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Plattard : ses deux nouveaux capitaines embarquent le groupe sur les flots de la RSE

Stéphane Vigliandi
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Groupe Plattard

Nouvelle gouvernance, vaisseau-amiral flambant neuf au cœur du Beaujolais et une feuille de route RSE ambitieuse : pilotée depuis janvier 2022 par la sixième génération, l’ETI familiale poursuit ses chantiers en cours et en formalise d’autres pour réduire son empreinte carbone.

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À tout juste 137 ans, la société rhodanienne dont l’activité se partage entre l’industrie du béton et le négoce multispécialiste vient de hisser les voiles d’un navire-amiral ultra-moderne. « Avec ce nouveau siège social que nous avons déplacé “monstrueusement” de 300 mètres, sourit son ex-patron Jacques Plattard (64 ans), le groupe est maintenant prêt à écrire de nouvelles pages d’une histoire entamée en 1885 à Villefranche-sur-Saône », dans le Rhône. Depuis le 1er janvier 2022, ce Caladien pure souche entré dans l’entreprise familiale il y a quarante ans et qui la dirigeait depuis vingt-sept ans, a passé le flambeau à ses deux fils. Sixième génération à la tête du groupe éponyme, Charles Plattard (35 ans) a pris la présidence du directoire, tandis que son frère Édouard (34 ans) officie à la direction générale.

Fluidité et réactivité

Jeudi soir, 10 février, ils n’étaient pas plus d’une centaine de convives – « pour raison sanitaire » – à assister à l’inauguration du nouveau siège social : un bâtiment de 1 600 m² livré en août dernier. « C’est deux fois plus que l’ancien siège. L’entreprise qui a atteint un record historique l’an dernier [avec un chiffre d'affaires en hausse d'environ +15 % et un résultat net de l’ordre de 10 M€ : Nldr], avait besoin de réorganiser son siège, regrouper l’ensemble des directions Négoce et Industrie, ainsi que les fonctions transverses pour bénéficier de plus de fluidité et de réactivité dans un contexte de marché dont les lignes ont bougé avec la crise sanitaire. L’inauguration a été l’occasion d’officialiser la transmission et le changement de gouvernance, mais aussi de présenter nos projets de transformation en lien avec les transitions que connaît la filière du BTP », confie Jacques Plattard qui reste président du conseil de surveillance du groupe.

Le nouveau siège social a nécessité un investissement d’environ 4,5 M€.

Indicateurs de suivi RSE dès 2022

Réparti auparavant sur quatre sites jugés « trop exigus », le navire-amiral de l’entreprise accueille aujourd’hui, d’un seul tenant, une quarantaine de collaborateurs dans un bâtiment conçu avec un mix… béton-bois. Sorte de vitrine commerciale pour valoriser certaines solutions privilégiées par la RE 2020. À quelques jets de pierre – ou de calades ! – de son “flagship”, le fabricant-distributeur y a aussi levé rideaux sur son showroom Plattard Carrelages. Ce point de vente caladois rénové et agrandi surfe désormais, à son tour, sur la vague des nouvelles expériences clients (voir encadré ci-dessous). Et dispose maintenant de sa toiture photovoltaïque. Pour Édouard Plattard, le recours aux EnR est entre autres l’un des leviers sur lequel l’entreprise va appuyer « plus fortement dès 2022 ».

Autrement dit, la démarche RSE doit monter en puissance sur l’ensemble du périmètre Plattard pour ses activités de distribution, de fabricant, de recycleur et de transport. « En avril 2021, le groupe a nommé Jérôme Badie à la direction de la RSE : une fonction nouvellement mise en place. D’ores et déjà, il a commencé à développer des process et indicateurs de suivi notamment sur le plan environnemental et pour déterminer notre empreinte CO2, mais aussi formaliser les best practices tant côté Industrie que Négoce », détaille le dirigeant. Ancien ingénieur hydrogéologue et à la tête d’Ancycla (la filiale en charge de la valorisation des déchets du BTP), Jérôme Badie était déjà depuis plus de trois ans directeur QSE (qualité-sécurité-environnement) du groupe Plattard.
 

En 2021, le groupe a maintenu son niveau d’investissement malgré la crise sanitaire – ou à cause d’elle. Avec un budget de l’ordre de 20 M€.

Économie circulaire, R&D et REP Bâtiment

Pour l’heure, Édouard Plattard n’en dira pas plus sur les objectifs chiffrés en matière d'économie circulaire et de réduction de l’empreinte carbone de sa société. « Nous sommes dans une phase de structuration de notre politique RSE et des actions à mener. Mais le but est de réduire sensiblement nos consommations matières (granulats, eau…) au profit de matériaux 100 % recyclés ou, par exemple, de substituts au ciment, ainsi que nos consommations d’énergie fossiles en privilégiant l’autoconsommation solaire », rappelle-t-il. Sur ces dossiers et d’autres encore, l’ETI du Rhône nourrit et entretient « bien sûr beaucoup d’échanges avec le groupe Samse » – le confrère grenoblois qui détient 34 % de son capital.

Contrôle et suivi qualité, veille réglementaire… : au cœur du pôle Plattard Industrie, le laboratoire de R&D collabore au fil de l’eau avec le Cerib (Centre d’études et de recherches de l’industrie du béton) pour mener certains types d’essai et participer à des modules de recherche. Mais plus seulement ! « Avec la mise en place progressive de la REP Bâtiment, nous avons commencé à travailler avec certains industriels du secteur sur la problématique du traitement des déchets de chantier. Quoi qu’on en dise, le sujet reste complexe, nécessite de lourds investissements. Mais il s’agit de faire de la collecte et du tri des déchets une opportunité pour développer de nouvelles activités en interne », estime Édouard Plattard.

Installé sur trois hectares à Anses, près de Villefranche-sur-Saône, Ancycla (environ 2,5 M€ de CA en 2020) est mis à contribution dans le cadre de l’obligation de collecte du négoce. Pour optimiser le dispositif, le groupe pourrait mutualiser les flux logistiques entre le réseau d’agences Plattard et Ancycla qui va élargir ses flux de déchets entrants. À l’aller : l’approvisionnement des points de vente en marchandises. Au retour : le chargement des déchets issus des chantiers d’artisans et grands comptes. « Des tests sont en cours pour, le cas échéant, industrialiser les process », prévient le DG de Plattard.

Ancycla capte les gisements de déchets inertes de chantiers dans un rayon de 15 km. Environ 120 000 t/an sont traités. Pour récréer un milieu naturel propice à la biodiversité, 180 000 t/ an de terres excavées sont réemployées pour la remédiation du site.

Présidentielle, inflation et crédit-clients

Au niveau de sa logistique, Plattard a d’ailleurs fait un premier pas vers l’écomobilité en réformant quatre de ses camions au B100 : un biocarburant issu de colza cultivé dans l’Hexagone. « D’autres expérimentations sont aussi en cours pour utiliser des huiles ménagères recyclées. Le but est de sortir, à terme, du “tout diesel” », rappelle Édouard Plattard alors que les prix à la pompe n’ont toujours pas fini de grimper.

En attendant, si le groupe reste sur de bonnes tendances depuis début janvier (il serait question de ventes en hausse d’au moins +15 % vs janvier 2021), Jacques Plattard, tout comme ses fils, émettent des points de vigilance. « Nous restons plutôt sereins sur l’activité en travaux publics ; les élections présidentielles n’ayant que très peu d’incidences sur ces marchés. En revanche, il y a plus d’inquiétudes à avoir vis-à-vis de la situation de nos clients du Bâtiment dont certains ont consommé leur PGE. Outre des tensions persistantes sur les prix pour certaines familles de produits, le début de l’année a mis à jour un début de sinistralité clients », constate-t-il.

« Sur le court terme, nous avons des inquiétudes non seulement à propos des hausses de prix, mais aussi par rapport aux délivrances de permis de construire, aux surcoûts induits par la RE 2020 », fait écho Édouard Plattard. Mais après vingt-sept ans de présidence, son père qui a dû géré plus d’une crise dans le secteur du BTP, continuera sans doute à prodiguer ses conseils éclairés et avisés à son frère Charles et lui. Deux jeunes capitaines d’industrie qui, en cours d’année, pourraient, a priori, se lancer dans une nouvelle opération de croissance externe, cette fois-ci, côté production…

Plattard Carrelage : un premier showroom phygital

Une salle d’exposition plus spacieuse, un parcours clients plus aérée et maintenant digitalisé ! Rouvert début janvier, le magasin de Villefranche-sur-Saône (en photos ci-dessous) qui se concentre sur l’univers des revêtements de sol et mur, est désormais équipé à son tour du concept de showroom virtuel In-Cube. Un manière d’« apporter une approche différenciante, personnalisée et résolument moderne » aux clients à projet selon le distributeur. L’agence rénovée dispose aussi de 1 000 m² d’entrepôt de stockage.

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Le groupe Plattard en bref

• 238 M€ HT de CA en 2021 vs 202 M€ en 2020
• Deux-tiers de l’activité en négoce
: 32 agences dont 10 Plattard Carrelage, 5 Plattard TP, 3 Ollier Bois et 1 Plattard PPIC (plaques de plâtre, isolation, couverture)
• 6 usines (granulats, préfabrication béton) et 6 centrales à béton
• 1 site de recyclage de déchets de chantier
• 561 salariés (à fin 2020)
(Source : Groupe Plattard, Groupe Samse)
 

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Stéphane Vigliandi
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