« L’important est de rester en mouvement » (Würth France)
Rencontre avec Claude Kopf, président du directoire de Würth France.
Zepros : Comment s’est terminée l’année 2020 ?
Claude Kopff : En résumé, comme pour beaucoup d’autres entreprises, cette pandémie que nous sommes en train de vivre a radicalement changé la façon de vivre et de travailler. Si les mois de mars-avril-mai 2020 ont été très difficiles, avec -28 % d’activité à ce moment-là, le rebond de l’été dernier a été très significatif à partir de juin, permettant d’arriver à seulement -3,6 % en fin d’année. L’entreprise ne s’est jamais arrêtée de travailler et les magasins sont restés ouverts sur la base du volontariat, avec de l’e-business aussi bien sûr. Ce qui nous a permis, avec l’aide de l’Etat et des mesures mises en place, de terminer l’année 2020 avec un résultat opérationnel quasi-équivalent à celui de 2019.
Zepros : Et les six premiers mois de 2021 ?
C. K. : L’année a plutôt bien démarré, avec un 1er trimestre très correct. Malheureusement, nous avons subi un 2e virus… mais informatique cette fois ! Une cyberattaque a été déclenchée contre de nombreuses entreprises le dimanche de Pâques via un ransomware. Nous n’avons pas payé mais cela nous a obligé à restaurer et sécuriser nos serveurs. Entre 2 et 3 semaines ont été nécessaires pour un retour à la normale. Nous avons, là aussi, continué à travailler malgré tout, mais en étant un peu dans le flou et en mettant quelques centaines de personnes au chômage partiel. Nous en sommes même revenus aux bons de commande manuels dans les magasins… Depuis, les mois de mai et juin 2021 ont été très bons.
Zepros : Comment faites-vous face à la flambée des matériaux et aux pénuries ?
C. K. : Nous sommes évidemment impactés. Le groupe est très attentif et nous avons la chance d’avoir des fabricants au sein du groupe. Quelques produits sont problématiques, notamment les produits bois, en raison d’un manque de matière première. Et cela ne devrait pas s’améliorer avant la fin de l’année. Nous avons un stock très conséquent et nous travaillons avec la holding, en Suisse, qui sert de centrale d’achat aux filiales Würth de différents pays hors Allemagne. Grâce à des stocks importants, nous continuons à fournir nos 260 000 clients professionnels en France. Mais certaines commandes doivent être limitées : nous régulons ainsi entre nos approvisionnements et nos clients, pour que tous soient servis, grands ou petits.
Zepros : Quelles nouvelles font l’actualité de Würth ?
C. K. : Aux Journées de la construction de la Capeb, nous avons reconduit le partenariat pour une durée de 3 ans avec la confédération, pour mener des actions spécifiques à destination de ses 50 000 ou 60 000 adhérents. Avec les différentes unions des métiers, nous avons notamment développé une mallette spécifique par corps de métier, avec des kits comprenant des gants et des lunettes de protection. Pendant la pandémie l’an passé, nous avions sécurisé des bidons de gel hydroalcoolique et des lots de masques pour les réserver aux adhérents de la Capeb. Côté formation, nous avons accéléré sur celles à destination des 300 ou 350 managers de Würth France. Nous travaillons sur la bienveillance, l’agilité, les nouvelles technologies.
Zepros : Et du côté de votre réseau ?
C. K. : Nous venons d’ouvrir notre 175e magasin en France, un ProxiShop, à Arras (Pas-de-Calais). Nous devions ouvrir plus d’une vingtaine de magasins cette année, mais à cause du Covid, le nombre sera plutôt compris entre 18 et 20. Et nous prévoyons déjà 15 ouvertures pour 2022. Nous déployons également de nouveaux concepts à l’intérieur des magasins plus anciens, qui font entre 600 et 700 m², et qui sont plus grands que les plus récents, où les surfaces oscillent plutôt entre 300 et 350 m². Nous allons donc tester des magasins “par métier”, sur trois sites : tout d’abord dans le Haut-Rhin, en Île-de-France et dans le Sud-Ouest, avec un agencement renouvelé sur 350 m² plus un environnement spécifique pour un univers, électricité, sanitaire-chauffage, peinture ou menuiserie-charpente. Ce concept sera déployé à partir d’octobre et sera potentiellement adapté dans une trentaine de magasins.
Zepros : D’autres investissements prévus ?
C. K. : Oui, au 1er décembre, nous basculerons notre ERP d’une solution propriétaire vers SAP. Un autre gros investissement (4 M€) sera celui de la rénovation d’un bâtiment de 4 000 m² à côté de notre siège pour accueillir un centre de formation agréé par l’Apave, ainsi que les gestionnaires de notre flotte auto et le call center, qui regroupent chacun plus de 30 personnes. Les travaux dureront 10 mois pour que l’ensemble soit opérationnel en mai ou juin 2022. Enfin, il y aura la dernière phase du plan de rénovation de notre logistique “EvoLog” à Erstein (Bas-Rhin) avec pas moins de 70 M€ sur trois ans, pour la création d’un shuttle et la modernisation de notre outil qui a entre 25 et 30 ans. Nous espérons que tout sera opérationnel en 2024. En 2025, nous agrandirons la plateforme de Montélimar (Drôme).
Zepros : Et sur le plan numérique ?
C. K. : Nous adoptons la multicanalité entre magasins et e-business, secteur dans lequel nous continuons d’investir chaque année entre 2 et 3 M€ pour de nouveaux outils et de nouvelles technologies. Il y a 4 ou 5 ans, nous réalisons 3 % de notre chiffre d’affaires grâce au digital. À la fin de l’année, nous atteindrons 14 % du CA, ce qui fait entre 90 et 100 M€. Aujourd’hui, il y a une équipe dédiée de 30 personnes. L’e-procurement (approvisionnement électronique) touche beaucoup d’acteurs grands comptes.
Würth France en bref
- 680 M€ de chiffre d’affaires en 2021.
- 4 100 collaborateurs dont 1 500 commerciaux.
- 175 comptoirs ProxiShop.
- 270 000 clients professionnels en compte.
- 30 000 références produits, stockées.