« Le rachat de Protecthoms consolide notre approche des EPI »
Sur le marché des EPI, le paysage de la distribution continue de se transformer de la tête aux pieds. Et le mercato se poursuit dans une filière très concurrentielle où les dimensions conseils et services associés restent fondamentales. Fondateur du groupe Protecthoms en 1993, son P-dg Laurent Lairy a cédé début juin sa société à Grand Comptoir. À même pas 54 ans, c’est « une décision importante et mûrement réfléchie » qu’il a prise.
« Face à la montée en charge des fonds d’investissement dans la distribution BtoB, j’ai préféré, dès la fin 2019, donner la priorité à une solution patrimoniale pour préserver l’intérêt général de l’entreprise, rappelle Laurent Lairy. Avant tout, mon choix a été guidé par l’aspect humain et la nature du projet industriel. Grand Comptoir cochait toutes les cases. »
En outre, le multispécialiste en EPI avait accéléré ces dernières années son développement : notamment des rachats de grossistes indépendants, 150 k€ investis dans un dispositif de décontamination en double contrôle des EPI de classe 3, des recrutements pour l’activité SAV-Maintenance.
« Protecthoms devait s’organiser pour franchir un nouveau palier de croissance inédit que Laurent Lairy, actionnaire majoritaire, ne pouvait plus assurer seul », rappelle Grand Comptoir.
“Vestiaire” complet et batterie de services associés
Jusqu’à fin décembre 2021, Laurent Lairy accompagne cette intégration effective depuis le 3 juin dernier au sein de Grand Comptoir. Tout en conservant son autonomie, Protecthoms va bénéficier de nouveaux moyens et d’effets de synergies (achats, supply chain…).
Désormais DG de Grand Comptoir et président de Legallais depuis mai, Philippe Nantermoz pilote l’actuel comex de Protecthoms qu’il préside. Les deux entreprises familiales « à visage humain » estiment désormais être « dimensionnées pour jouer un rôle essentiel dans la structuration de la filière EPI » : un marché français (tous métiers confondus) évalué entre 1 Md€ et 1,25 Md€ par an selon le Synamap qui représente les fabricants et distributeurs du secteur.
« Protecthoms a initié une démarche différenciante dans la profession qui privilégie une logique RSE vertueuse en phase avec nos convictions. »
Engagé depuis 2018 dans le projet “Ambition 2025”, Protecthoms n’a d’ailleurs jamais caché son souhait de « devenir “la” référence sur le marché des EPI » en France où le nombre d’agences spécialisées a triplé en dix ans.
À l’époque, Laurent Lairy visait les 100 M€ de chiffre d’affaires d’ici à 2025 – soit… deux fois plus qu’en 2020. Jugé « fondamental » par Philippe Nantermoz, ce rachat permet à l’ETI normande « renforcer son expertise » dans un univers extrêmement normé et d’étoffer sensiblement son offre considérée jusqu’à présent « encore trop peu exploitée auprès de nos clients » – que ce soit par Legallais ou le site marchand Bricozor qui avait pris un virage BtoB début 2019.
Actuellement, Protecthoms affiche environ 23 000 références en catalogue sur six univers métiers et douze services associés premium : formations aux EPI, audits, sérigraphie et broderie, etc.
Promoteur labellisé du “made in France”
Sur le plan de la mutualisation des achats et des fournisseurs notamment, « l’analyse précise devrait être finalisée d’ici à l’automne », selon Philippe Nantermoz. Mais il y aura probablement des synergies possibles entre Protecthoms, Legallais et Bricozor, voire DFC².
Autres cartes maîtresses de la PME rachetée : son atelier de contrôle des EPI de classe 3 installé en Mayenne et, depuis trois ans, un tunnel de décontamination des EPI de la sous-section 4 (risque amiante). Dans cet écosystème, le repreneur intègre aussi L’Ascenseur Confection que Protecthoms avait racheté fin 2018.
Créé dans le Nord il y a plus de cent ans, cet atelier de confection de vêtements de travail a été labellisé en début d’année Origine France Garantie (OFG) et a obtenu l’AOC régionale Nord Terre Textile. À la rentrée, il lancera une nouvelle collection baptisée “1920” qui sera entièrement façonnée en France.
« Cette entité est au cœur du projet RSSEE (responsabilité sociale, sociétale, environnementale et économique) de Protecthoms et donc désormais de Grand Comptoir. Ce sera une pièce maîtresse de notre futur dispositif avec son label OFG », note Philippe Nantermoz.
En attendant, c’est une PME familiale « en pleine santé et rentable » que Grand Comptoir a intégrée. Selon Laurent Lairy dont l’entreprise n’a « jamais autant investi dans sa démarche de RSSEE, nos résultats sont en hausse d’environ 20 % depuis trois ans et le volume d’affaires progresse de 12 % tous les ans ».
Tous deux membres du Global Compact France, les deux sociétés revendiquent aujourd’hui constituer « une force de frappe importante sur le marché des EPI ». Et affichent « une volonté commune : continuer à grandir de façon raisonnée et “avec la manière” ».
Fer de lance logistique
Selon Philippe Nantermoz, « grâce à notre modèle omnicanal, l’activité a bien résisté en 2020. Malgré une perte de 20 M€ sur mars-avril, le CA est passé de 284 M€ en 2019 à 290 M€ l’an dernier. Si le premier semestre 2021 est plus que satisfaisant, il y a un vrai risque de surchauffe dans la filière lié à la flambée des prix et une éventuelle aggravation des pénuries. Pour préserver nos taux de disponibilité et de service auprès de tous nos clients, les ajustements de stock sont permanents, avec plus d’anticipation autant que possible. Environ 25 M€ sont budgétés pour ouvrir un 2e hub logistique, accroître le plan de stock et optimiser nos process d’automatisation ».
Groupe Grand Comptoir • Chiffres-clés
Après intégration du groupe Protecthoms (GP) le 3 juin 2021, le nouveau périmètre du groupe Grand Comptoir (GGC) représente :
• 366 M€ de CA 2020 (GP : 46 M€ ; GGC : 320 M€) et « plus de 400 M€ en 2021 ».
• 43 points de vente : 25 Legallais, 5 DFC², 1 comptoir Pièces Express, 14 points-services Protecthoms (dont 1 en Belgique) et 1 agence W+M (à Berlin).
• 1 500 collaborateurs (GP : 200 salariés ; GGC : 1 250 salariés).
• Logistique : 15 000 m² pour GP ; 31 000 m² pour GGC.