Lapeyre et ses dix usines officiellement chez le fonds allemand Mutares
À l’issue d’une audience qui s’est déroulée ce mardi 1er juin 2021 au Tribunal de Commerce de Paris, le fonds d'investissement allemand vient d'annoncer avoir repris de façon officielle 100 % de Lapeyre SAS et de ses filiales au groupe Saint-Gobain.
EN PHOTO • C'est la fin d’un processus engagé à l’automne 2020 entre Saint-Gobain et le fonds de retournement allemand Mutares. Les 131 magasins Lapeyre, l’outil industriel (10 usines) et un volume d’affaires de « plus de 600 M€ » par an passent définitivement sous pavillon allemand. Ce mardi 1er juin, Mutares France a indiqué avoir finalisé « avec succès » le rachat du groupe Lapeyre. L’an dernier, deux autres repreneurs s’étaient positionnés : le groupe familial algérien Cevital et le groupe industriel français indépendant Verdoso.
En négociations exclusives depuis le 9 novembre dernier, Saint-Gobain a confirmé aujourd’hui dans un communiqué avoir finalisé la cession de Lapeyre à Mutares – un fonds de retournement cotée à la Bourse de Francfort. « Cette opération vise à concentrer les ressources du groupe sur ses activités stratégiques » dans le cadre de son plan Transform & Grow, rappelle simplement le leader mondial des matériaux de construction.
De son côté, le repreneur s’est félicité dans un communiqué distinct que « cette acquisition constitue la transaction la plus importante de l’histoire de Mutares ». Comme Mutares France l’avait rappelé le 11 mai dernier, la conclusion de l’accord avec Saint-Gobain s’est donc bien déroulée avant la fin du deuxième trimestre 2021.
Ce 1er juin, le Tribunal de Commerce de Paris a en effet approuvé la vente lors d’une audience visant à examiner l’homologation de la cession de Lapeyre à Mutares. Bien qu’en perte de vitesse depuis bientôt vingt ans à la suite de sa fusion avec le réseau GME (axé sur l’environnement de la salle de bains), l’enseigne historiquement centrée dans l’univers des menuiseries, avait fait l’objet de plusieurs plans stratégiques et de repositionnement.
Aujourd’hui, Mutares France, met la main sur un parc commercial de 131 magasins, dix usines, un effectif d’environ 3 400 collaborateurs et un chiffre d’affaires évalué à « plus de 600 M€ ». En 2019, le volume d'affaires de Lapeyre était exactement de 641 M€ pour une perte d'exploitation de 34 M€. (→ plus d'informations via la newsletter quotidienne “Bâti Today by Zepros” ).
Dans son communiqué, la filiale du fonds allemand souligne d'ailleurs que « le modèle verticalement intégré de l’entreprise, de la production à la vente, permet l’innovation, la compétitivité et l’introduction rapide de nouveaux produits sur [un] marché » devenu extrêmement concurrentiel avec des acteurs majeurs comme Ikea, des enseignes de bricolage, des pure-players ou encore l'arrivée de déstockeurs de surplus de chantier.
Désormais aux manettes, Marc Ténart, le nouveau DG du groupe Lapeyre cité dans le communiqué, rappelle que la marque « est un acteur majeur du secteur de la rénovation domiciliaire [sic] qui a développé au fil des années une expertise unique dans la fabrication et la commercialisation de produits de rénovation […]. Nous partageons une volonté commune avec tous ses collaborateurs : relancer Lapeyre et définir de nouvelles perspectives de développement dans un marché résilient ». Une relance qui devra se faire dorénavant… « de manière rentable », tient à préciser Mutares France.
Dans un courrier adressé aux salariés le 5 mai 2021, Marc Ténart avait tenu à les rassurer. Ancien patron de Kingfisher France (Castorama et Brico Dépôt) et Conforama, il leur écrivait alors que « nous ne procéderons à aucune fermeture de magasin, ni de site industriel d’ici fin 2022 ». Éléments de réponse et précisions du nouveau management, sans doute, d’ici au début de l'exercie 2023 après qu'aura été déployé un nouveau plan stratégique. En attendant, l'intersyndicale de l'enseigne estime que « nous pouvons encore faire appel, mais la situation devient plus compliquée avec cette homologation », selon le cégéstiste Hervé Grillon cité par Le Figaro.fr.