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[Chimie du bâtiment] Comment Berner veut « devenir leader »

Stéphane Vigliandi
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Berner Group - Laboratoire R&D "Caramba Lab" à Duisbourg (Allemagne)

Un an après avoir ouvert son nouveau “Caramba Lab” dans la région industrielle de la Ruhr, le groupe allemand indique vouloir se positionner en tant que « spécialiste de la chimie auprès des professionnels de la construction ».

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Sans équivoque ! Dans une vidéo mise en ligne le 12 mai 2022 sur sa chaîne YouTube, Berner annonce la couleur : être « leader en produits chimiques professionnels ». Pour y parvenir, le distributeur, mais aussi fabricant pour les marchés du bâtiment, de l’automobile et de l’industrie dispose d’une pépite en matière de R&D : Caramba, l’une de ses quatre filiales qui, à l’origine, était spécialisée dans les produits de lavage pour véhicules et les détergents industriels.

Dans un communiqué publié début juin, Berner France enfonce le clou. L’enseigne multispécialiste en quofi souligne qu’elle « entreprend une mutation » et  indique « vouloir devenir le spécialiste de la chimie auprès des professionnels de la construction ».
 

En Allemagne, Caramba s’appuie sur trois centres de recherche à Bad Kreuznach, Brême et Duisbourg. Une vingtaine d’ingénieurs y travaillent.

À l’ordre du jour, il est question d’accroître « en conséquence à terme » les références en catalogue. Engagé dans une politique RSE depuis de nombreuses années, le groupe veut réussir cette bascule « en privilégiant des formulations respectueuses de l’utilisateur et de l’environnement » – d’autant plus qu’en avril dernier, Bruxelles a présenté sa « feuille de route de restriction » jugée « inédite » par de nombreuses ONG environnementales et le Bureau européen de l’environnement (voir encadré ci-dessous).

Équipes interdisciplinaires

En mai 2021, le groupe familial indiquait avoir ouvert un nouveau laboratoire central à Duisbourg où est implantée sa filiale Caramba. À l’époque, Carsten Rumpf, le directeur de la distribution omnicanale chez Berner, soulignait que « les deux marques [Berner et Caramba] peuvent considérablement intensifier leur collaboration qui était déjà étroite » en termes de R&D notamment.

Les yeux rivés sur leurs instruments (microscopes à balayage laser, analyseurs de surface mobile, testeurs d’abrasion, etc.), des équipes interdisciplinaires planchent aujourd’hui sur les formulations et solutions de demain. En particulier dans le domaine « des agents chimiques “tout-en-un” pour les professionnels de l’automobile et du BTP ».

Dans son communiqué publié le 2 juin dernier, Berner France revendique déjà « proposer des structures moléculaires innovantes ». Et « si la marque privilégie, par exemple, des produits exempts de solvant lorsque les alternatives existent, elle a plus récemment fait le pari de commercialiser des produits de nettoyage dont les principes actifs sont des micro-organismes chargés de décomposer […] saletés et graisses sur les chantiers ».

À Duisbourg, le nouveau “Caramba Lab” est maintenant « le noyau technologique pour la recherche avancée » du groupe Berner.

Éco-datas

En outre, pour faciliter l’utilisation de « ses produits chimiques plus responsables », le distributeur a créé une base de données spécifique. « Accessible gratuitement depuis le site internet du distributeur ou son application mobile, l’outil s’incrémente automatiquement de toutes les informations à connaître (fiches d’instructions et de données de sécurité, certificats, etc.) sur chacune des formulations acquises auprès de la firme », précise Berner France.

En écho à la REP Bâtiment, cette data base dispose d’un module Environnement pour aider le professionnel à « adopter les bons réflexes quant à la gestion des déchets » liés à l’utilisation des produits à marque propre Berner.
 

Produits chimiques • La “grande détox” ?

Est-ce une gageure à laquelle se livre la Commission européenne depuis bientôt deux ans ? Dans le cadre la révision en cours de la législation européenne sur les produits chimiques (le règlement Reach de 2006 en vigueur depuis 2007), Bruxelles tape en tout cas du poing sur la table. Annoncée en octobre 2020 via sa stratégie pour la durabilité dans la filière de la chimie, la Commission a publié le 25 avril 2022 une « feuille de route de restriction ».

Son but ? Réduire, voire proscrire, petit à petit, l’usage des produits chimiques jugés les plus dangereux. L’objectif n°1 est de flécher « les substances les plus nocives pour la santé humaine et l'environnement » – en particulier les substances CMR (cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques), les PBT (perturbateurs endocriniens, persistantes, bioaccumulables et toxiques), ainsi que les vPvB (substances très persistantes et très bioaccumulables).

Planification pluriannuelle

Connues pour provoquer cancers et/ou troubles hormonaux, plusieurs classes de molécules (bisphénols, retardateurs de flamme bromés, phtalates, PFAS, toutes les catégories de PVC, etc.) sont dans le collimateur de Bruxelles. L’exécutif européen souligne que sa feuille de route sera « la pierre angulaire de la planification pluriannuelle ».

Évolutive, la liste des familles de substances visées sera révisée tous les ans. Sous l’égide de travaux menés par l’Agence européenne des produits chimiques, « certaines seront ajoutées à cette liste, d’autres pourraient en sortir », concède toutefois la Commission.

Reste que, dans son combat environnemental et de santé publique, Bruxelles a peut-être une épine dans le pied. Son talon d’Achille ? En Europe, la chimie reste une filière stratégique sur le plan économique (plus de 1,2 millions d’emplois directs et indirects), tandis que le volume de substances chimiques est évalué à 200 000 produits utilisés sur le Vieux continent. Rien que dans l’Hexagone, cette branche industrielle a pesé 97 Md€ en 2021 (+6 % vs 2020) et emploie près de 221 000 salariés selon le bilan annuel de France Chimie.

Stéphane Vigliandi
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