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L’activité des artisans a retrouvé son niveau d’avant crise (Capeb)

Grégoire Noble
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Jean-Christophe Repon (président de la Capeb)

Avec une croissance annuelle de +12,5 % en 2021, l’artisanat du bâtiment a effacé le recul subi en 2020 (-9 %). La dynamique observée est bonne, portée notamment par un effet MaPrimeRénov’ qui booste la rénovation énergétique des logements. Cependant, quelques inquiétudes demeurent, concernant les prix de l’énergie et des matériaux qui ne redescendent pas, ou l’endettement qui progresse… Revue de détails avec Christophe Repon et les responsables de la Capeb.

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En attendant la publication d’un livre blanc à l’attention des candidats à la présidentielle, à la mi-février, la Capeb s’active pour évaluer l’impact des différents soubresauts de la crise sanitaire sur l’activité de ses 58 000 adhérents. Au point de vue financier par exemple, l’endettement a progressé et son taux s’établit désormais à 55 % (déclaration 2020) contre 35 % en 2019. Pour les plus petites entreprises, celles de moins de 10 salariés, ce chiffre est même monté à 57 %. Dans le même temps, la trésorerie nette a favorablement évolué grâce au PGE et aux multiples aides et facilités accordées par l’Etat dans le cadre du « quoi qu’il en coûte ». Les entreprises bénéficient de 22 jours de chiffre d’affaires de plus. Cependant, certaines ont tout de même vu leur trésorerie reculer, notamment dans le secteur de la maçonnerie où les investissements sont lourds et les temps de retour plus longs que dans d’autres corps de métier. La valeur ajoutée a baissé (-5,7 % voire -6,9 % pour les TPE) car les entreprises ont eu recours à la sous-traitance. Autant de facteurs qui contribuent à grignoter le résultat net, qui est passé de 3,9 % à 3,5 %. « Il y a une dégradation mais pas de chute catastrophique », analyse Jean-Christophe Repon.

Du côté des hausses de prix des matériaux, une étude réalisée en interne par la confédération révèle que les difficultés d’approvisionnement se sont accrues au fur et à mesure de l’année 2021 et semblent s’installer dans le temps. La hausse des prix observée sur l’an passé s’établit à +18 % en moyenne, impactant tout d’abord les menuiseries et métalleries (+23 %), plus sensibles aux évolutions des cours de l’acier et du bois. Une flambée que tous n’ont pas encore répercuté sur leurs tarifs, loin de là : seules 45 % des entreprises les ont augmentés, et encore, de façon mesurée (1/3 de la hausse répercutée). Là encore, le président de la Capeb se montre philosophe : « L’artisanat a fait preuve de résilience et il a bien réagi. Mais les marges baissent, tout doucement, et nous recommandons une grande vigilance sur les charges fixes, dont le coût des contrats d’énergie (électricité, gaz, carburant…) ».

+12,5 % en 2021 puis +2,5 % en 2022 ?

Toutefois, les résultats définitifs de l’année 2021 restent plus qu’honorables (+12,5 % par rapport à 2020), et l’activité dépasse le niveau d’avant crise (+3,5 % par rapport à 2019). Alain Chouguiat, le directeur des Affaires économiques à la Capeb, analyse : « Nous revenons à des taux de croissance conventionnels et une économie plus normale. Sur la construction neuve, en volume nous enregistrons +11 % par rapport à 2020, avec un véritable rattrapage. Sur la rénovation, nous sommes à +14 % et ce segment, qui tire l’activité des artisans. La demande a progressé, portée par les dépenses des ménages qui ont été réorientées depuis les voyages ou l’épargne ». Sur le segment précis de la performance énergétique – qui ne représente qu’une part de toutes l’entretien-amélioration – les professionnels notent un effet MaPrimeRénov’, comme le note Jean-Christophe Repon : « C’est une véritable réussite de la simplification et du raccourcissement des délais de traitement des dossiers ». Rien d’étonnant à ce que l’amélioration de la performance énergétique des logements soit donc le segment le plus porteur (+16 %).

Les carnets de commandes se tarissent peu à peu, mais représentent toujours 91 jours au 4e trimestre de 2021. Du côté de l’emploi et de l’apprentissage, le bilan est très positif avec
26 000 salariés recrutés l’année dernière et 66 600 apprentis présents dans le secteur du bâtiment, principalement dans des PME. « C’est un vivier de futures compétences et de potentiels repreneurs », se réjouit le président de la confédération qui fait remarquer que la promesse a été plus que tenue par rapport aux engagements pris, voilà 1 an, face à Bruno Le Maire et Elisabeth Borne quant aux embauches. La Capeb continue toutefois de réclamer d’autres mesures, comme l’adoption de la TVA à 5,5 %. Quant au futur rôle de l’Accompagnateur Rénov’, quelques interrogations subsistent sur l’intervention d’acteurs privés chargés de contrôler ou de réguler le marché de la rénovation. « Ce rôle ne doit pas échapper à l’artisanat. Nous sommes compétents et suffisamment nombreux pour répondre à la demande du marché », assure Jean-Christophe Repon. Pour 2022, les perspectives d’activité restent donc positives et estimées à +2 ou +3 %, permettant de poursuivre la dynamique de recrutements et d’apprentissage.

Grégoire Noble
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