Stéphane Aria se casse la tête ! L’interview d’un Zèbre (avec un Z comme Ze Awards)
Je l’assume. J’ai comparé sur les réseaux sociaux Stéphane Aria à Khabi Lame, l’influenceur planétaire, et à Dave Grohl, le batteur de Nirvana et fondateur du groupe de rock Foo Fighters. Pourtant, Stéphane a un aspect bien plus pâle que Khabi et il est beaucoup moins chevelu que Dave. Alors mes comparaisons sont-elles farfelues ? Les réponses sont à chercher derrière les apparences. Les éléments vont s’imbriquer un à un. Dans cette interview, on va gratter le vernis, comme le ferait un ébéniste comme Stéphane avant de restaurer un meuble.
Dave Grohl, Stéphane Aria et Khabi Lame
« Ceux qui me suivent sur mes réseaux sociaux le savent bien, j’aime réutiliser de vieux matériaux pour les transformer. Par exemple, je vais découper une vieille armoire pour en faire des façades de tiroirs pour une commode ou une cuisine. »
Et là, c’est nécessaire de bien gratter le vernis !
Comme lorsque j’avais lancé cette devinette sur LinkedIn : quel est le point commun entre Dave Grohl et Stéphane Aria ? J’ai reçu des dizaines de commentaires tous plus amusants les uns que les autres. Même Stéphane ne connaît pas encore la réponse. Mais c’est promis, avant la fin de cet article, le mystère sera résolu.
Et le rapport avec Khabi Lame ? D’abord, c’est une question de notoriété.
Écoutez ce qu’Arnaud Baechler dit Boidalon, qui organise de nombreux ateliers sur les réseaux sociaux, me disait récemment :
« Je cite Stéphane Aria en exemple pendant mes formations. C’est une personnalité de TikTok qui dépasse le cadre du bâtiment. »
Ou encore, Noam Grunstein, un investisseur passionné d’immobilier commercial. Il rencontre par hasard Stéphane dans une épicerie à Strasbourg.
« On me reconnaît dans la rue, on me demande de faire selfies, comme Noam, que je ne connaissais absolument pas. Il a même publié la photo dans un long post sur LinkedIn. »
Noam explique :
« Si je fais un post, c'est parce que moi aussi, je suis fan ! Ça fait du bien d'ouvrir TikTok et de tomber sur des personnalités qui nous montrent leur savoir-faire. »
De TikTok à Aria Concept
Stéphane, grâce à sa notoriété, joue un rôle majeur dans l’image de marque du bâtiment auprès du public. Et puis, comme Khabi Lame, il monétise bien la popularité de ces vidéos sur TikTok. Même si les sommes en comparaison avec l’influenceur italien semblent dérisoires :
« Depuis le 8 octobre, j’ai généré un chiffre d’affaires de 20 194,61 euros. Attention, c’est taxé à 34% au moment de remplir la déclaration d’impôt. Faut pas l’oublier. »
Stéphane, c’est certainement une déformation professionnelle, est toujours très précis quand il parle de chiffres. Il se souvient du jour et de l’heure de ses rencontres et du nombre de branches d’un lustre qu’il aura vu lors de la visite d’un appartement chez un client.
Et puis grâce à TikTok, il a des demandes tous les jours de particuliers pour rénover leur maison ou faire des meubles.
« Ils remarquent mon travail, mes idées créatives, ils voient que je travaille consciencieusement, et du coup, ils prennent contact avec moi de toute la France. Je ne peux pas répondre à tout le monde. Plus le challenge est grand, plus il y a de fortes chances que je prenne le chantier.
Par exemple, mon dernier chantier, c’est… une piscine ! C’est la demande d’un client TikTok. Je sors de mon cadre, ce n’est plus seulement l’ébéniste (j’ai quand même fait la terrasse en bois), mais l’artisan du bâtiment. D’ailleurs, l’un de mes prochains défis sera de construire ma maison de A à Z. Une maison passive et sans chauffage. »
Il n'a pas peur de se jeter à l'eau. Mais si j’ai comparé Stéphane à Khabi, c’est fondamentalement pour une autre raison. On en vient à évoquer son projet intitulé « Aria Concept ».
La notice de montage, c’est moi !
« TikTok ne m’apporte pas seulement de la notoriété, des clients et du chiffre d’affaires, il m’inspire aussi dans mes projets. Je vais lancer bientôt une appli pour acheter des meubles à monter avec un concept innovant.
Le but est que tu puisses créer et commander des meubles, un dressing sur mesure par exemple, en 5 minutes chrono. Une fois chez toi, tu pourras aussi le monter sans te prendre la tête.
Car au lieu de faire des notices de montage sur du papier, la notice de montage, c’est moi ! Il suffira de suivre mes gestes les uns après les autres sur une vidéo pour obtenir un meuble impeccable.
J’ai voulu créer un concept autour des deux choses que je maîtrise : le bois et le digital, les meubles et les réseaux sociaux.
Le bois, c’est mon métier d’ébéniste qui me permet de réaliser des meubles sur mesure et de qualité.
Le digital, c’est la vente de meubles sur le web et la notice vidéo facilement compréhensible et accessible pour tous.
Grâce à Aria Concept, tout le monde aura l’impression de créer et d’installer un vrai meuble sur mesure de ses propres mains. »
Justement, Stéphane a commencé à publier des premières vidéos en montrant le montage de quelques meubles. Et il conclut en ouvrant les mains comme Khabi Lame pour dire : « c’est pas plus compliqué que ça ! »
Le zèbre
L’épisode avec Khabi Lame est conclu, mais avant d’aborder celui sur Dave Grohl, il convient de s’attarder sur la personnalité de Stéphane. C’est une cliente qui va nous raconter le début de ce chapitre.
On se croirait dans la série « Les envahisseurs ». Pour les plus jeunes, dans cette série américaine des années 60/70, on suit les aventures d’un architecte, David Vincent, qui a vu une soucoupe volante atterrir sur notre planète et qui cherche à convaincre ses compatriotes de l’existence de ces extraterrestres qui sont en train d’envahir la Terre. Lui seul sait les reconnaître.
Alors voilà ce que cette charmante dame lui a dit :
« Stéphane, quand vous avez franchi la porte de notre appartement, je vous ai immédiatement reconnu ! Vous êtes comme moi. Ne cherchez pas à comprendre pour le moment, mais vous êtes… un zèbre ! »
Naïvement, le premier réflexe de Stéphane a été de faire une recherche sur Google et bien sûr, il n’a trouvé que des animaux rayés blanc et noir.
Mais cette dame voulait absolument l’aider. Alors, elle lui a offert un livre intitulé : « Je pense trop ».
« En lisant ce livre, je me retrouvais dans toutes les situations que décrivaient l’auteur à travers, par exemple, les tocs et les tics de ses patients, comme compter et recompter le nombre de branches d’un lustre ou le nombre de clous que j’ai mis pour accrocher une guirlande.
Alors, j’ai décidé de faire des tests avec une psychologue. Résultat, j’ai un QI supérieur à 130 pour la résolution de problèmes, pour trouver des solutions techniques. Je dois me casser la tête pour faire des choses qui soient à la fois esthétiques, pratiques et impeccables. La conclusion du livre m’a été très utile.
Avec mes mots, ça donne ça « pour ne pas se faire bouffer dans la vie, il faut apprendre à dire non ! ». J’ai une inclination naturelle, comme des impulsions incontrôlables, qui me poussent à aider les autres, à me proposer, à agir pour donner un coup de main aux personnes qui en ont besoin. »
C’est là que le plus dur commence pour Stéphane. Dire non, ça ne lui ressemble pas trop. Comme le disait Jean-Bernard Melet, le fondateur d’Eldo, lors d’une conversation :
« L’une des marques de fabrique de Stéphane, c’est montrer, aider et accompagner. Il préfère donner que recevoir. »
Voici une histoire qui illustre bien ce triptyque. Il nous parle d’un autre artisan hyper connecté.
« Nicolas Paul, l’électricien préféré est très fort sur LinkedIn, alors un jour il décide de se tester aussi sur TikTok. Là, au début, il était moins brillant. Il avait 8000 abonnés et ses vidéos ne dépassaient pas les trois ou quatre mille vues. Un jour, j’ai eu envie de l’appeler pour lui dire ce que je pensais de ses vidéos, sans vouloir le critiquer, mais pour l’aider à faire mieux. Ma démarche est purement constructive. Nicolas ne m’a rien demandé. C’était spontané de ma part.
Alors, voici en résumé ce que je lui ai dit : « Nico, tu commences tes vidéos en disant : « Bonjour, c’est Nicolas votre artisan électricien préféré… ». Dès le départ, tu perds trop de temps. C’est trop long comme présentation.. Je voulais qu’il comprenne comment fonctionne l’algorithme sur TikTok. Je voulais qu’il perce lui aussi sur TikTok. Ce qui est important sur ce réseau social, c’est les 10 premières secondes. À la rigueur, à la vingtième seconde, tu fais ce que tu veux. Mais avant, il faut suivre un schéma précis et accrocheur.
Alors, tu commences avec une accroche, en montrant ce que tu vas faire dans cette vidéo. Par exemple, tu montres un disjoncteur. On se demande alors « qu’est-ce qui va se passer ? » Ensuite seulement, tu te présentes en tournant la caméra vers toi. Et là tu expliques ce que tu vas faire. Encore un truc, tes biscuits au chocolat et ta fameuse « pause DéliChoc », tu mets ça à la fin de la vidéo.
On s’est parlé à 15 h, à 16 h 30 il publie sa vidéo remaniée grâce à mes conseils. Le résultat a été immédiat. Elle est montée en flèche. Le lendemain matin, le téléphone sonne. C’est Nico qui me hurle au téléphone : « 350 000 visualisations ! ». La vidéo suivante, il fait 800 000 visualisations. Il était content et moi aussi j’étais content, car j’ai pu apporter mon aide. »
Le club des Gyvers !
Je crois qu’on va changer de série. Exit « Les envahisseurs », bienvenue à « MacGyver ». Cela correspond mieux à Stéphane. C’est incontestablement sa marque de fabrique, n’est-ce pas Jean-Bernard ?
« Oui, Stéphane, c'est le MacGyver du BTP, d’ailleurs il m'a dit que dans sa famille on l'appelle également de la sorte. Il a un esprit hyper logique et pratique, il voit les choses d'un autre œil ce qui lui permet d'avoir des astuces pour toute situation. C'est aussi ce qui lui permet de faire des vidéos qui captivent autant, il sait comment montrer les choses. »
Et ce n’est pas l’artiste-plombier (j’ai bien écrit artiste et pas artisan, vous le comprendrez mieux dans une prochaine interview) Samuel Strub, alias SamGyver qui dira le contraire :
« Je me demande souvent : « mais où va-t-il chercher tant d’astuces ? » Bon, de temps en temps, il me demande quelques conseils, car il veut toujours progresser, apprendre. Il est lui aussi dans le club des « Gyvers ». »
Et ils ajoutent tous les deux en chœur :
« Tu sais Denis, Stéphane devrait poser sa candidature aux Ze Awards du bâtiment ! »
Mais, c’est déjà fait !
C’est d’ailleurs Stéphane lui-même qui va vous expliquer pourquoi il se présente en 5 raisons.
Zèbre, avec un Z comme Ze Awards !
« J’ai assisté à la soirée de remise des Ze Awards l’année dernière et ça m’a donné envie d’y participer cette année. J’étais à la table Tokster. C’était sympa de rencontrer des collègues comme Mehdi et Saly, Hilanie Rousseau, Cindy Plumbs en dehors des chantiers, mais aussi des professionnels du bâtiment comme Thierry Vivier, Charles Gaël Chaloyart, Thomas Gonin, Philippe Paulic et Jean-Pierre Laherre. Je suis l’un des premiers artisans du bâtiment sur TikTok et je pense que cela peut justifier ma candidature comme meilleur entrepreneur digital de l’année.
Parce qu’on peut réaliser des choses incroyables avec ses mains, même si on avait du mal à l’école avec les matières traditionnelles. Moi, ma matière principale, c’est le bois. Et chacun peut trouver la sienne. Comme Julien Bonnet, Sons of Metallerie, le lauréat de l’année dernière. Ce qu’il fait avec le métal est extraordinaire. Cette année, on pourrait passer du métal au bois. Un matériau noble qu’on utilise de plus en plus, pour l’esthétique bien sûr, mais aussi pour des raisons liées au respect de l’environnement. Avec le bois, on peut vraiment tout faire, ce n’est pas le cas du métal. C’est donc aussi un matériau polyvalent qui correspond parfaitement à mes exigences et ma personnalité hyper créative. Le bois est vraiment la matière qui te permet de tout créer. Il n’y a aucune limite. Avec du temps et des idées, tu t’éclates.
Le secteur du bâtiment est formidable pour ça. C’est un métier valorisant. Je pense que mes vidéos sur les réseaux sociaux en sont un bon exemple. Beaucoup de jeunes me posent des questions et ont envie de faire ce métier. Dans l’enseignement, en CM1 ou CM2 par exemple, on devrait faire des ateliers pour détecter les enfants qui sont doués et créatifs avec leurs mains. Bien sûr, c’est important de bien écrire et de savoir compter. Je ne dénigre aucunement des matières comme le français ou les maths. Mais il y a plusieurs formes d’intelligence comme l’intelligence pratique.
Un Ze Awards, c’est une belle reconnaissance dans le métier du bâtiment et c’est aussi l’occasion de lancer officiellement mon projet Aria Concept. En espérant que l’application soit déjà prête en septembre.
Enfin, la cinquième raison est plutôt ironique : tout simplement parce que je suis un zèbre. Zèbre avec un Z comme Ze Awards, comme Zepros. Je suis Ze candidat. »
Dave Grohl et Stéphane Aria
On a pratiquement fini de gratter le vernis. Stéphane apparaît de plus en plus comme il est. Il ne reste plus qu’à remonter aux origines de sa vocation. Comment est né son tempérament de zèbre, ce tempérament à vouloir toujours se casser la tête pour inventer, trouver de solutions et construire.
C’est Dave Grohl qui nous met sur la piste. Juste le temps pour moi d’aller chercher ce livre dans ma bibliothèque. Si Dave est un compositeur, il a aussi écrit un livre remarquable. Personnellement, c’est le meilleur livre que j’ai lu depuis 20 ans. Encore un livre dans cet article. Cela va amuser notre bon Stéphane qui n’est pas un grand lecteur.
Le titre va faire sourire aussi ceux qui me connaissent ou qui aiment lire mes articles : « The Storyteller ». J’ai lu le livre en version italienne. Je vais donc vous traduire ce passage.
« Je l’avoue, j’ai toujours eu un faible pour les Lego.
C’est mon jouet préféré depuis que je suis tout petit. Avec ces morceaux minuscules et emmêlés, la satisfaction du clic que l’on entend quand ils s’encastrent à la perfection, je pouvais passer des heures et des heures pour construire des châteaux, des petites voitures ou d’autres structures géométriques, en échange d’une simple récompense : celle d’avoir tout fait tout seul.
Petit, j’en avais une vraie obsession, à tel point que pour moi voir la musique équivaut un peu à voir chaque partie d’une chanson comme s’ils étaient des briques Lego : une forme ludique de synesthésie qui encore aujourd’hui m’aide à mémoriser les arrangements et les partitions. »
Je crois que Dave aussi est un zèbre, car comme Stéphane, il s’est inventé une méthode pour ne pas oublier les choses. Et pour cela, il utilise les Lego, aujourd’hui, Stéphane à besoin des chiffres : le nombre de clous, de branches d’un lustre, de visualisations d’une vidéo, l’horaire exact d’une rencontre, etc.
Et puis, je vous conseille de brancher Stéphane sur le thème des Lego, il est intarissable. Il m’en avait déjà parlé dans une autre interview. En résumé, ça donne ça :
« Mes parents m’achetaient des boîtes de Lego.
C’est mon jeu préféré. La première fois, je suivais le modèle du plan, mais après je démontais tout et je faisais ce que je voulais. Il n’y a pas de limites avec ce jeu.
Aujourd’hui, je fais ça avec du bois. Tu sais, des mécaniciens construisent même de vrais moteurs en bois, comme je construisais des moteurs avec des Lego quand j'étais petit. On peut vraiment tout faire avec des Lego comme avec du bois. »