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[FOCUS] Bois Énergie : il fait feu de tout bois

Jérémy Becam
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Souvent mis de côté face aux autres énergies renouvelables, le bois est revenu sur le devant de la scène depuis quelques années. Entre l’intérêt écologique, économique et les aides mises en place par les pouvoirs publics, le bois énergie a connu une croissance régulière auprès du grand public soutenue par des combustibles et des équipements de plus en plus performants.

Nous avons tendance à l’oublier, mais le bois est la première énergie renouvelable de France et de loin puisqu’il représente 40 % des énergies renouvelables produites sur notre territoire et près de 70 % de la chaleur renouvelable. « Le marché du bois énergie se développe de façon régulière depuis plusieurs années mais relativement lentement. C’est un marché qui suit directement celui du prix du pétrole. Quand le prix de ce dernier baisse, les ventes des équipements bois ralentissent, et quand il augmente, elles s’accélèrent. Depuis l’annonce du gouvernement d’abandonner les chaudières fioul, les aides et les CEE ont permis d’augmenter les ventes envers les particuliers », explique Philippe Gondru, président de Hargassner France. Le 24 janvier 2019, le gouvernement français a en effet annoncé son plan de sortie du chauffage domestique au fioul. Ce plan s’est accompagné d’aides importantes pour que les particuliers puissent délaisser leurs chaudières incompatibles avec les objectifs du plan climat. « Cette décision et les autres mesures mises en place depuis trois ans ont entraîné une hausse de 40 % des ventes de chaudières granulés entre 2017 et 2018, tandis que les ventes ont doublé en 2019 », commente Éric Vial, président de Propellet et du Syndicat des fabricants de chaudières biomasse. Des chiffres confirmés par l’étude qualitative 2018 du marché des appareils domestiques de chauffage au bois publiée par Observ’Er en mai 2019. Portées par les équipements à granulés, le combustible en pleine croissance, les ventes des poêles à bois et des chaudières à bois ont connu une hausse de 1,1 % et de 10,1 % respectivement entre 2017 et 2018. Dans le détail et sur la même période, les inserts à granulés ont connu une hausse de 32 %, les poêles à granulés de 11,9 % et les chaudières à granulés de 43,8 %. « Globalement, le bois énergie s’est fortement développé ces dernières années et, dans le même temps, le granulé gagne petit à petit du terrain sur la bûche », ajoute Éric Vial. « D’après nos statistiques, il y a une stabilisation globale du marché même si en 2019 il y a eu une légère baisse par rapport aux années précédentes en sachant que depuis plusieurs années le marché était en hausse. Depuis quelques années, le marché de la bûche a chuté mais l’augmentation du granulé a compensé jusqu’à l’année dernière », tempère tout de même Axel Richard, chargé de mission bois domestique et responsable Label Flamme Verte au sein du SER. En effet, le marché du bois énergie dépend toujours du climat et du prix des énergies fossiles.

Une énergie presque illimitée et des émissions diminuées

Deux défauts du bois énergie ont souvent été pointés du doigt : les risques de déforestation et les émissions de particules fines. En ce qui concerne le premier point, « la forêt française représente 30 % du territoire avec un accroissement naturel de 3 % par an. Dans le même temps, cet accroissement va deux fois plus vite que la demande en bois, que ce soit pour le papier, les panneaux en particules, la scierie ou le bois énergie. De plus, il faut savoir que la réglementation thermique des maisons permet d’avoir des logements beaucoup mieux isolés alors que les nouveaux équipements offrent un rendement de plus en plus élevé. Finalement, les consommations de chauffage peuvent être divisées par 5 entre une maison des années 1980 et une autre fabriquée en 2020. Il faut aussi souligner que contrairement aux autres énergies, le bois provient des forêts nationales, il n’est pas importé », détaille Alexandre Portier, directeur d’Euro Énergies, filiale de Poujoulat pour le bois énergie. Pour ce qui est des particules fines, elles restent l’enjeu principal de la filière. « Les chaudières ont beaucoup évolué ces dernières années même si les principes mécaniques sont relativement semblables. Ce qui a changé, c’est surtout la gestion et le contrôle de la combustion pour améliorer les performances et réduire les poussières. Aujourd’hui, les générateurs les plus modernes peuvent atteindre un rendement de 93-95 %. Au niveau des poussières, les normes sont de plus en plus exigeantes », commente Philippe Gondry, président de Hargassner France. Si le marché du bois énergie n’a pas encore définitivement décollé, les acteurs de la filière espèrent que les différentes aides mises en place se maintiendront et inciteront les consommateurs à choisir des équipements à bois dans les années à venir. Ils touchent tous du bois. Dossier réalisé par J. Becam

[COMBUSTIBLE] Granulé, le petit bout de bois qui monte

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« L’année 2018 a marqué un cap. C’est la première année où le nombre d’appareils à granulé vendus, chaudières et poêles, a dépassé celui des équipements à bûches. Depuis cinq ans, nous avons constaté un ralentissement de la partie bûche et un accroissement de la partie granulé, que ce soit en termes de consommation ou d’installation », explique Éric Vial. Il faut dire que le granulé semble avoir de nombreux avantages, en tout cas pour les installations domestiques. « Les appareils à granulés offrent aujourd’hui le confort, la souplesse d’utilisation, la chaleur réglable et programmable. L’autre avantage est que son usage est plus simple que celui des bûches, que ce soit pour la manipulation, le stockage ou l’entretien », ajoute Éric Vial. « Au niveau des combustibles, la bûche reste le plus utilisé. Cela s’explique principalement par le fait qu’il reste encore de nombreux équipements très consommateurs de bûches et très polluants notamment les cheminées ouvertes qui ne contrôlent pas leur combustion. L’enjeu est de remplacer ces équipements obsolètes », détaille Axel Richard. Si la bûche reste le combustible le plus économique et le plus utilisé aujourd’hui avec près de 70 % du marché des combustibles en volume, les clients finaux semblent prêts à investir davantage sur un appareil à granulés. « La bûche est essentiellement dédiée aux agriculteurs ou aux zones rurales où nos clients ont souvent accès à leur propre bois. Sinon, la plupart des particuliers qui se chauffent aujourd’hui au fioul, au gaz ou à l’électricité, choisissent une chaudière à granulé. Ce sont des équipements bien placés financièrement, les installations sont plus faciles à réaliser et le stockage est moins volumineux », commente Philippe Gondry.

Qu’en est-il du bois déchiqueté et des plaquettes forestières ? Du fait de l’espace considérable que nécessitent les plaquettes pour être stockées, leur usage est souvent réservé aux PME, aux industries ou aux institutions dotées d’un chauffage au bois collectif (écoles, hôpitaux, etc.). « Pour le bois déchiqueté, ce sont principalement des agriculteurs qui ont acheté des broyeurs et qui peuvent ainsi produire leur propre bois. C’est une solution économique car le bois déchiqueté est deux fois moins cher que le granulé. C’est un marché qui se développe aussi au sein des collectivités car les chaudières sont plus grosses et les consommations sont plus élevées », précise Philippe Gondry.

[FORMATION] Filière en pleine croissance cherche installateurs qualifiés

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La conjoncture semble aujourd’hui favorable au bois énergie. Enfin presque. En juin dernier, le Syndicat français des chaudiéristes biomasse a tiré la sirène d’alarme en rappelant que seuls 2 600 professionnels étaient titulaires de la qualification Qualibois Eau, indispensable pour l'installation d'une chaudière au bois (granulés, bûches ou plaquettes). Un chiffre pratiquement identique depuis trois ans malgré le développement du marché. « Une fois cette qualification obtenue, les artisans peuvent manquer d’accompagnement. C’est pour cela que nous avons lancé une action auprès des installateurs pour les faire rejoindre Propellet afin de pouvoir suivre différentes formations autour des granulés. Nous veillons ainsi à ce que les bonnes pratiques soient respectées comme faire le bilan énergétique du logement avant de faire une proposition, ou encore ne pas faire d’installation au-delà de 50 km de chez eux pour garantir un meilleur service, par exemple. D’une manière générale, les fabricants accompagnent déjà les professionnels à travers des réseaux de distribution et de SAV développés. Aujourd’hui, la difficulté technique pour l’installation d’un équipement de chauffage à bois est liée à l’évacuation et la fumisterie », explique Éric Vial, président de Propellet et du Syndicat des fabricants de chaudières biomasse.

« La qualification des installateurs évolue trop lentement. Quand nous réalisons une croissance de nos ventes de chaudières à granulé de 40 % en 2017 et 100 % en 2018, nous constatons que nos installateurs sont complètement en surchauffe. Il y a de nouveaux entrants qui arrivent sur le marché mais ils restent trop peu nombreux. Nous avons ouvert trois plateformes de formation QualiBois au sein du réseau Ökofen pour accompagner les installateurs. Il faut épauler les artisans qui étaient auparavant sur le marché de la chaudière à fioul. C’est aussi grâce à cette démarche que nous pourrons faciliter le développement de ce marché », ajoute Emmanuel Lisze, directeur de la communication chez Ökofen.

[RÉGLEMENTATION] Un label référence

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Créé en 2000, le label Flamme Verte est destiné à promouvoir les appareils de chauffage bois indépendants affichant un certain niveau de performances et polluant peu. « C’est un label franco-français. Il a été lancé par l’Ademe car les fabricants français étaient très en retard d’un point de vue technologique sur leurs homologues allemands et autrichiens. Nos produits ne répondaient pas aux normes européennes. À l’époque, le marché français avait obtenu une dérogation pour permettre aux différents fabricants d’améliorer progressivement leurs produits. Aujourd’hui géré par le SER, ce label dépasse les critères de poussières des normes européennes. Ces dernières devraient d’ailleurs être revu à la hausse en 2020 ou 2021 », explique Philippe Gondry, président de Hargassner France. « L’enjeu de la réduction des particules fines est la raison de la création du label Flamme Verte », ajoute Alexandre Roesch, délégué général du SER. « Aujourd’hui un appareil labellisé 7 étoiles va émettre entre 10 et 30 fois moins qu’un appareil obsolète. La quasi-totalité des fabricants français ont labellisé leurs produits et les exigences du CITE sont calées sur ce label ou l’équivalent. C’est une marque établie et reconnue, que ce soit par le secteur ou par le grand public ».

Depuis 2010, les appareils labellisés portent une étiquette de performance énergétique et environnementale, utilisant un système d’étoiles. Le nombre d’étoiles est déterminé selon un calcul qui prend en compte les performances des appareils : rendement, émissions de monoxyde de carbone (CO), de particules fines (PM) et d’oxyde d’azote (NOx). Depuis le 1er janvier 2020, seuls les appareils les plus performants (7 étoiles) sont marqués Flamme Verte. Concrètement, un poêle à bûches Flamme Verte doit émettre moins de 40 milligrammes par m3 de fumée et moins de 30 milligrammes par m3 de fumée pour un appareil à granulés. Aujourd’hui encore, 82 % des particules dues au chauffage au bois sont émises par des foyers ouverts et des appareils trop anciens.

[CORONAVIRUS] Les acteurs du secteur restent mobilisés

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Alors que la période de confinement contraint la majorité des Français à rester à domicile pendant cet épisode de froid, les besoins de chauffage atteignent des niveaux élevés en ce début de printemps. Face aux inquiétudes liées aux besoins du pays, la filière des biocombustibles, à travers un communiqué du SER, a déclaré « assurer la sécurité d’approvisionnement des ménages qui se chauffent au bois via une activité forestière maintenue et des canaux de distribution opérationnels (via les livraisons des distributeurs spécialisés, les grandes surfaces alimentaires, ou les retraits de commande des magasins de bricolage) ». En ce qui concerne les installateurs, Alexandre Roesch, délégué général du SER, souligne quand même une légère inquiétude : « les professionnels du secteur sont confrontés à la méfiance des particuliers. Beaucoup refusent de recevoir un installateur chez eux en raison des risques de transmission du virus. Il faudra prendre du recul sur l’impact de ce confinement sur les installations d’équipements à bois ». Du côté des fabricants, Philippe Gondry, président de Hargassner France est, lui, plus confiant : « nous ne sommes pas trop impactés par ces mesures de confinement car nous arrivons à la fin de la période de chauffe. Les installateurs sont davantage en phase de devis et d’études pour leurs clients. Nous avons du stock en cas de besoin de pièces détachés et de SAV. Nous répondons aux demandes de nos clients installateurs mais les besoins restent limités ».

Jérémy Becam
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