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L’école Gustave : thérapie de reconversion (au BTP)

Grégoire Noble
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école Gustave

Comment lutter contre la pénurie de main d’œuvre qualifiée dans la construction et rendre plus attractives ces carrières ? « En lançant l’école Gustave qui forme gratuitement les personnes en reconversion professionnelle aux métiers du BTP », répond Marie Blaise, la directrice de l’établissement. Une école jeune, pour tous les publics, qui sélectionne sur la motivation des candidats et pas sur leurs titres ou diplômes. Découverte.

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La jeune femme aurait pu faire carrière dans la finance ou dans la « tech ». Mais elle en a décidé autrement avec deux associés : il y a tout juste un an, Marie Blaise ouvrait l’école Gustave, un établissement de reconversion pas comme les autres. Elle nous confie : « Je suis fille de menuisier, petite-fille de plâtrier, mon conjoint est plombier-chauffagiste… Ce sont des métiers utiles, qui sont rémunérateurs mais qui ont été dévalorisés en France. L’idée c’était de lutter contre la pénurie de main d’œuvre et de rendre ces métiers plus attractifs, au moyen d’une école opérationnelle ». L’école forme donc des demandeurs d’emploi en reconversion aux métiers en tension. Les candidats ont donc déjà eu d’autres postes auparavant, parfois sans aucun lien avec le bâtiment : « Ils ont entre 18 et 58 ans, avec un âge moyen de 28-30 ans. Nous les recrutons sur leur motivation et sur leur personnalité, sans aucune condition de diplôme. Il y a donc des manœuvres et des intérimaires, comme des commerciaux ou des personnes issues des RH ou de l’informatique… Pour 300 candidats, il y a 35 places dans chaque formation, celle de plombier-chauffagiste et celle d’électricien. Ce que nous cherchons avant tout, ce sont des personnes avec un projet professionnel ».

Les deux formations suivent un plan identique : d’abord un « bootcamp » intensif de 3 mois, en classe, pour apprendre les bases du métier, avec de la théorie (sur les aspects réglementaires par exemple) et de la pratique, grâce à un atelier dans les locaux de l’école. Cette phase est suivie de 12 mois d’alternance en entreprise, grâce à un réseau de 200 partenaires en France qui se sont engagés à prendre un (ou plusieurs) alternant(s). « Nos apprenants viennent principalement d’Île-de-France mais les alternances peuvent être n’importe où sur le territoire », nous précise la directrice qui insiste sur les valeurs clés inculquées lors des premières semaines : ponctualité, rigueur, goût du travail bien fait, et sens de l’équipe. La formation en elle-même laisse une certaine autonomie aux élèves. Marie Blaise poursuit : « Nos formateurs diplômés ont plus un rôle de mentor et de conseiller ». Pour l’heure, trois promotions sont déjà sorties « d’installateurs thermiques et sanitaires » et « d’électriciens en équipement du bâtiment », soit plus de 100 personnes formées. Et le taux de retour à l’emploi est très élevé, frisant les 95 %.

Une 3e formation fin 2022 puis un 2e campus début 2023…

Une troisième formation sera proposée à partir de septembre 2022, dédiée cette fois aux étancheurs, à l’initiative de la chambre syndicale de l’étanchéité qui manque cruellement de bras. La partie pratique se déroulera au CFA de Trappes, mieux équipé pour ce type d’activités que l’école elle-même. « Il n’y a pas de concurrence avec les CFA. Nous nous adressons à des populations différentes », nous précise la directrice. La formation à l’école Gustave est gratuite, pour les étudiants et les entreprises d’accueil (qui bénéficient en plus d’avantages fiscaux), financée par l’Opco Constructys. « Nous travaillons avec la FFB Île-de-France et la Capeb qui nous recommandent des entreprises et nous envoient des demandeurs d’emploi », relate-t-elle. Côté partenaires, certains groupes comme Leroy Merlin ou Sonepar proposent des remises sur les achats de consommables et de matériels, tandis que des industriels comme Atlantic aident à la fourniture de machines pour la formation.

Face à ce succès, l’école ne devrait pas tarder à faire des petits. Une antenne ouvrira à Lille en janvier 2023, sur les même métiers que ceux déjà expérimentés à Clichy. « Idéalement d’autres essaimeront partout en France, à l’image de la Rocket School informatique, fondée par la même équipe, qui dispose désormais de 6 campus », se réjouit Marie Blaise. À raison d’une rentrée tous les 4 mois – en juillet, novembre et mars – les promotions devraient se succéder rapidement et lancer sur le marché de l’emploi de nombreux nouveaux compagnons. De quoi contribuer à résoudre l’épineux problème des recrutements pour les TPE/PME du bâtiment, de façon sociale et solidaire.

Grégoire Noble
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