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Le photovoltaïque peut-il résister au Covid-19

Marie Laure Barriera
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« Avant la crise du Covid-19, l’année 2020 s’annonçait comme une très belle année pour le marché mondial du photovoltaïque », s’exprime avec regret EurObserv’ER dans les premières phrases de son dernier baromètre consacré au secteur. En Europe, l’un des moteurs de croissance cette année aurait dû être la directive 2009/28/CE fixant 2020 comme date ultime pour atteindre les objectifs contraignants en énergies renouvelables. Mais l’Europe touchée par le Covid-19 a vu se réduire le nombre d’installations, l’ajournement de projets, et selon Wood Mackenzie, il faut s’attendre dans les prochains mois à « un déclin du solaire distribué dans le secteur résidentiel, et à des retards dans le secteur des grandes centrales ». Le cabinet de consultants anticipe également une baisse des prix des modules solaires liée à la reprise d’activité des usines de productions chinoises, alors qu’aux Etats-Unis et en Europe, elles tournent au ralenti.

Un contexte de crise sanitaire qui freine donc la dynamique enregistrée en 2019. Une croissance poussée principalement par trois facteurs en Europe : « la solidité du marché solaire allemand, le retour au premier plan du marché espagnol et la montée en puissance des marchés néerlandais, belge, polonais, hongrois et grec. »

Autre levier de cette croissance, le développement de l’autoconsommation solaire encouragé dans le cadre de la législation européenne. La directive énergie renouvelable du 11 décembre 2018 demande en effet aux États membres d’établir un cadre réglementaire afin que toute personne ait le droit de produire, de consommer sa propre production, de stocker et de vendre l’électricité sans devoir supporter de charges disproportionnées.

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La situation en France

Selon le SDES (ministère de la Transition écologique et solidaire), la France a raccordé une puissance de 965,6 MW, soit un volume un peu inférieur à celui de 2018 (+1 006 MW). Mais décompte fait de la puissance mise hors service (5,1 MW en 2019), la puissance du pays (c’est-à-dire la puissance maximale pouvant être délivrée au réseau) franchit pour la première fois le seuil des 10 GW (10 575,9 MW fin 2019). Pour 2020, l’incertitude plane comme dans les autres pays, mais des mesures ont été prises dès avril pour amortir le choc de la crise sanitaire : délais additionnels pour supprimer les pénalités de retard, , gel pour trois mois des tarifs d’achat de l’électricité qui devait baisser au 1er avril pour les petits projets de solaire photovoltaïque, et décalage des calendriers des prochaines périodes d’appels d’offres.

La période n’a toutefois pas entièrement stoppée ces attributions d’appels d'offres pour poursuivre les projets. 88 d’entre eux ont ainsi été désignés lauréats de l’appel d’offres “solaire photovoltaïque au sol” et 39 ont été désignés lauréats de l’appel d’offres “solaire photovoltaïque innovant”. Enfin, sur l’autoconsommation, s’ajoutent 30 nouveaux projets. Le mois d’avril a aussi été le cadre de la publication, bien que retardée, de la nouvelle nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), l’outil de pilotage de la politique énergétique créé par la loi de transition énergétique pour la croissance verte, Concernant le photovoltaïque, la France s’est fixé un objectif de 20,1 GW pour 2023 et entre 35,1 GW et 44 GW d’ici 2028.

Europe, quelles perspectives ?
AU-delà des chiffres, le baromètre publié par EurObserv’ER remet aussi en perspective les nouveaux enjeux pour la filière. La question de la relocalisation industrielle, par exemple remise sur le devant de l’actualité par la crise sanitaire. Parmi les autres enjeux à relever à l’échelle européenne, sont cités « les perturbations logistiques dans la chaîne d’approvisionnement, l’impossibilité de respecter les délais pour bénéficier des incitations prévues, les incertitudes concernant la future demande d’électricité, les futurs débouchés et le niveau des prix de l’électricité de marché si la crise économique s’installe dans la durée ». Sans nier les difficultés, le baromètre donne aussi un peu d’optimisme à la filière en rappelant l’existence de conditions favorables pour son développement : » baisses de coût de production, image positive auprès du grand public, soutien politique et cadre législatif favorable. »

Mais il est clair pour les auteurs d’EurObserv’ER que cet avenir tiendra aussi à la capacité des gouvernements des États membres à se coordonner pour créer un véritable plan de relance au sein de l’Union européenne, en planifiant et en accélérant les projets et la recherche dans les domaines des infrastructures, du stockage, de l’hydrogène...

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Marie Laure Barriera
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