La diversité pour dynamiser le bâtiment : interview-vérité de Viola Ferrario, PDG de BMI France
Viola Ferrario est, depuis plus d’un an, Présidente-Directrice générale de BMI France. L’occasion pour Tokster de s’entretenir avec elle sur la féminisation des métiers du bâtiment, sur l’importance de la diversité (son cheval de bataille) dans l’entreprise, mais aussi les difficultés de recrutement.
Elle se confie également sur sa carrière et sa vie privée. Une interview-vérité avec une personnalité hors du commun.
Viola, on voit de plus en plus de femmes à la tête des entreprises du bâtiment en France, comme Caroline Semin que nous avons interviewée récemment. C’est une bonne nouvelle. Pensez-vous que le bâtiment va de plus en plus se conjuguer au féminin ?
« Je pense que l’industrie du bâtiment tirerait un grand bénéfice de compter plus de femmes, car cela est un moyen de dynamiser la diversité au sein même de l’entreprise.
La diversité est une valeur ajoutée pour toutes les entreprises, beaucoup d’études récentes prouvent que celles qui s’engagent concrètement dans cette voie sont plus rentables aussi bien à court terme que sur le long terme.
Les entreprises doivent être à l’image de notre société qui, par essence, est diversifiée. »
Femmes dans le bâtiment : les mentalités évoluent
D’ailleurs, en 2014, vous avez remporté le prix « Merito e Talento » en Italie (Mérite et Talent) dont le but est de récompenser des femmes dirigeantes d’entreprise « qui soient un modèle positif de leadership féminin ». Avec Bricoman, on a lancé cette saga sur les femmes dans le bâtiment dans le même esprit. Pensez-vous pouvoir susciter des vocations ?
« Le prix « Merito e Talento » que j’ai remporté était plus précisément lié à l’innovation. J’ai été reconnue un modèle pour stimuler l’innovation sur le marché. Je travaillais déjà dans l’industrie du bâtiment, mais j’étais encore en Italie.
J’espère sincèrement pouvoir démontrer aux gens de quelle façon le changement et l’innovation peuvent devenir des outils solides et efficaces pour conduire une entreprise au succès.
Si je peux être, en plus, un exemple et une vraie motivation pour les autres femmes à venir jouer un rôle dans l’industrie du bâtiment, j’accomplirais alors un objectif important dans ma vie. »
Vous remerciez souvent votre mari, je crois qu’il est réalisateur et photographe, de mettre souvent entre parenthèses sa carrière pour que vous puissiez réussir la vôtre. On a plutôt l’habitude de lire le contraire. Pourriez-vous nous en dire un peu plus ? Est-ce que c’est un signe que les mentalités évoluent ?
« C’est vrai, je remercie toujours mon mari de son soutien et encore plus d’être à mes côtés dans notre projet de famille. Sans mon mari ni mes enfants, jamais je n’aurais été capable de devenir celle que je suis.
Je ne saurais dire si les mentalités évoluent en ce sens, mais ce que je peux affirmer est que j’ai toujours été extrêmement claire sur ce que je voulais faire et mon mari l’a toujours su.
Si vous n’êtes pas transparent à propos de vos aspirations, vous ne pourrez pas vous plaindre ensuite de ne pas les réaliser. Bien sûr, vous devez être suffisamment chanceux pour rencontrer quelqu’un qui comprend et qui est en phase avec vos projets. Mais, de toute façon, les mentalités ne peuvent pas changer si chacun reste dans son coin à faire ses petites affaires. »
Une main de fer dans un gant de velours
Vous avez la réputation d’avoir une main de fer dans un gant de velours. Est-ce que cette expression colle bien à votre personnalité ? Pourquoi ?
« Absolument, je pense que cette expression décrit parfaitement ma personnalité. Je suis très claire sur la direction que je souhaite prendre. J’essaie toujours de faire bouger les choses, de réaliser mes objectifs, et je n’ai pas peur de prendre des décisions. Je suis néanmoins convaincue que le respect des autres est un principe fondamental qu’il est nécessaire d’appliquer dans tout ce que nous faisons.
J’ai l’habitude de dire qu’une organisation est un groupe de personnes, et quand on s’adresse à des personnes, il faut les considérer comme des personnes et non pas des robots. »
Dans vos interventions, vous parlez souvent de diversité. Une idée que vous avez réaffirmée lors du sommet de l’inclusion économique le 29 novembre dernier. J’aurais deux questions à ce sujet.
La première, en lien avec la question sur la féminisation du bâtiment, est-ce que la diversité, c’est d’abord la mixité dans l’entreprise ?
« Comme je l’ai dit précédemment, une entreprise doit être à l’image de notre société. En ce sens, la diversité et la mixité sont les deux faces d’une même pièce. »
La diversité, facteur de croissance
La deuxième, concrètement, comment la diversité peut-elle aider une entreprise à se développer ?
« Diversité signifie ne pas avoir la même culture, la même religion, le même sexe, le même âge, et bien sûr avoir des expériences différentes, etc.
Cela signifie aussi apporter dans une organisation, quelle qu’elle soit, de nouveaux points de vue, une faculté d’adaptation, d’être agile, d’être moins résistant au changement et de considérer le dialogue comme une richesse, etc.
Tous ces facteurs sont indispensables pour permettre à une entreprise d’innover, d’évoluer et de faire des bénéfices. »
Révéler le potentiel de chaque toit
Cette diversité permet aussi de construire une équipe dans laquelle chaque personne trouve son rôle. Et bien sûr, chaque rôle est différent et complémentaire. Vous avez déclaré :
« L’ambition de BMI Group est de révéler le potentiel de chaque toit. »
C’est une belle expression, c’est aussi une métaphore qui permet à la fois de révéler votre conception de l’entreprise et de mentionner concrètement votre cœur de métier, les solutions de toiture. Qu’en pensez-vous ?
« Vous faites précisément référence à « Rev’elle toit ». Il s’agit de notre réseau interne de femmes, accessible à tous ceux qui le désirent.
Nous avons créé ce réseau interne pour donner plus de visibilité aux femmes et à la diversité dans notre organisation. Le but est de faciliter leur parcours professionnel et de définir des actions concrètes pour soutenir la diversité dans l’entreprise.
Nous avons commencé ce programme en interne avec le secret espoir qu’il puisse aussi influencer nos intervenants externes et nos partenaires. »
Viola Ferrario, une Italienne à Paris
Viola, vous êtes italienne, à la tête de BMI France, mais vous avez aussi été à la tête d’Ariston France. Quelles sont les choses qui vous plaisent le plus en France et à Paris ?
« Tout d’abord, j’adore les canelés ! J’ai aussi appris à les préparer, je suis vraiment accro.
Blague à part, ma perception de la France est forcément partiale en raison de mes racines italiennes. D’un point de vue pratique, j’apprécie les plus grandes facilités de la bureaucratie, la digitalisation globale de l’administration publique et des services.
Du côté plus émotionnel, j’aime les plus grands espaces en France, les longues promenades à Paris, les bâtiments et les musées. »
Quand on s’implique à fond dans sa carrière, on a parfois moins de temps pour s’adonner à ses passions. Par exemple, vous aimez faire du bateau. Mais est-ce que, depuis que vous êtes à Paris, vous avez eu le temps de passer votre permis bateau ?
« Avec mon mari, nous avions prévu de passer notre permis bateau, puisque nous avions la chance d’habiter à Paris. Malheureusement, la COVID est arrivée, et comme d’autres souhaits, on l’a mis en liste d’attente.
Cette fois-ci, j’ai été contraint d’abandonner l’une de mes passions pour une autre raison que ma carrière. »
Dernièrement, lors d’une autre interview, je parlais de vous avec Aline Bousquet, responsable Communication et Trade Marketing chez Ariston Group, que vous connaissez bien puisque vous avez travaillé ensemble. D’ailleurs, vous l’aurez compris, elle m’a donné quelques pistes pour préparer votre interview. On a notamment évoqué l’importance de l’expérience client.
La BMI Academy : faut-il former pour recruter dans le bâtiment ?
La presse met en avant les difficultés du bâtiment à recruter. Prenons un cas précis. Laurent Aubel, gérant de l’entreprise « les Couvreurs Occitans », recherche désespérément à recruter des artisans-couvreurs. Il a 10 postes disponibles et il ne reçoit aucune candidature. Est-ce qu’il n’y aurait pas une synergie à créer entre vous (BMI et les pros de la toiture en général) pour former des professionnels ? L’équation est simple, plus il aura du personnel qualifié, plus il pourra faire des chantiers et plus vous vendrez de tuiles. Ce serait aussi une bonne façon d’enchanter vos clients professionnels.
« Nous avons entamé avec Laurent Aubel un dialogue très intéressant et nous sommes donc au courant de son problème spécifique.
Comme vous le savez, nous avons une école de formation interne, la BMI Academy. Pour BMI, l’engagement dans la formation de nos clients et de nos employés est extrêmement fort, nous investissons beaucoup dans nos infrastructures de formation. Nous avons aussi obtenu la certification « Qualiopi ».
Nous pensons que la formation est à la base d’une industrie hautement qualifiée et nous accompagnons beaucoup de nos clients qui souhaitent investir dans la formation de leurs employés et développer leurs compétences.
Nous collaborons aussi avec des écoles professionnelles dans le but de former de futurs jeunes installateurs qui trouveront facilement un travail dans un marché qui manque cruellement de main-d’œuvre qualifiée. »
BMI : des solutions complètes et de haute qualité pour les toitures
Parlons de vos produits. J’ai l’habitude de demander : « quel est le produit que l’on peut trouver chez Bricoman. J’ai trouvé une première réponse dans la vidéo ci-dessus.
Est-ce que vous confirmez ? Et pourquoi ?
« Nous vendons des toitures, nous vendons des solutions. Dans cette vidéo, vous avez d’ailleurs cité 3 produits spécifiques de la gamme complète des produits BMI qui se complètent. Ils permettent aux artisans d’installer une solution complète et de haute qualité pour leurs toitures. »
Voici les trois produits les plus vendus chez Bricoman : Primnap membrane de fondation, l’enduit bitumeux et l’écran sous-toiture hautement perméable à la vapeur d'eau R2
Si vous étiez un outil ?
Dernière question que je pose à tous les artisans, j’ai pensé que vous pourriez aussi y répondre. Si vous étiez un outil, vous seriez… ?
« Un pinceau , car il permet de mixer des couleurs différentes pour créer un message fort ! »