Oscar, le nouvel ami des artisans pour se simplifier les CEE

« La rénovation est une solution durable pour les ménages », martèle Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement. « La politique que nous menons est une politique de système, de soutien à la transformation en agissant sur différents leviers, en simplifiant les aides pour davantage de cohérence, en imposant des obligations progressivement aux propriétaires, en améliorant la capacité des professionnels à répondre (RGE, mobilisation, compétences…). Le programme Oscar était demandé par la Capeb et la FFB pour assurer l’interface entre les artisans et les ménages, car le temps de travail est mieux utilisé sur un chantier qu’à faire de la paperasse ! ». Concrètement, ce programme, financé par les Certificats d’économies d’énergie (CEE) pour un montant de 15,7 M€ pour la période 2022-2024, sera porté par l’Association Technique Energie Environnement (ATEE).

Christian Deconninck, son président, précise : « Le club CEE de l’ATEE apportera son appui et son soutien aux artisans du bâtiment et à toute la filière. D’ailleurs, l’ATEE portera bientôt également aussi le programme FEEBat, de formation initiale et continue, car EDF ne pourra plus le faire ». L’objectif initial pour Oscar sera de préparer 100 formateurs initiaux qui, à leur tour, devront transmettre leurs enseignements à 6 000 « Référents aides à la rénovation » sur tout le territoire. Ces RAR, qui pourront être des adhérents des fédérations professionnelles (Capeb, FFB, FDMC, FNAS), Conseillers France Rénov' ou des membres de la filière de distribution, aideront ensuite 600 000 artisans. L’ATEE a souligné le rôle essentiel que jouera le négoce dans ce programme, puisque les artisans passent quasi quotidiennement dans les plateformes pour s’approvisionner en matériaux et équipements, et que les négociants constituent de ce fait un point de contact journalier.
 

Suivant cette stratégie « en deux bandes », comme au billard, où une boule en fait bouger plusieurs par une réaction en chaîne, l’Etat espère générer 60 TWh d’économies d’énergie supplémentaires grâce à la meilleure utilisation du dispositif des CEE, il est vrai assez complexe. Former par un MOOC, créer un réseau, l’animer puis outiller les artisans au moyen de mallettes pédagogiques et d’outils de communication et enfin faire remonter un feedback, telle sera la mécanique d’Oscar. La simplification des démarches passera notamment par une dématérialisation et la mise en place d’un site Internet de ressources conçu pour les entreprises du bâtiment.

Emmanuelle Wargon, qui souhaite que « chaque besoin de rénovation trouve une réponse de proximité et de qualité », a également signé la convention d’un autre programme de soutien, déjà connu celui-là : Profeel. Une 2^e période (Profeel 2) sera donc financée jusqu’en 2025, avec une enveloppe de plus de 37 M€. Nadia Bouyer, la présidente de ce programme, retrace les actions menées jusque-là : « C’est une démarche collective avec 16 organisations impliquées depuis 2019, pour innover. Le travail collectif a très bien marché sous l’égide de l’AQC et du CSTB. Neuf défis ont été remplis, concernant toutes les étapes des chantiers, de leur préparation jusqu’à leur réception. Pour Profeel 2, huit nouveaux projets ont été choisis, dont quatre seront pilotés par l’AQC et les quatre autres par le CSTB ». Là encore, il y aura un mix entre poursuite de projets déjà existants, comme Go-Rénove (service qui sera désormais élargi au tertiaire et aux bâtiments publics), Sereine (outil de mesure de la performance de la maison individuelle qui sera adapté cette fois au collectif) ou Ombree (projet spécifique à l’outre-mer), et nouvelles initiatives. On pourra noter l’apparition de Restore Eval (pour la rénovation globale standardisée des maisons), Quartet (pour l’évaluation de la performance en termes de QAI-confort-santé), Rénoptim (d’assistance à la maîtrise d’ouvrage sur le confort d’été), Interface (un carnet de 100 solutions pour la gestion des interfaces) ou enfin de Réno’Box (boîte à outils pour l’ensemble des pratiques sous forme de fiches).

Rappelons que les CEE sont un dispositif essentiel dans le plan de rénovation des bâtiments français, avec le financement de 2 millions d’opérations par an pour un montant compris entre 4 et 5 Mrds €. La Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) – saluée par la ministre pour son efficacité – précise que de nombreuses actions de simplification sont menées, notamment sur une souplesse autour des délais de demande des certificats (pendant la période de rétractation des devis de travaux) et sur l’acceptation d’un certain degré de sous-traitance bien encadré. Elle poursuivra son travail à l’harmonisation des procédures, notamment via la signature électronique, à l’amélioration de la communication via des tutoriels institutionnels, et surtout en ouvrant l’accès aux données brutes des CEE afin de faciliter l’exploitation du big data, à l’image de ce que fait la startup Nam’R (données contextuelles géolocalisées).