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La maison individuelle, première source d’artificialisation des sols

Grégoire Noble
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lotissement pavillons banlieue

L’objectif de « Zéro Artificialisation Nette » est-il tenable alors que tous les Français rêvent d’un pavillon avec jardinet ? Quel est l’avenir de la maison individuelle face à la réalité du changement climatique et l'épuisement des ressources ? Vincent Le Rouzic (Fabrique de la Cité) livre une étude sur un sujet qui divise, entre promoteurs intéressés, élus déboussolés et citoyens engagés.

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Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, déclarait en octobre 2021 : « Le modèle à l’ancienne, d’un pavillon avec jardin dont on peut faire le tour, nous mène à une impasse ». Des propos clairs, affirmés, qui entrent en conflit avec les aspirations des Français, mais également avec les ambitions des constructeurs de maisons individuelles et avec celles des élus locaux, désireux d’attirer de nouveaux actifs dans leur territoire… Vincent le Rouzic, directeur des études à la Fabrique de la Cité, résume : « Concilier les enjeux écologiques, économiques et sociétaux constitue un chemin de crête qui peut rapidement devenir un chemin de croix ».

La ministre d’alors expliquait : « Le logement a un impact écologique fort pour ses émissions carbone, mais aussi pour la terre qu’il consomme et ses besoins en transport qu’il génère. Et pour autant, les besoins en logements sont importants. Ils ne fléchissent pas. Je pense à tous ces Français mal logés, ils ne peuvent pas être une variable d’ajustement ». Selon les chiffres du Cerema, l’habitat représente bien la majorité de l’artificialisation des sols : 68 % (entre 2009 et 2019). Encore plus fort, dans une autre étude, l’Insee montrait que 90 % des terres artificialisées pour un usage résidentiel étaient liées à la maison individuelle (entre 2005 et 2013). Pour autant, les Français sont conscients de ce phénomène et disent considérer ce sujet comme important (88 %), voire prioritaire (59 %). Dans le même temps, ces citoyens préfèreraient idéalement vivre dans une maison (79 %)…

Concilier sobriété foncière et habitat individuel

La solution pourrait venir d’une solution simple : rénover le parc existant et densifier de manière non intensive. Cela pourrait consister par exemple à réhabiliter thermiquement un pavillon désuet et à financer cette opération par la location d’une extension ou d’une autre habitation neuve, à faible empreinte écologique, à bâtir sur le terrain. Vincent Le Rouzic rappelle que des démarches expérimentales dans ce sens ont été menées à Périgueux, au Creusot et à Nevers. Autre possibilité, opter pour des maisons plus petites et mieux anticiper l’impact sur les sols.

La Fabrique de la Cité note que la taille moyenne d’un terrain à bâtir est de 950 m². Or, dans l’idéal, les Français affirment pouvoir se contenter de petits jardins (moins de 250 m²) ou de jardins moyens (de 250 à 500 m²). L’auteur de la note souligne que « le lien entre formes urbaines et biodiversité révèle de nombreuses lacunes et imprécisions de la littérature scientifique » et « qu’il n’est pas possible d’établir un lien systémique entre taille des jardins et biodiversité ». Certaines études montrent que les plus grands jardins hébergent davantage d’arbres plus grands, accompagnés de potagers et de sites de compostage. D’autres avancent que la taille de la parcelle n’a pas d’impact, contrairement à l’usage qui en est fait, notamment au niveau du stockage carbone qui est plus important dans le cas des jardins familiaux que des sols agricoles.

Alternativement, la transition pourrait se faire vers une forme intermédiaire entre habitat individuel et logement collectif. La Fabrique de la Cité évoque « des copropriétés horizontales » et des habitats participatifs où « vivre ensemble chacun chez soi », au moyen de généreux espaces extérieurs. Car les Français n’aiment pas être importunés par leurs voisins et souhaitent avoir accès à un espace extérieur privatif. D’où l’importance de la qualité architecturale des constructions, et de son ingéniosité pour marier ces désiderata aux contraintes de compacité des volumes pour économiser l’énergie, de respect de l’intimité et de gestion des apports solaires… La quadrature de la parcelle en somme.
 

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Grégoire Noble
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