Les ministres répondent présents aux artisans de la Capeb, mais restent prudents

Au cœur de la séance plénière du Congrès de la Capeb le 12 avril à la Maison de la Mutualité, la question de l’attractivité des métiers de l’artisanat du Bâtiment posée sous toutes ses formes.  Un fil rouge abordé au cours de trois tables rondes qui ont réuni notamment économiste, sociologue, Le Haut-commissaire à l’enseignement supérieur, l’Ademe, pour analyser les conditions de la pérennité du modèle artisanal et lancer des pistes d’actions pour « changer de paradigme face aux défis environnementaux et sociétaux ». Mais cette thématique est revenu également, lors des interventions des deux ministres ayant répondu présents à l’appel de la Capeb : Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique pour ouvrir la séance et en clôture, Guillaume Kasbarian, ministre du Logement, illustrant le rôle clé que peuvent jouer les artisans face à ces enjeux. 

« L'ambition n'a pas changé mais la règle doit rencontrer la réalité »

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Chacun des ministres s’est prêté au jeu des échanges francs et directs, en face à face avec le président de la Capeb, Jean-Christophe Repon, bien décidé à obtenir des précisions et des garanties quant aux annonces de simplification faites en mars dernier. « Nous étions très heureux des annonces de simplification de MaPrimeRenov’ et du RGE, mais depuis on s’interroge à l’écoute de certaines déclarations qui semblent remettre en cause certaines dispositions et semblent nous désignés coupable du recul de la rénovation et adversaire des rénovations globales », s’interroge Jean-Christophe Repon. Rassurant, Christophe Béchu rappelle que les annonces de mars étaient claires : «  Nous gardons la volonté de promouvoir les rénovations d’ampleur, mais nous avons pu mesurer avec des chiffres de demandes en baisse, qu’il y avait encore trop d’irritants et que nous allions trop vite. Les évolutions annoncées doivent permettre à la règle de rencontrer la réalité. ». Le ministre a également profité de ce temps de parole pour défendre l’Anah, fortement critiquée sur les délais d’instruction des dossiers et de versements des primes. Et de soumettre une idée, celle de « déléguer une partie des fonds de l’Anah vers les collectivités, intercommunalités ou départements ». 
 

Simplification RGE et GME  : « deux dossiers prioritaires», mais pas de calendrier

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La présence massive des artisans sur les chantiers de rénovation dépend également de l’épineuse question du label RGE. Là encore Jean-Christophe Repon s’est montré incisif pour obtenir plus de détails sur la mise en œuvre de la simplification du système sous forme de validation des acquis de l’expérience (VAE). En réponse, la promesse de Christophe Béchu de prochaines précisions sur ce sujet, tout comme sur deux autres dossiers « prioritaires » : « la mise en place d’un parcours de travaux redessiné » et la reconnaissance des GME (Groupement momentané d’entreprises), « moyen pour les artisans de ne pas être de simples sous-traitants ». 
Venu rassurer la profession en attente de réponses mais aussi de reconnaissance, le ministre, sur ce point, n’a pas déçu son auditoire en réaffirmant pour conclure : « les chantiers pour le climat passe par les artisans, c’est ma conviction. Et ça rejoint le besoin de sens pour renforcer l’attractivité de vos métiers. Vous faites intégralement partie de l’équipe de France de la rénovation énergétique. Nous ne réussirons cette transition qu’avec vous. »
Un enthousiasme que n’a pas démenti Guillaume Kasbarian, venu assurer la clôture de l’événement, avec là encore quelques paroles rassurantes pour les artisans. Toutefois, le ministre du Logement a aussi mis en garde la filière contre les attaques répétées à l’égard de MaPrimerenov’ et de l’Anah. « Nous devons avoir un discours positif sur la rénovation énergétique afin d’encourager les Français à mener ces travaux et construire avec l’ensemble des acteurs une ambition forte mais réaliste ». Le ministre a également profité de la tribune pour aborder la crise de la construction neuve, reprenant le leitmotiv de Christophe Béchu et son objectif de créer un choc d’offres avec l’annonce d’un projet de loi en juin à l’Assemblée. 

Les artisans de la rénovation énergétique, « vrais héros du climat »

Dans un contexte de marché « contracté » selon les termes du président Repon, les discours des deux ministres et leur volonté affichée de les positionner au cœur des réussites de la transition énergétique et du combat pour le climat auront-ils réussi à doper le moral des chefs d’entreprises artisanales du Bâtiment ? Les tables rondes qui ont rythmé la matinée ont relayé ce même discours enthousiaste, enjoignant la filière à communiquer davantage sur le sens et les valeurs de la profession. François Gemenne, spécialiste des questions de géopolitique de l'environnement et co-auteur du 6ème rapport du GIEC, n’a pas hésité à lancer : « Les installateurs de PAC, les installateurs de panneaux solaires, et tous les artisans qui travaillent sur les chantiers de rénovations énergétiques, ce sont eux les vrais héros du climat ». Une formule qui pourrait nourrir les messages de prochaines campagnes de promotion des métiers pour attirer de nouvelles recrues, à l’heure où le manque de bras qualifiés ne cesse d’augmenter.