Un jeune héros dans le bâtiment : interview de Dylan Touzé
Dylan est là, devant le stand Semin. Il est vêtu de blanc comme les autres artisans qui montrent l’art et la manière d’appliquer de l’enduit. L’animation remporte un vif succès. Sa démonstration terminée, il répond aux questions des visiteurs.
Mais je n’étais pas là pour lui. Je devais rencontrer Caroline Semin. Avec une extrême gentillesse, il est allé la prévenir et j’ai pu l’interviewer. Vous pouvez retrouver ce moment dans l’article « Il était une fois Batimat 2022 ».
L’histoire pouvait s’arrêter là. Mais quelques jours plus tard, Caroline publie un post sur LinkedIn et je reconnais Dylan. Ni une ni deux, je me dis : « Et si je faisais son interview ? »
L’idée était excellente. Cet article en est la preuve. Vous allez découvrir Dylan Touzé, un jeune artisan du bâtiment expérimenté, passionné par son métier et qui a « un tempérament de feu » !
Ambassadeur Semin
Bonjour Dylan, tu es sur un chantier aux Sables-d’Olonne. Travailles-tu à ton compte ou pour Semin ?
« Je suis ambassadeur de la marque Semin comme lors du salon Batimat. Mais je travaille à mon compte. »
Comment as-tu fait pour devenir ambassadeur de la marque Semin ?
« J’ai été recruté par Caroline grâce à mes vidéos sur les réseaux sociaux. »
C’est intéressant, car dans nos articles avec Bricoman, on donne souvent des conseils aux artisans du bâtiment pour utiliser les réseaux sociaux. Avec toi, on a un exemple concret d’un artisan qui a été recruté par une marque grâce à sa présence sur TikTok et Facebook notamment. C’est donc une motivation en plus pour les professionnels comme toi. En vous montrant sur les réseaux sociaux, vous pouvez attirer l’attention des marques pour devenir leur ambassadeur.
Sur le salon, tu faisais quel genre de démonstrations ?
« Je faisais des démonstrations mécanisées uniquement. Avec des bazookas pour le collage des bandes et des boîtes à enduire pour la charge de la bande avec l’enduit. »
Et quel enduit utilisais-tu dans ces démos ?
« Le Perfect’ Joint de Semin. C’est un enduit à bandes qui sert à faire les trois passes : le collage, la charge et la finition. C’est vraiment un produit polyvalent pour les jointeurs. »
Les Worldskills
Que retiens-tu de cette expérience ?
« J'ai retenu la gentillesse et la bienveillance des personnes qui sont venues nous voir lors de ces démonstrations. Semin est une marque qui a toujours voulu être proche des gens. On va souvent sur les chantiers pour voir non seulement les pros, mais aussi leurs clients. J’ai une communauté importante de plus de 170 000 abonnés et certains d’entre eux sont venus spécialement pour me rencontrer, ça fait chaud au cœur. Cela m’a permis d’échanger avec eux et de mettre un visage sur leur nom.
Cet état d’esprit est bien à l’image de Caroline, la CEO Semin, qui est très sollicitée et toujours disponible. »
Ta voix tremble légèrement, on sent que ça te touche Dylan. Peux-tu me parler de l’une de ces rencontres ?
« Dorothée Bruchet et Aurore Bertolani, elles m’ont parlé des Worldskills et m’ont demandé d’intervenir pour booster les métiers du bâtiment auprès des jeunes. »
Tu as le profil parfait pour cette mission. Tu viens d’avoir 24 ans seulement et ils peuvent plus facilement s’identifier avec toi. On a encore une image un peu dégradée des métiers du bâtiment, non ?
« Oui, on a souvent considéré les métiers du bâtiment comme des métiers de deuxième zone, qu’on choisit parce qu’on ne peut pas faire autre chose. Un élève qui n’était pas bon à l’école, on lui disait qu’il deviendrait maçon ! Ce n’est plus du tout vrai. Je met un point d’honneur à faire passer ce message sur mon réseau pour leur dire de ne pas avoir honte de travailler dans le bâtiment, mais au contraire d’en être fiers. »
À quel âge as-tu commencé ?
« À 17 ans, au CFA de La Roche-sur-Yon. »
C’est amusant, car moi aussi j’ai commencé ma carrière de journaliste à La Roche-sur-Yon. J’avais 19 ans. On a un point en commun.
Ma première interview, c’était Miss Vendée (je le raconte dans cette interview : « Poigne de fer et séduction : quand une femme s’impose sur les chantiers. Interview de Julie Micaud »), aujourd’hui, c’est au tour des pros du bâtiment.
« Excellent, comme quoi le monde est petit. »
Je sais que tu as rencontré d’autres artisans comme Hilanie Rousseau (hila_bati et hilanie.78 sur les réseaux sociaux).
Elle m’a parlé de toi pendant la soirée des Ze Awards du bâtiment. Il y a aussi Ludovic Szczepaniak que j’ai déjà interviewé. Qui est le meilleur jointeur Ludo ou toi ? (rires)
« Je ne suis pas là pour comparer ! À Batimat, on a passé plusieurs heures ensemble. »
L'ami Ludovic
Dylan, je t’interromps un instant. J’ai une surprise pour toi, mais tu la découvriras seulement en lisant l’article. J’ai posé la même question à Ludovic.
« Alors si tu veux des photos et des scoops sur Dylan Touzé, tu es tombé sur la bonne personne. C’est mon pote, on a passé de grands moments ensemble. Sinon professionnellement, Dylan, c’est une machine. Il est jeune, talentueux, beau et il a un tempérament de feu. Il reste sur les chantiers jusqu’à des heures pas possibles, il a toujours les doigts dans la prise !
C’est un amour. Il a toujours de bons conseils pour toi. Tu lui poses une question, il te répond dans la foulée. Il a de la notoriété sans avoir la grosse tête. Il ne se prend pas au sérieux et c’est ce que j’aime chez lui. Je suis fier d’être son ami. »
Je te repose la question, qui est le meilleur ?
« C’est Dylan ! Honnêtement, c’est Dylan. C’est même le meilleur de France ! D'ailleurs, si l’on réfléchit bien, pourquoi, d’après toi, Caroline a-t-elle choisi Dylan pour être ambassadeur Semin ? »
Merci Ludovic. J’invite les lecteurs qui veulent te connaître un peu mieux à lire ton interview : « L’artisan au Bazooka cherche la lumière »
Semin, c'est l'histoire de ma vie
Pour reprendre notre conversation, je lui demande de me dire deux mots sur Caroline.
« Caroline est une chef d’entreprise très humaine. Elle est proche de ses collaborateurs, des utilisateurs de ses produits et de ses clients, pas seulement des professionnels, mais aussi des particuliers. Elle a une passion pour son métier hors norme. Tout comme son père d'ailleurs. »
Je sais que tu es fier d’avoir ce rôle.
« C’est plus qu’un honneur pour moi d’être ambassadeur Semin. J’irai même plus loin en affirmant que c’est l’histoire de ma vie ! Bien avant ce rôle, j’utilisais leurs produits, je leur faisais de la pub, je vendais même des produits pour eux. »
Est-ce qu’il y a une personne qui a été déterminante dans ta carrière ?
« Mon beau-frère avait une entreprise du bâtiment. Je l’ai aidé à rénover sa maison quand j’avais 14 ans. 3 ans plus tard, il me propose de me prendre en apprentissage en tant que plaquiste.
Quand il a fallu faire les bandes, j’ai eu un coup de foudre. Je me suis immédiatement dit : " je ne veux faire rien d'autre, et, en effet, et je ne fais que ça !" »
Comment est née ta passion pour le bâtiment ? Stéphane Aria jouait avec des Lego, et toi ?
« Tout petit, je construisais des maisons avec du ciment et des petites briques.
Je m’amusais aussi à repeindre des murs chez mes parents.
Mon père était patron d’une grosse entreprise de peinture. De mes 5 ans à mes 10 ans, j’aimais l’accompagner à l’atelier le matin avant d’aller à l’école. Je posais des questions techniques aux gars de son équipe, par exemple par où ils commençaient quand ils peignaient un plafond, je les aidais même à charger le camion, etc. »
Je comprends mieux maintenant, car tout comme Caroline, ton métier, c’est une histoire de famille.
À quelques jours de Noël, voici le lien vers le jeu de construction préféré de Dylan durant son enfance. C'est une bonne idée cadeau.
Comme un basketteur sur les chantiers
Maintenant, c’est à ton tour de transmettre cette passion à travers des démonstrations, des interventions auprès des jeunes et des formations. Je t’ai vu dans une vidéo sur YouTube au château du Theil. Quelle était ta mission ?
« On était là pour enseigner à des particuliers la mise en place d’un enduit spécifique de la marque Semin et leur donner des conseils. Si des particuliers sont capables de l’utiliser alors c’est encore plus facile pour un professionnel. »
Quels sont les conseils que tu donnes aux artisans ?
« D’aimer leur métier et de mettre du cœur à l’ouvrage. »
Je vois que tu mets la passion avant tout. Et un conseil technique avec un enduit Semin ?
« L’essayer, c’est l’adopter ! C’est ma devise. »
Est-ce que tes clients sont de plus en plus sensibles aux produits bons pour la nature et la santé ?
« Oui, j’ai pas mal de demandes pour des produits naturels, mais aussi le fabriqué en France. Parfois, ils sont même prêts à payer plus cher pour avoir un produit naturel et made in France. »
Est-ce qu’il y a un lieu où tu te sens bien ?
« Sur mes chantiers, notamment quand je suis dans des appartements avec vue sur l’océan. »
Quelle est ton autre passion ?
« Je suis un grand fan de basket. J’en ai fait aussi à haut niveau. »
Je me dis que pour faire ton métier, il vaut mieux avoir un physique de basketteur !
Sur les vidéos, toi, Ludo et les autres, vous avez toujours les bras levés comme si vous deviez shooter. (rires)
« Oui, il faut une sacrée condition physique et surtout de la patience. Il faut des années de pratique avant de pouvoir gérer les machines comme on le voit sur nos vidéos. Ça paraît tellement simple, mais quand on les a dans les mains, c’est une autre histoire. »
Et tu fais quoi pour te maintenir en forme ?
« Le boulot tous les jours, c’est largement suffisant ! Je ne pourrais pas faire plus. »
Flotuto & Hilanie
Quels sont les artisans que tu aimes suivre sur les réseaux sociaux, à part Ludovic ?
« Flotuto (Florent Codron), car il est toujours dans le conseil et l’explication du produit. Il va au-delà du rôle qu’il a chez Zolpan. Il ne cherche pas à mettre en avant les produits de sa marque, mais il partage l’amour de son métier. »
Florent a compris depuis longtemps comment fonctionne la communication sur le web.
C’est en parlant des autres que les autres vont s’intéresser à toi. C’est exactement ce que l'on fait avec Pierre Lippens de Bricoman en mettant en avant, à travers ces interviews, les artisans du bâtiment.
Tu voulais me citer quelqu’un d’autre ?
« J’aime beaucoup aussi suivre les aventures d’Hilanie Rousseau sur les réseaux sociaux. C’est une peintre passionnée et talentueuse. »
Est-ce que tu rencontres souvent des artisanes sur les chantiers ?
« Oui, d’ailleurs Hilanie met souvent en avant ses collègues féminines. Elles sont plus dans les métiers de la finition : peinture et parquet par exemple. »
Quel a été ton plus beau chantier ?
« C’est la villa d’un grand chef d’entreprise. Il y avait 1500 m2 de placo ! C’est énorme, c’est l’équivalent de 4 maisons. Le plafond était à sept mètres de hauteur. J’ai pris le plus grand des plaisirs sur ce chantier. »
Je peux même te donner un autre élément de comparaison : cela représente environ 3 fois la fresque de Michel-Ange au plafond de la Chapelle Sixtine. Un travail titanesque !
Qu’est-ce que tu préfères faire dans ton métier ?
« La finition des bandes. C’est un travail d’une extrême précision et c’est une grande satisfaction de mettre le peintre dans les meilleures conditions pour travailler. »
Un manque de reconnaissance
Tu comprends le coup de gueule de Ludovic, Flotuto m’a dit la même chose à Batimat, sur le manque de reconnaissance de votre spécificité ?
« C’est l’un des métiers les plus rares du bâtiment. Des peintres, on en voit partout, même chose pour les plombiers et les maçons. Mais quand il faut faire les bandes, il n’y a personne ! Même les plaquistes ne veulent pas les faire. Alors quand on est là, tout le monde est content.
Image
Pourtant, sur les réseaux sociaux, on arrive à faire des millions de vues avec nos vidéos. J’espère que grâce à ça, on pourra devenir des artisans du bâtiment avec un statut reconnu. Cela serait une grande satisfaction pour tous les jointeurs de France.
Une bande bien faite est invisible. Une bande mal mal faite, tout le monde la voit ! »
Ce manque de reconnaissance vous touche vraiment.
« Oui, parce que ce n’est pas un métier sous-payé. Quelqu’un qui ne fait que ça gagne très bien sa vie. Aujourd’hui, on a tous les outils pour bien le faire. Ce n’est pas comme si l’on était en l’an 40 avec des enduits pourris.
Quand j’explique ce que je fais dans la vie, ce n’est pas normal qu’on me réponde " Ah ouais, ça existe ça ! Tu aurais dû venir chez moi, le travail aurait été nickel." »
Vous allez y arriver. j’en suis certain et ces interviews sont là pour vous supporter. J’ai vécu la même chose au milieu des années 90. Je travaillais déjà sur le web, c’était un domaine encore méconnu, et il n’y avait aucun statut pour nous dans l’entreprise. On s’est battu pour avoir la reconnaissance de nos métiers. On était des précurseurs comme toi, Ludo et les autres jointeurs.
Où retrouver Dylan ?
Si tu étais un outil du bâtiment, tu serais…
« Je serais une lame à enduire, car c’est un outil très fragile et qui se manipule avec soin. Une lame à enduire de l’Outil Parfait ou de EDMA. Deux marques françaises. »
Je vais te poser la même question que j’ai posée à Caroline Semin à Batimat. Walt Disney disait : "Pour réaliser une chose vraiment extraordinaire, commencez par la rêver." Quel est ton rêve Dylan ?
« Pousser les jeunes, pousser les métiers, pousser l’amour du travail pour réduire le chômage et pousser la France le plus loin possible, plus loin que ce que l’on fait aujourd’hui. Notamment, en représentant mon pays avec les Wordlskills. »
Où te vois-tu dans 20 ans ?
« Je me vois toujours à mon compte, je me vois toujours ambassadeur Semin, et faire de grandes choses à l’international. »
Est-ce que tu as un héros réel ou imaginaire ?
« Mon père. C’est un exemple pour moi. Il a démarré de rien et il a réussi à avoir une entreprise dans le bâtiment avec 45 employés. Il avait des mains en or. »
Merci Dylan, on peut ajouter qu’on peut te retrouver sur TikTok : « dylann623 ». Mais aussi sur Facebook ?
« Oui, j’ai un groupe Facebook. C’est un groupe d’échanges, de partages et d’entraides entre jointeurs, plaquistes et peintres. On est plus de 46 000 abonnés ! »