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Rénover consomme 17 fois moins de ressources que construire

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] L’Ademe a réalisé une étude prospective sur la consommation de matériaux par la rénovation et la construction neuve aux horizons de 2035 et 2050. La réhabilitation de bâtiments existants, forcément moins gourmande, y est précisément évaluée afin d’obtenir un poids moyen en tonnes par mètre carré à comparer aux besoins pour construire une même surface. Les résultats sont édifiants.

Chaque année, le secteur du bâtiment neuf consomme plus de 50 millions de tonnes de matériaux : béton, acier, verre, terre cuite, ardoise, bois, métaux et plastiques... Mais dans un contexte d’épuisement des ressources naturelles comme le sable, la rénovation de l’existant ne serait-il pas préférable à la construction ? Pour répondre à cette question et surtout, pour évaluer la différence de besoins entre ces deux choix, l’Ademe a réalisé en parallèle deux études prospectives comparant les besoins respectifs de la construction et de la rénovation au niveau BBC des bâtiments français, en tonnes par mètre carré (t/m2) pour le logement et pour le tertiaire.

Les Ehpad qui vont se multiplier sont les plus gourmands en ressources...


L’habitat se montre le plus gourmand en termes de matériaux puisqu’il mobilise plus de 80 % des besoins du secteur. Il engloutit ainsi chaque année 18 millions de tonnes de granulats, 13,9 Mt de sable, 4,4 Mt de ciment, 2,8 Mt de terre cuite et 1,3 Mt de plâtre... Dans le même temps, les constructions tertiaires ne nécessitent « que » 3,6 Mt de granulats, 2,7 Mt de sable et moins de 1 Mt de ciment. En analysant les résultats plus finement, on voit que le ratio t/m2 est de 1,19 pour les maisons individuelles et qu’il est de 1,57 pour le collectif. Un résultat qu’explique l’Ademe : « Le ratio de consommation total pour les logements collectifs et les Ehpad est supérieur de 30 % à celui des maisons individuelles, du fait que ce type de bâtiment consomme une part importante de matériaux en fondations et infrastructures (dont parkings enterrés) et a recours à des modes constructifs à base de murs porteurs, composés de béton plein, alors que les blocs béton et la terre cuite – moins pondéreux – sont utilisés majoritairement pour les maisons. Enfin, les surfaces unitaires et totales des maisons individuelles sont très supérieures à celles des logements collectifs » (les pièces sont plus grandes dans les pavillons que dans les appartements, NdlR). Dans le tertiaire, ce sont les hôtels et bureaux qui présentent l’empreinte la plus importante (1,43 et 1,25 t/m2), là aussi en raison du recours au béton plein, qu’il s’agisse de « voiles porteurs » ou de « poteaux-poutres » et « murs rideaux ». Les grandes surfaces commerciales, quant à elle, sont atypiques puisqu’elles utilisent principalement de la construction métallique (0,94 t/m2).
L’Ademe estime qu’à l’avenir, jusqu’en 2035 puis au-delà jusqu’en 2050, les tendances constructives pourraient évoluer selon deux scénarios distincts : le « Business as usual » avec un maintien des parts de marchés des différents produits de la construction et le « Bois & Bio » où les matériaux naturels connaîtraient un fort développement se substituant aux matériaux minéraux. En raison d’une baisse des surfaces construites, la quantité de matériaux requis diminuera légèrement au cours des prochaines décennies. Toutefois, les scénarios aboutissent à une consommation cumulée d’environ 1,5 milliards de tonnes de produits de construction sur la période comprise entre 2015 et 2050... Un programme peu soutenable, d’autant que la rénovation se montre beaucoup plus parcimonieuse.
Pour rénover entièrement le parc français et atteindre, en 2050, le niveau BBC, l’Ademe a calculé que seulement 74 millions de tonnes de matériaux seront nécessaires, soit 17 fois moins que la construction. Les isolants, volumineux mais peu pondéreux, ne représenteront même que 17 Mt répartis sur 35 ans. La laine de verre sera, d’après l’étude, le matériau le plus utilisé pour les maisons individuelles, avec entre 1,4 et 3,6 Mt utilisées (selon le scénario). « En volume, c’est le PSE et la laine de roche qui arrivent en seconde position, quasiment à égalité. En masse, c’est la ouate de cellulose qui arrive en seconde position, suivie de la laine de bois », ajoutent les auteurs. En logement collectif, les besoins seront environ 7 fois moins importants que pour les pavillons isolés. Cette fois, le PSE prendra le meilleur sur les laines minérales en termes de volumes. « En masse, c’est la fibralith qui sera la plus utilisée, suivie de la laine de laitier puis du PSE », selon si le scénario met l’accent sur l’innovation ou la continuité des techniques.
L’Agence conclut : « Mises en regard des problèmes de pression sur les ressources, des questions d’artificialisation des sols liées à la construction neuve, et d’émissions de gaz à effet de serre souvent plus favorables à la rénovation, ces deux études apportent donc un élément supplémentaire plaidant en faveur de la rénovation et pour la limitation, autant que possible, de la construction neuve au strict nécessaire ». Un plaidoyer pour la frugalité et le bon sens et une opportunité à saisir pour les entrepreneurs du bâtiment qui sauront se convertir à la rénovation écoresponsable.

G.N.
Grégoire Noble
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