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Rénovation : la FDMC plaide (elle aussi) pour un maintien de la TVA à 10 %

Stéphane Vigliandi
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Travaux de peinture et de plâtrerie.

Alors que le gouvernement envisage de relever le taux de TVA de 10 % à 20 % pour les travaux d’entretien-amélioration, la Fédération des distributeurs de matériaux de construction (FDMC) juge « indispensable » le maintien d’un taux à 10 %. Et se mobilise aux côtés de la Capeb et de la FFB.

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Taux plein sur les travaux d’entretien-amélioration : attention danger ! En présentant lundi 24 juillet sa revue de dépenses publiques dans le cadre des arbitrages du budget 2024, Bercy a notamment suggéré de supprimer « le taux intermédiaire de TVA de 10 % sur les travaux [d’amélioration des logements de plus de deux ans et à usage d’habitation] autres que la rénovation énergétique ». L’Inspection générale des Finances préconise dans son rapport le passage au taux plein de 20 % dans un contexte de rigueur budgétaire.

Une proposition qui fait grincer des dents les acteurs de la filière. Le 25 juillet, la Fédération française du Bâtiment (FFB) a décrié « un mauvais choix économique ». Elle craint que la mesure n’induise, sur la base des données 2022, « un surcoût de 4 milliards d’euros » pour les ménages, ainsi qu’une hausse des devis des professionnels − les TPE et PME artisanales au premier chef.

« Après le rabotage du PTZ [prorogé jusqu’en 2027, mais sur un périmètre plus restreint] et la fin confirmée du Pinel [à la fin 2024], ce serait à nouveau brouiller le signal positif envoyé avec la majoration de MaPrimeRénov’. »
Olivier Salleron, président de la FFB

Réaction similaire à la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du Bâtiment (Capeb) qui évoque une vision gouvernementale « purement comptable ». Elle estime que la suppression du taux intermédiaire − anciennement de 7 % et revalorisé à 10 % depuis 2016 − « risquerait de grever lourdement » les engagements de travaux des ménages dans un climat d’inflation déjà élevée et de fortes tensions sur le marché du Bâtiment.

Élargir le périmètre de la TVA à 5,5 %

Avec « une double conséquence », selon l’organisation patronale. Primo, « une baisse d’activité pour les entreprises du bâtiment qui connaissent déjà depuis un an une décroissance de leur activité ». Secundo, « l’incapacité pour la France d’atteindre ses objectifs en termes d’offre de logements ».

Dans une démarche de simplification administrative, la Capeb va même plus loin. Elle appelle à généraliser « le taux réduit de TVA à 5,5 % [réservé aux travaux de rénovation énergétique] à l’ensemble des travaux de rénovation quels qu’ils soient ».

Pour la Capeb, « les travaux de rénovation énergétique et les autres travaux de rénovation, en particulier les travaux induits, sont indissociablement liés. »

Mercredi 26 juillet, c’était au tour de la FDMC de monter au créneau en joignant sa voix à celle des deux organisations professionnelles. Un soutien que sa présidente Marie Arnout qualifie d’« évidence ». Le maintien du taux à 10 % est « indispensable » selon la fédération, tandis que le passage au taux plein serait une décision jugée « contradictoire et extrêmement dangereuse ».

« Une telle mesure pourrait porter un coup terrible à l’activité [des artisans] et à celle de nos adhérents [près de 4 250 entreprises représentées] », redoute Marie Arnout. Et d’appeler l’exécutif à « apporter un signal de soutien et de pérennité à la filière et à ses entreprises ».

Dès la rentrée, les débats sur le projet de loi de Finances 2024 risquent d’être animés. D’autant que, sur le volet Performance de MaPrimeRénov’, le Secrétariat général à la planification écologique préconise une montée en charge colossale. Entre 2022 et 2030, le nombre de rénovations en résidentiel va devoir grimper de 66 000 à rien de moins que... 900 000 !

ENTRETIEN AVEC… Marie Arnout, présidente de la FDMC
« Sur MaPrimeRénov’, nous avons été entendus »

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Marie Arnout, présidente de la FDMC.
2022 : net repli en volume

Marie Arnout : Portée en partie par l’inflation, l’activité a, bien sûr, été très bonne avec un chiffre de 21 Md€ HT : c’est une évolution d’environ +10,5 % comparée à la période pré-Covid. Néanmoins, depuis fin 2021, nous sentions que le marché commençait à se tendre avec la crise dans le neuf. D’ailleurs, en 2022, certaines familles du gros œuvre telles que les poutrelles métalliques et treillis soudés ont vu leurs ventes baisser de 10-15 % en volume. En bois et dérivés, le marché s’est maintenu. Quant au PPI [plâtrerie, plafonds, isolation], le segment reste porté par un marché de la rénovation énergétique toujours dynamique. En 2024, la fédération pourrait disposer de son propre baromètre permettant aux adhérents d’avoir d’une analyse fine de l’activité par secteur. L’outil serait d’abord, a priori, trimestriel.

Grande prudence en 2023

M. A. : Certains économistes jugent que le marché du logement pourrait connaître sa pire crise depuis les années… 1950 ! Si la promotion immobilière continue de s’affaisser− tant dans le neuf que dans l’ancien −, le risque d’une érosion de la rentabilité des négoces est grand. En outre, le Conseil national de la refondation-Logement a rendu ses conclusions le 5 juin. La FDMC n’a pas été entendue sur beaucoup de points : ce qui suscite des inquiétudes chez nos adhérents. L’État doit prendre des mesures de relance.

« La FDMC suivra avec attention le projet de loi de Finances 2024. »

MaPrimeRénov’ : “la” bonne nouvelle ?

M. A. : Comme tous des acteurs du Bâtiment, la FDMC se féliciter de la hausse du budget alloué à la rénovation qui passe de 2,4 Md€ à 4 Md€ par an. C’est un signal fort et un ballon d’oxygène dont le marché a besoin pour parvenir aux 200 000 rénovations performantes et lutter contre les passoires thermiques. Cet automne, nous suivrons avec attention le projet de loi de finances 2024 rectificatif.

Ballon d’oxygène en 2024 ?

M. A. : Sur le front de l’accessibilité des logements, MaPrimeAdapt’ [gérée à 100 % par l’Anah comme pour MaPrimeRénov’] fait partie des leviers pour soutenir l’activité. Tous les métiers sont concernés : aménagements intérieurs, élargissement des portes, salles de bains et douche “zéro ressaut”, etc. Pour l’instant, la réalisation des travaux n’impose pas de label spécifique [du type Silverbat, Handibat ou Les Pros de l’accessibilité dont l’appellation pourrait devenir ProAdapt’]. Mais les choses pourraient évoluer sur ce point. En revanche, la fin du Pinel et la loi ZAN ne répondent pas aux enjeux de la filière.

Stéphane Vigliandi
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