collègue chez Aribus. Il avait 40 ans et il me dit : “Julien, si tu restes chez Airbus après tes 40 ans, tu y resteras toute ta vie.“
J’ai un coup de panique phénoménal. Je me suis senti si mal que j’ai décidé de reprendre mes études. J’ai repassé mon bac en cours du soir, un IUT pour apprendre à gérer une entreprise et un BTS pour devenir architecte d’intérieur.
Dooitch, c’est l’accomplissement de toutes mes expériences. Et avec Adrien, on vit des moments incroyables. »
Dites-moi quelque chose du futur.
« Demain, l’artisan n’aura plus besoin de quitter son chantier, car il aura pris l’habitude d’utiliser Dooitch qui deviendra le leader de la livraison décarbonée du bâtiment en France. »
C’est une conclusion parfaite, car quand tous les artisans feront Dooitch, le monde sera meilleur. Chez Tokster, on est ravis de mettre en valeur les initiatives comme la vôtre qui améliorent la vie des artisans, mais aussi la vie sur la planète.
Pour télécharger l'application Dooitch, cliquez ici
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