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La construction génère chaque année 3,4 tonnes de déchets par personne

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Le secteur du BTP demeure largement le premier pourvoyeur de déchets en France avec 69 % du tonnage de tous les déchets. L’Ademe a passé à la loupe leur nature, leur provenance ainsi que les pistes pour diminuer ces quantités phénoménales ou mieux les réutiliser, ceci afin de répondre à l’objectif de 70 % de valorisation dès cette année.

Les entreprises du bâtiment produisent environ 225 millions de tonnes de déchets chaque année. Une quantité qui fluctue selon l’activité du secteur de la construction et qui a par exemple diminué entre 2008 et 2016 de 11 %. Sur cet énorme volume, 185 Mt proviennent des travaux publics et sont très largement constitués de déchets inertes (97 %) ou non inertes et non dangereux (2 %). La quantité restante se répartit entre le bâtiment (42,5 Mt) et les opérations de dépollution de sites (6,2 Mt). Pour le seul bâtiment, le gros œuvre totalise 31,2 Mt contre 11,3 Mt au second-œuvre. Mais la nature des déchets est différente : « inertes » dans 80 % des cas pour le gros œuvre (béton, briques et tuiles), ils ne le sont plus qu’à 58 % pour le second œuvre. La proportion de « non inertes non dangereux » grimpe en effet à 41 %. Ces derniers sont constitués d’une myriade de matériaux : verre, métaux, cartons et papiers, bois, plastiques, textiles… Quant aux déchets « dangereux » (peintures, vernis, colles, adjuvants), ils représentent entre 2 et 3 % des volumes pour les deux activités.

L’Ademe note que le taux de valorisation ou de réutilisation des déchets est plus important dans les TP (63 %) que dans le bâtiment (46 %), en raison de leur nature principalement inerte. Ils sont utilisés tels quels notamment pour remblayer des carrières ou pour le terrassement de routes par exemple. Mais les déchets « non inertes » nécessitent pour leur part une étape de tri avant de pouvoir être valorisés. Et les taux sont alors très inégaux. Ainsi, près de 21 % des déchets du bâtiment terminent leur parcours en déchèterie. Cependant, plusieurs filières de matériaux s’organisent afin de mieux récupérer leurs rebuts : l’Ademe cite le programme européen VinylPlus qui ambitionne de recycler 800 000 tonnes/an de PVC, ce plastique utilisé pour les profilés de menuiseries ou la tuyauterie. En France, ce sont 70 000 tonnes qui ont été collectées et recyclées en 2018. Autre exemple, celui du plâtre, pour lequel 160 points de collecte ont été mis en place sur le territoire, avec à la clef une récolte de 93 000 tonnes. Pour le verre plat des vitres (qui représente 200 000 t/an de déchets), l’objectif fixé sera de récupérer et trier 40 000 tonnes en 2020, puis le double en 2025.

La filière REP pour reprendre gratuitement tous les déchets de chantier

Pour y parvenir, l’Ademe recommande de « mieux trier sur les chantiers » de réhabilitation et de déconstruction, où une démarche de dépose sélective doit être adoptée. Le but : pouvoir mieux réincorporer certains matériaux dans la chaîne de production, comme l’acier, l’aluminium, le calcin de verre ou certains plastiques. Pour cette dernière famille, la France devra améliorer ses pratiques pour passer d’un taux moyen de 20 % de recyclage à 100 % à l’horizon de 2025. Pour le secteur du BTP, le volume à incorporer sera supérieur à 75 000 t/an. La mise en place d’une filière de responsabilité élargie du producteur (REP) contribuera, selon l’Ademe, à ce que « les déchets de construction, de démolition et de réhabilitation, y compris inertes, soient repris sans frais sur le territoire national lorsqu’ils font l’objet d’une collecte séparée ». Il est donc prévu qu’un maillage national soit organisé pour récupérer tous les déchets et assurer leur traçabilité. L’initiative Démoclès de plateforme collaborative d’acteurs, lancée en 2014, pourra servir d’exemple pour la définition des outils nécessaires (diagnostic des matériaux, planification et suivi). Arnaud Leroy, président de l’agence, expliquait lors d’une conférence au mois de mars : « Il y a une obligation de traçabilité des déchets du bâtiment. Et il y aura de plus en plus de rénovations en parallèle d’une contraction du neuf, correspondant à la volonté de moins artificialiser. La problématique des déchets devient donc différente, avec une revalorisation qui va devenir importante ». Pour Christian Brabant, le directeur général d’Ecosystem, « la REP Bâtiment lance un défi d’innovation car c’est la première fois qu’une REP porte sur tout un secteur et non sur une catégorie de produits ». La mise en place d’une entité supérieure pourrait donc s’avérer indispensable pour mieux définir les rôles et responsabilités de chacun, du maître d’ouvrage à l’industriel, en passant par les entreprises et les bureaux d’études/AMO.

G.N.

Grégoire Noble
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