L’artisanat du Bâtiment «résilient» dans la tourmente
Selon la dernière note de conjoncture de la Capeb, les résultats du troisième trimestre confirment l'aggravation de la crise dans le secteur du bâtiment. Avec un recul global de 5 % de l'activité en un an, les entreprises artisanales font face à un environnement de plus en plus difficile.
Si l'activité dans la construction neuve est particulièrement dégradée avec une chute qui atteint désormais 11 %, le secteur de l'entretien-amélioration n'est plus épargné, enregistrant une nouvelle baisse de -1 %, tandis que les travaux liés à la performance énergétique des logements continuant de reculer, affichant une diminution de -0,5 %.
Inquiétude sur les trésoreries et l’emploi
Dans ce contexte morose, la situation financière des entreprises ne cesse de se dégrader. Le solde d’opinion sur la trésorerie a chuté à -22 points, un niveau critique après s'être stabilisé entre -10 et -15 depuis 2022. Près d’un quart des entreprises déclarent des besoins de trésorerie, principalement attribués à la baisse de l’activité et à l’allongement des délais de paiement de leurs clients. Cette situation affecte directement l’emploi dans le secteur, notamment dans les entreprises de moins de 20 salariés, où l’emploi salarié a reculé de -3,1 % en glissement annuel au troisième trimestre 2024.
Par ailleurs, les carnets de commandes des entreprises de construction ne cessent de s’amenuiser, atteignant une moyenne de 71 jours de travail à venir à la fin du troisième trimestre 2024, soit 6 jours de moins que l’année précédente. Cette baisse affecte l'ensemble des corps de métier, avec des évolutions comprises entre -3,5 % pour l’aménagement-décoration-plâtrerie et -6,0 % pour la maçonnerie. Seule exception : les entreprises de couverture-plomberie-chauffage, qui voient leur volume d’activité se détériorer davantage, passant de -2,0 % à -5,0 %.
Des motifs d’espoir
Cependant, selon la Capeb, quelques « signes de résilience apparaissent ». Le volume d’activité dans le secteur de l’entretien-amélioration a enregistré une baisse limitée à -1 % en glissement annuel ce trimestre, confirmant la tendance observée précédemment. De même, les travaux d’amélioration de la performance énergétique des logements résistent (-0,5 %). Un éventuel redressement du marché immobilier pourrait soutenir ces catégories de travaux, notamment grâce à la baisse des taux des crédits à l’habitat et à la diminution des prix des logements anciens. Mais pour l’instant, cet espoir reste lointain, le nombre de ventes de logements anciens ayant chuté de -20 % sur un an, avec seulement 783 000 ventes enregistrées entre août 2023 et juillet 2024.
Les perspectives pour 2025 restent donc incertaines, d’autant que certaines décisions politiques risquent d’aggraver la situation du secteur, regrette la Confédération en citant, le projet de loi de finance 2025, par exemple, qui prévoit une réduction de l’enveloppe allouée à MaPrimeRénov’, une augmentation de la TVA sur les chaudières à gaz de 5,5 % à 20 %, ainsi qu'une baisse des aides à l’apprentissage.
Cependant, parmi les signes plus encourageants, sur le plan macroéconomique, la confédération note la confirmation de la désinflation avec une hausse modérée de 1 % de l’indice des prix à la consommation en septembre 2024, et la décision de la Banque Centrale Européenne d’assouplir sa politique monétaire, avec deux baisses des taux directeurs en juin et septembre. Toutefois, ces mesures n'auront pas d’effet positif sur le secteur avant plusieurs mois au minimum.
Evolution du volume d'activité
Au troisième trimestre 2024, la baisse du volume d'activité dans l'artisanat du bâtiment s'accentue encore, atteignant -5 % en glissement annuel, contre -3 % au trimestre précédent. Cette dégradation est principalement due à la chute prononcée de l'activité dans la construction neuve, qui passe de -6,5 % au deuxième trimestre à -11 % au troisième trimestre. Parallèlement, l'activité dans l'entretien-amélioration recule au même rythme que précédemment (-1 % en volume), tout comme celle liée à l'amélioration de la performance énergétique des logements (-0,5 %)
Evolution par corps d'état
La baisse de l'activité se poursuit et s'accentue pour l'ensemble des corps de métier, avec des reculs compris entre -3,5 % et -6 %. La maçonnerie reste le secteur le plus touché, enregistrant une baisse de -6 % pour le sixième trimestre consécutif. L'activité des entreprises de Couverture-Plomberie-Chauffage se détériore davantage, passant de -2 % au deuxième trimestre à -5 % au troisième trimestre 2024. De leur côté, les entreprises d'Aménagement-Décoration-Plâtrerie affichent la baisse la plus modéré, avec un recul limité à -3,5 %. Les métiers de l'Électricité et de la Menuiserie-Serrurerie suivent des tendances similaires, enregistrant respectivement des baisses entre -4,5 et -5%
Les carnets de commandes perdent 6 jours
Au troisième trimestre 2024, les carnets de commandes des entreprises couvrent en moyenne 71 jours de travail, poursuivant leur lente diminution amortie depuis début 2022. Les soldes d'opinion sur ces carnets sont majoritairement négatives, avec une dégradée plus marquée dans la construction neuve ( -25 points) que dans l'entretien-amélioration (-10 points). Cette tendance est similaire pour les petites entreprises, avec des ventes d'opinion comparables pour celles de moins de 10 salariés (-16 points) et celles de 10 à 20 salariés (-14 points).