
Rénovation énergétique : un collectif de professionnels manifeste devant l’Anah

À Paris ce lundi 12 mai 2025, à la suite du mot d’ordre passé sur le réseau social LinkedIn, plusieurs dizaines de professionnels de la rénovation (chefs d’entreprise, installateurs, mandataires, MonAccompagnateurRénov’…) s’étaient donné rendez-vous devant le siège de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) qui gère les dossiers d’aide MaPrimeRénov’.
Face à la grille baissée de l’immeuble haussmannien, Thierry Flak, directeur général de Home Expert Habitat, l’un des porte-parole de ce mouvement spontané, déclare : « C’est ce que nous vivons au quotidien avec l’Anah ! Un manque total de communication, aucune réponse. Et aucune possibilité d’être reçus. Nous avons même été poussés sur le trottoir d’en face. C’est dire… ».
Les professionnels réunis, quelques dizaines, étaient entourés de nombreux micros tendus pour faire passer leur message, par-delà les doubles vitrages de l’Anah. « Nous demandons des engagements sur les délais d’octroi et les délais de paiement. Nous demandons une réaction ».

Des millions d’euros attendus...
Car la situation est grave pour un certain nombre d’entreprises et de particuliers qui ont avancé le montant des travaux et peinent à se faire rembourses les aides promises. Voire accordées puis finalement réduites en cours d’examen du dossier.
Un installateur francilien nous répond anonymement qu’il a une dizaine de dossiers en souffrance à l’Anah et qu’il a plusieurs dizaines de milliers d’euros manquants dans sa trésorerie. Il a licencié des collaborateurs et s’apprête à réduire drastiquement son activité.
Même cas de figure pour Pietro Ruggieri, chef d’entreprise de la rénovation globale en Bourgogne : « J’ai 1,2 M€ sortis depuis septembre 2024. J’ai dû emprunter pour payer les salaires de mes gars. Mais c’est intenable ».
Aux côtés des entreprises de rénovation, un Accompagnateur Rénov’, Frédéric Chombart, témoigne lui-aussi : « Nos clients attendent des paiements depuis août 2024. Ces primes sont attendues par des particuliers depuis une dizaine de mois. Ce n’est pas normal ».

...et des dizaines d’emplois détruits
Interrogé sur la nécessité de lutte contre les fraudes, il répond : « Les fraudes ? Mais des propositions ont été faites à l’Anah pour des vérifications locales au moment de la réception du dossier. Mais l’Anah tient un double discours : par exemple, sur un dossier où elle avait accordé 70 % de subventions, elle est revenue sur sa décision pour ramener cette proportion à 50 puis seulement 30 % en raison de la fraude. Mais donc, elle participe tout de même au financement ? Elle n’est pas cohérente ».
Thierry Flak de son côté (Home Expert Habitat) estime que les chiffres présentés par l’Anah ne sont pas exacts et que l’agence reste dans le déni : « C’est dommage qu’ils soient contre nous, alors nous voulons travailler avec l’Anah ». En attendant, son entreprise a licencié quatorze personnes et fermé deux agences régionales, à Cambrai et Nice, afin de limiter les frais de fonctionnement et préserver une trésorerie dans un état critique.
Il lui manque encore 800 k€ d’aides à se faire rembourser… « Nous ne sommes pas la banque de l’État, nous voulons juste travailler », conclut-il devant les caméras. À 15h30, aucun représentant de l’Anah n’était encore descendu parler avec les professionnels. Et aucun représentant du mouvement n’était invité à l’intérieur du siège de l'Agence.
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