« Malgré une conjoncture incertaine, la Bretagne reste un territoire porteur »

Clément Quéguiner : Après le plan Cap 2025 qui a bénéficié d’une activité plutôt porteuse entre 2020 et 2024, la nouvelle feuille de route a dû être adaptée dans un contexte où nous avons à nouveau peu de visibilité dans le BTP et sur le plan réglementaire. Mais elle est structurante et adaptée au climat d’affaires actuel. Aujourd’hui, le gros œuvre capte ±30 % de notre activité. L’acquisition de 100 % des titres de BHR – acteur régional reconnu en BPE – me paraît décisif pour asseoir nos positions fortes sur ce marché en nous renforçant de façon homogène dans le Grand Ouest. Quéguiner poursuit aussi sa stratégie d’ouvertures ciblées d’agences. Deux créations sont prévues : à Vitré (35) début 2026 et Vertou (44) en 2027. Il s’agit de nous déployer plus en zone urbaine à fort potentiel. 

Outre ces investissements, le pôle béton Celtys poursuit sa transformation. Avec la modernisation de l’outil industriel et l’élargissement de l’offre – notamment Airium (béton isolant mis au point par Lafarge). Celtys va aussi disposer d’une nouvelle usine en 2025 pour produire Rexlan : un béton polymère issu de notre R&D. Notre volonté ? Développer nos propres solutions techniques. En menuiserie, la construction d’une nouvelle usine à Landivisiau (29) – 7 M€ investis, dont 800 000 € via France Relance – a permis de doubler nos capacités de production qui passent à 30 000 unités/an.

Nous sommes une société familiale qui entend s’affirmer comme l’un des principaux acteurs indépendants dans ces deux territoires. Pour l’instant, nous ne nourrissons pas de projets extra-régionaux.

En 2024, tout d’abord, notre CA a baissé de 7-8 % en tenant compte de nos actions de croissance externe et organique. Je n’entrevois pas de réelles améliorations depuis le début de l’exercice 2025. Le neuf reste en berne comme dans une majorité de régions. Ce segment a le plus impacté l’activité – le gros œuvre drainant 30 % de notre CA. La raréfaction du foncier avec la loi ZAN ne facilite rien. Les TP (±25 % du CA) se sont mieux comportés. Reste à savoir si la croissance restera au rendez-vous avec les élections municipales de 2026, puis les présidentielles en 2027. Quant à l’activité adressant les agriculteurs (moins de 10 %), elle redevient dynamique grâce à la remontée des cours du porc qui incitent ces clients à réinvestir.

S’il reste notre principal segment, en particulier la rénovation, l’activité est erratique depuis plusieurs mois. Les raisons : l’épargne des ménages n’a jamais été tant élevée depuis les années 1980 [un taux de 17,4 % en 2025 à hauteur de 6 300 Md€ selon l’Insee vs 12,3 % en 1985 : Ndlr], la frilosité des Français à investir liée au contexte intérieur et géopolitique, un manque de lisibilité sur les aides d’État, etc. Les ventes en second œuvre technique et finitions en sont forcément affectées. Le trafic en agences en pâtit plus ou moins avec les particuliers, voire la prescription.

L’instabilité réglementaire n’a jamais eu la vertu de rassurer les marchés. Sur toute notre chaîne de valeur, ce sentiment prévaut bien sûr. Il y a toutefois un élément positif : l’exclusion des monogestes et des copropriétés à la suite du gel du guichet MPR. Mais je veux rester confiant. La Bretagne bénéficie d’une courbe démographique positive [de 2018 à 2040, la population devrait croître entre 197 000 et 510 000 habitants selon différents scénarios – source : Observatoire Audiar Rennes : Ndlr] et d’une densité d’ETI plutôt denses. De quoi soutenir l’activité du BTP dans les années à venir !

C’est devenu un sujet majeur quelle que soit la filière. Nous restons en veille, en particulier sur son utilisation en back et front-office tant pour le négoce que sur nos activités de fabricant.