Kloeckner Metals publie un livre blanc sur l’avenir des aciers “verts”
Dans un livre blanc rédigé en tandem avec le Boston Consulting Group, la filiale française de l’allemand Kloeckner& Co − spécialisé dans la distribution d’acier, de métaux et de fournitures industrielles − braque les projecteurs sur l’opportunité d’une tarification écologique à destination des aciéristes en Europe. Et comment le marché devrait se développer à l’horizon 2035.
Évoquer les aciers “verts” ne serait, a priori, plus un oxymore bien qu’il y ait encore un certain nombre de freins technologiques pour produire un acier décarboné. Voilà tout juste un an, la maison-mère de Kloeckner Metals France livrait d’ailleurs ses premiers lots d’aciers Nexigen : un dispositif de classification définissant six catégories de produits pour aider les acheteurs des filières du BTP et de l’industrie à s’approvisionner en acier dits “durables”.
Sa démarche s’inscrit directement dans le cadre de la feuille de route baptisée “Kloeckner takes action 2024” (mot à mot : “Kloeckner passe à l’action pour 2024”).
Ce 24 août, dans un post publié sur Facebook, l’enseigne rappelle ainsi que « nous avons déjà atteint 43 % de notre objectif pour les scopes 1 et 2* en économisant 90 000 tonnes de CO2 par an ». En 2022, l’ensemble de sa flotte automobile, par exemple, a été réformée en se dotant de véhicules hybrides.
* Le scope 1 concerne les émissions de gaz à effet de serre directement liées à la fabrication du produit. - Le scope 2 comptabilise les émissions indirectes liées aux consommations d’énergie secondaire.
Extraction, production : 85 % d’émissions carbone pour l’acier
D’ici à 2030, le distributeur s’est en outre engagé à « réduire de moitié ses émissions sur le scope 2 ». Reste qu’en Europe, la période n’est plus à recourir à des process dits “palliatifs” qui induisent une réduction de 10 % à 20 % l’empreinte carbone des production d’acier.
Associés à des fours à arc électrique, de plus en plus d’anciens vieux hauts-fourneaux sont dorénavant remplacés notamment par des unités de réduction directe (DRI) à l’hydrogène vert ou au gaz naturel mais convertibles à l’hydrogène.
C’est dans cet esprit que Kloeckner Metals France a récemment publié un livre blanc sur le sujet. Réalisé en collaboration avec le cabinet Boston Consulting Group (BCG), ce document prospectif met en garde sur un possible déficit d’acier à faible impact CO2 d’ici à dix ans.
Dans un tweet daté du 17 août dernier, le négociant fournit ainsi quatre slides principales où sont mis en exergue les émissions de gaz à effet de serre (GES) amont eu égard aux scopes 1, 2 et 3. (voir infographies ci-dessous). Son livre blanc synthétise par ailleurs la manière dont l’offre des aciéristes pourraient s’adapter aux clients utilisateurs européens entre 2025 et 2023-2035. Avec ce constat : pour l’instant, « aucune annonce spécifique n’a été faite pour 2035 par les producteurs ».
Impacts d’une transformation « massive »
Entre 15 à 20 millions de tonnes d’acier à faible émission carbone pourraient manquer en Europe d’ici à 2035 si la consommation continue d’augmenter (construction, automobile, électroménager, etc.).
Dans un rapport diffusé en mai 2023, France Stratégie − le centre de réflexion attaché à Matignon − passe en revue toutes les incidences économiques envisagées en lien avec les politiques de transition énergétique et environnementale. De son côté, la Banque de France met en garde dans son étude publiée du 5 avril dernier.
« Les effets possibles [de la transformation environnementale au cours des prochaines années] sur l’activité et sur l’inflation durant la transition peuvent varier sensiblement selon les chocs considérés », estiment ainsi ses experts. Quatre grands scénarios ont été définis pour refléter des transitions… « abruptes mais plausibles ». Avec des chocs, a priori, plus ou moins similaires aux précédentes révolutions !
Dans un article publié en août 2022 intitulé “Quelle transition écologique pour l’acier en France ?”, le réseau Action Climat France rappelle que le secteur de la construction reste le principal consommateur d’acier − à hauteur de 43 %.
Émissions carbone : pour des informations « transparentes et visibles »
• Dans le cadre de ses aciers Nexigen à moindre impact CO2, Klöckner & Co détermine désormais l’empreinte carbone « pour la quasi-totalité des quelque 200 000 produits en portefeuille ».
• Son dispositif PCF (Product Carbon Footprint : empreinte carbone des produits) prend en compte « toutes les émissions du produit, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la livraison aux portes de l’usine du client ».
• Le calcul est effectué par l’algorithme Nexigen PCF certifié TÜV SÜD conformément aux normes internationales ISO 14067, réf. 14040 et 14044 et le Protocole sur les gaz à effet de serre. Cet algorithme a été développé en interne avec le Boston Consulting Group.