La filière électro-numérique elle-aussi sous tension, Gimelec prend la parole
Le groupement des entreprises de la filière électro-numérique vit au ralenti, comme tout le pays. Le taux d’activité moyen constaté est de 40 % avec de grandes disparités suivant les secteurs d’activité (infrastructures et réseaux, industrie, BTP…). Les adhérents du Gimélec demande qu’une attention particulière soit apportée aux PME et à la protection des salariés, afin que la reprise puisse se faire sans trop attendre.
Les conséquences du coronavirus sur la vie économique sont aujourd’hui bien connues : chômage technique, confinement des employés, arrêt des chantiers… Depuis le début du mois d’avril 2020, le Gimélec a lancé auprès de ses membres une enquête de terrain afin d’évaluer précisément la chute de l’activité : elle est évaluée à -60 % par la filière dans son ensemble. Mais les branches sont en fait diversement touchées selon leurs clients.
Ainsi, le marché des infrastructures du numérique reste actif, avec la moitié des entreprises qui constatent un niveau compris entre 50 et 100 % de la normale. Ce qui s’explique par le maintien de ce marché critique en cette période de télétravail généralisé et de besoins accrus en télécommunications, y compris pour la santé. Les métiers de la maintenance des installations électriques des hôpitaux sont d’ailleurs également sollicités. Côté industrie et exports, l’activité globale est évaluée aux alentours de 45 % de son niveau pré-crise. Plus problématique, le secteur du BTP reste à l’arrêt avec une activité de seulement 10 %, avec toutefois l’espoir d’une reprise progressive des chantiers grâce aux recommandations de précaution émises les organisations professionnelles. Enfin, l’activité des gestionnaires de réseaux électriques s’est effondrée : si RTE, le transporteur du courant haute-tension reste actif, il n’en va pas de même pour Enedis, le spécialiste de la distribution publique. Le Gimélec explique que les chantiers en cours ont été stoppés « au profit de la continuité des missions d’opérateur d’intérêts vitaux ».
Mais que faudrait-il pour pouvoir reprendre l’activité ?
Tout d’abord obtenir des directives claires et précises de l’Etat sur les secteurs qui doivent être maintenus et sur les dispositifs de soutien économique aux entreprises. Ensuite, parvenir à protéger les salariés notamment au moyen des masques et visières, réservés dans un premier temps aux soignants, ainsi que de tests de dépistage pour lever le moindre doute sur des risques de contamination. Les sociétés expliquent travailler de leur côté à l’adaptation des lignes de production et à la mise en place d’équipes réduites, afin de diminuer les interactions humaines.
Le soutien des commandes sera un autre volet : « L’Etat, en tant qu’acteur économique via la commande publique et les grands donneurs d’ordres dont il est actionnaire, est appelé à l’exemplarité en matière de délais de paiement ». Le Gimélec réclame un peu de patriotisme économique, en favorisant les filières courtes du territoire et éviter les hasards des marchés internationaux. Il appelle également à de la solidarité en maintenant les commandes qui peuvent l’être et « en partageant les éventuels surcoûts de stockage temporaire ». Enfin, les entreprises de l’électro-numérique souhaitent qu’une attention particulière soit accordée aux PME « notamment dans le secteur du bâtiment ainsi que dans la filière des transports, maillon essentiel de toute chaîne d’approvisionnement ». Point positif relevé par les adhérents : la logistique ne constitue pas, à l’heure actuelle, un élément bloquant. Pour autant, l’immense majorité des chefs d’entreprises (87 %) estiment que la reprise sera faible ou modérée. Concernant les sites fermés, une majorité de répondants n’envisage pas de réouverture avant deux semaines, un grand nombre d’entre eux envisageant d’attendre la fin de la période de confinement. Grégoire Noble