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Isolation par l’extérieur sous enduit, une mise en œuvre délicate

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Si le nombre de pathologies des façades isolées par l’extérieur à revêtement enduit n’est pas encore en explosion, l’AQC met tout de même un coup de projecteur sur une technique d’apparence simple mais dont la réussite ne souffre pas la moindre imperfection.
L’Agence Qualité Construction, qui gère notamment la base Sycodès des sinistres de la construction (alimentée par les déclarations d’experts pour les assurances), a souhaité réaliser un focus spécifique sur l’isolation thermique par l’extérieur sous enduit. Car, selon Philippe Estingoy, le directeur général de l’AQC, « des désordres pourraient se développer à l’avenir », avec la généralisation de l’ITE. Le marché français était d’environ 20 millions de m2 en 2017, dont 10,3 millions pour cette filière « humide ». Les défauts d’étanchéité à l’eau seraient les problèmes les plus couramment rencontrés et ceux ayant un impact financier important (55 % d’occurrence et 37,5 % des coûts). Mais la sécurité d’utilisation (13 % des cas) et les défauts de stabilité (8 % des cas) affichent des coûts comparativement plus élevés (18 et 19 %). La fissuration d’un enduit appliqué sur un isolant thermique collé représente un coût moyen de réparation de 17 500 € mais le décollement de cet enduit entraîne une dépense encore supérieure (18 500 €). Dans le cas des décollements de tout le complexe isolant-enduit, le coût de réparation est inférieur (13 300 €).
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Le PSE collé, le plus souvent rencontré en Dommages-Ouvrage


Stéphane Orsetti, chargé de mission au sein du groupe SMABTP, explique : « La mise en œuvre est délicate, réservée à un spécialiste. Même de petites erreurs peuvent créer des sinistres. Près de 90 % des désordres sont liés à cette mise en œuvre. Seuls 7 % sont liés à des erreurs lors de la conception et 1 % sont liés à des vices produits ». En partie courante, l’AQC liste plusieurs causes possibles pour des désordres : un sous enduit peu élastique ou appliqué en trop faible épaisseur, induisant un manque de résistance face aux sollicitations mécaniques et aux dilatations thermiques de l’ITE (notamment dans le cas d’une teinte foncée de finition). Un mauvais positionnement de l’armature ou un marouflement insuffisant pourront également être sources de problèmes. Le remplissage des joints entre les panneaux d’isolant au moyen d’un produit inadapté est une autre cause possible de désordres. L’absence de soubassement (15 cm minimum), qui est fréquemment observée sur les petits chantiers, occasionne des remontées capillaires et des infiltrations. La pose en coupe pierre, avec des joints décalés des isolants, ne serait pas non plus systématiquement respectée, évitant des joints filants sur toute la hauteur. Quant au mélange d’isolants (polystyrènes expansés blanc et graphité), il est tout simplement prohibé, en raison d’une dilatation thermique différentielle.
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Balcons, menuiseries, équipements... Attention aux cas particuliers


Mais les désordres surviennent surtout aux points singuliers. Il s’agit le plus souvent de défauts de protection en tête (acrotères, couvertines, bavettes de fenêtres, modénatures), autant de reliefs qui constituent des « pièges à eau ». Les fissurations infiltrantes ou non, se repèrent également aux angles de baies (défaut de mise en place de mouchoir de renfort, ou joint filant au lieu d’un découpage en L). Stéphane Orsetti martèle : « Il faut soigner les jonctions et faire attention aux interfaces métiers : qui fait quoi ? C’est une question de bon sens, il y a des choses simples à faire passer et les problèmes sont faciles à juguler ». Les balcons concentrent de nombreux problèmes, en raison du nombre de paramètres à intégrer : la pente de l’ouvrage, la présence ou non de caniveau, l’existence d’un espace entre le sol et le départ de l’ITE, la présence de plinthes et celle de rupteurs thermiques...
Sur la nature même des produits utilisés, le spécialiste rappelle : « Les isolants fibre de bois sont plus sensibles à l’humidité. Il faut prévoir la présence d’un pare-vapeur et non d’un frein-vapeur, moins performant ». Il insiste également sur la protection des matériaux sur le chantier, avant leur mise en œuvre. L’évolution physico-chimique des colles, enduits, peintures, stockées à la chaleur, peut notamment être source de désordres. Philippe Estingoy conclut : « Attention au respect du domaine d’emploi et au schéma de mise en œuvre ! ». Autant de préceptes qui sont contenus dans les Avis techniques des produits et les Recommandations professionnelles RAGE.
G.N.
Grégoire Noble
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