En France, Screwfix nouvelle “arme fatale” de Kingfisher ?
Le groupe Kingfisher a publié des résultats en baisse de 2,2 % au 1er semestre au global, et de -3,8 % en France. Avec Castorama qui rame (-2,7 %), mais s’en sort un peu mieux qu’un Brico Dépôt à -5 % ! Les renforts se dessinent à l’horizon : marketplace tricolore, cible pro notamment chez Brico Dépôt et envol de Screwfix qui vise 600 points de vente en France.
Les résultats semestriels du groupe Kingfisher pâtissent d’un gros coup de frein en Pologne et en France pour un chiffre d’affaires global de 6,808 Md£ (environ 7,82 Md€) en baisse de 2,2 % à surface comparable. Sur le seul périmètre britannique, le résultat est bien meilleur avec +1,7 % dont un très beau +4,1 % au deuxième trimestre (voir graphiques ci-dessous).
Mais de l’autre côté de la Manche, c’est le fog avec un Kingfisher France en repli de 3,8 % au premier semestre dont un sévère -5 % pour Brico Dépôt − soit une chute quasiment deux fois plus forte que Castorama (-2,7 %). Et les résultats du dernier trimestre sont du même acabit. Il n’y a pas de signe flagrant de reprise.
Fausse route de Brico Dépôt
Le groupe explique cet écart entre les deux enseignes par un Brico Dépôt qui a souffert de blocages de dépôts par des grévistes contre la réforme des retraites, mais aussi par un choix stratégique abandonné. Kingfisher souligne que Brico Dépôt avait alloué des dépenses marketing à des opérations digitales sans rencontrer le succès escompté.
L’enseigne a depuis fait machine arrière. En somme, c’est retour aux catalogues ! L’écart de résultat entre Castorama et Brico Dépôt pourrait aussi s’expliquer par des ventes “Cœur” et “Projets” plus résilientes chez Castorama (-0,9 %) que chez Brico Dépôt (-3,4 %). Les catégories “Cœur” correspondent aux produits non saisonniers dans toutes les catégories (peinture, quincaillerie, etc.). Les catégories “Projets” regroupent l’univers de la cuisine, de la salle de bains et du rangement.
Et pendant ce temps-là, la concurrence…
Côté ventes saisonnières, c’est la Bérézina pour les deux enseignes avec un recul d’environ -7 % pour Castorama, et supérieur à -10 % pour Brico Dépôt. Tout cela n’augure pas d’une reprise des parts de marché en France si l’on en croit les chiffres non officiels ou officiels de la concurrence recueillis ici ou là.
Sur le premier semestre 2023, (Kingfisher mesure son exercice comptable février à juillet), Mr.Bricolage recule aussi, mais seulement de 0,9 %. Quant à L’Entrepôt du Bricolage, le concept du groupe Samse progresse, lui, de 4,8 %. Lamaison.fr ferait encore mieux et ITM (Groupe Les Mousquetaires) serait dans le vert à près de 3 %. Reste Leroy Merlin que l’on dit confortablement en progression (au-dessus des +4 %) ; c’est-à-dire à peu près dans les mêmes eaux que Weldom qui, lui, se hisse à + 4,6 % (+15 % à surface courante).
En clair, Kingfisher France dévisse ! Mais l’inflation fausse un peu le jeu, car ces progressions de chiffres ne témoignent pas forcément de plus de passages en caisse. C’est la comparaison des marges qui sera intéressante. Kingfisher n’est guère optimiste pour la suite, et informe que le troisième trimestre est sur une tendance à -2,4 % pour l’ensemble du groupe d’origine britannique, tandis que la France subirait encore un ralentissement. Et de conclure que la prévision de résultat avant impôt est d’ores et déjà glissée de 634 M£ (soit environ 729,1 M€) à 590 M£ (± 678,5 M€).
Arme fatale : la marketplace tricolore ?
Quels sont les points positifs ou les raisons d’espérer ? D’abord Kingfisher France n’a toujours pas sa marketplace tricolore. Et là, c’est une faiblesse notoire lorsque l’on regarde par exemple l’effet de celle de Leroy Merlin ou du britannique B&Q.
Thierry Garnier, le PDG de Kingfisher, révèle lui-même que « sur le premier semestre, nos ventes en ligne ont augmenté de 7 %, portées par le succès de nos marketplaces. Les ventes de la marketplace de B&Q ont atteint 33 % de ses ventes en ligne en juillet ». On imagine quelle bouffée d’air frais cela apporterait à Kingfisher France. L’ouverture de sa place de marché est annoncée désormais pour 2024.
Autre signe positif : la chasse aux professionnels
Pour mieux adresser et servir cette cible, « nous avons continué à développer des gammes spécifiques, des services dédiés et formé des vendeurs experts dans l’ensemble de nos enseignes. Avec notamment la mise en place de zones dédiées aux Pros dans vingt-sept magasins en France et en Pologne », détaille Thierry Garnier.
En France, Screwfix vise… 600 dépôts
Mais le coup de booster viendra − sans doute ! − de Screwfix. « Avec désormais neuf magasins Screwfix en France, dont quatre ont ouvert au premier semestre 2023, l’attractivité de la marque progresse auprès des clients professionnels. Nous prévoyons désormais jusqu’à vingt ouvertures cette année. Ces premiers résultats en France nous ont encouragés à passer à l’étape suivante de notre développement à l’international », détaille Thierry Garnier.
Et de poursuivre : « Au troisième trimestre, nous annonçons le lancement de Screwfix en tant que pure player en ligne dans jusqu’à vingt pays européens ». Mais pour rester sur le seul périmètre français, Kingfisher envisage pas moins de 600 Screwfix à terme dans l’Hexagone. Seule condition ? « Si la réussite de ce format se confirme », prévient le patron de Kingfisher.