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Le logement neuf sort de l’ornière grâce à l’individuel

Grégoire Noble
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Pour la Fédération française du bâtiment (FFB), le marché du logement est en train de se ressaisir. Par rapport au premier quadrimestre 2019 (et sans tenir compte de 2020 qui a été une année trop particulière pour être prise comme référence), les mises en chantier et les permis de construire sont en hausse (+4,2 % et +1 %) et c’est la maison individuelle qui constitue le moteur de cette amélioration (+17,3 % en diffus). La fédération fait cependant remarquer que le collectif est toujours à la peine : « Même si les ouvertures de chantier ressortent à +3,9 % sur deux ans, les permis chutent de -10 %, les ventes et mises en vente promoteur de -3,9 % et -9,4 % ». Elle remarque que cette crise du collectif touche plus particulièrement les zones tendues A et B1 (agglomération parisienne, Côte d’Azur, grandes agglomérations et territoires où les prix des logements sont élevés). La FFB note : « La densification souhaitée peine clairement à trouver sa concrétisation ». Le non-résidentiel n’est pas à la fête non plus : par rapport au début de 2019, les surfaces commencées et autorisées se sont effondrées de -16 à -21,6 % ! Tous les segments sont impactés, y compris la commande publique.

La rénovation soutenue par l’aide publique…

Le marché de la rénovation, dit « amélioration entretien », représentait 58 % de toute l’activité 2020 du bâtiment et il se porte mieux selon les chiffres avancés. Sa progression est de +1,3 %, « et les perspectives de printemps demeurent bien orientées dans la plupart des régions ». Olivier Salleron, le président de la FFB, explique : « L’enquête réalisée par les cellules économiques régionales de la construction pour le compte de la fédération, révèle ainsi une progression du volume du chiffre d’affaires de +10 % au premier trimestre 2021 ». Le segment de la rénovation retrouve ainsi un niveau supérieur à ce qu’il était en 2019. « Il faut y voir le succès indéniable de MaPrimeRénov’, mais peut-être aussi l’effet volume record des transactions dans [le bâti] ancien, avec près de 1,1 million de logements vendus sur 12 mois à fin mars 2021, ainsi que des travaux provoqués par les phases de confinement et de télétravail de ces derniers mois ».

Le responsable de l’organisme professionnel l’assure : « Cette relance reste indéniable au regard des carnets de commandes, qui atteignent des niveaux records, toutes tailles d’entreprises confondues. Et cela vaut aussi pour l’emploi, puisque fin mars, le bâtiment affichait 48 000 postes de plus qu’au premier trimestre 2020, y compris intérim en ETP, et que les perspectives d’embauche restent bien orientées ». Seul bémol : une rentabilité qui reste faible. Les Comptes nationaux trimestriels révèlent qu’après l’effondrement du printemps de l’an passé, le relèvement des marges a cessé à la fin du 3e trimestre dans la construction, et qu’elles se maintiennent bien en-deçà des niveaux d’avant crise.

… mais la FFB veut aussi de l’aide sur les matériaux

Et deux menacent planent selon les analystes de la fédération française du bâtiment. Tout d’abord la Déduction forfaitaire spécifique (DFS) – un abattement de 10 % de l’assiette des cotisations de sécurité sociale en contrepartie de frais supplémentaires liés à la mobilité du lieu de travail qui bénéficierait aujourd’hui à 45 % des ouvriers, 10 % des employés, techniciens et agents de maîtrise ainsi que 5 % des cadres – pourrait être supprimée ou tout du moins plus complexe à mettre en œuvre, poussant les entreprises à y renoncer. « La FFB demande instamment le retour au mode de calcul ex ante », assène son président. Autre sujet d’inquiétude, la flambée des prix de presque tous les matériaux depuis le début de l’année, confirmée par l’Insee. Olivier Salleron soutient : « Dans ce contexte, certaines entreprises dénoncent des contrats signés car la perte qu’elles subiraient en réalisant le chantier sans révision de prix s’avérerait plus forte que la pénalité qu’elles encourent en y renonçant. D’autre entreprises mettent réellement des salariés en congés ou en activité partielle, faute de matériaux pour réaliser les chantiers ». Selon lui, cette situation pourrait mettre en péril la relance. Le président de la FFB a d’ailleurs rencontré successivement Bruno Le Maire à Bercy – d’où il est parti déçu – puis Elisabeth Borne la ministre du travail (en photo), pour évoquer le maintien du chômage partiel, hors contexte sanitaire.

Pour faire face, le responsable de la fédération demande également la mise en œuvre de la théorie de l’imprévision et la réactivation de l’ordonnance de gel des pénalités de retard sur tous les marchés, y compris privés. « Nous demandons aussi un accompagnement plus fort à nos fournisseurs, afin de partager le risque et le choc sur les marges », ajoute-t-il. Et de réclamer au gouvernement un crédit d’impôt sur les « achats de matériaux » ainsi que la prise en charge intégrale des coûts d’activité partielle en cas de rupture d’approvisionnement. L’après-Covid sera-t-il aussi difficile à gérer que le Covid lui-même ?

G.N.

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Grégoire Noble
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